Contribution à l'étude des relations entre sports et violences
Contribution à l'étude des relations entre sports et violences
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Chapitre 2 : Sports <strong>et</strong> <strong>violences</strong>. <strong>Contribution</strong> <strong>à</strong> un obj<strong>et</strong><br />
de recherche <strong>à</strong> partir de la question du hooliganisme<br />
choisi consente <strong>à</strong> rouler » (Sansot, 1991, 141), <strong>des</strong> vêtements ou deux pierres remplaçant, s’il<br />
le faut les « cages ». Le football se différencie ainsi profondément <strong>des</strong> autres <strong>sports</strong>. Le<br />
bask<strong>et</strong>-ball demande un terrain favorable aux rebonds <strong>et</strong> <strong>des</strong> paniers. Le tennis un instrument<br />
particulier, une balle parfaite, un fil<strong>et</strong> <strong>et</strong> une surface stable. Le rugby un terrain qui perm<strong>et</strong> les<br />
placages sans blessures. Le volley-ball une surface délimitée <strong>et</strong> équipée d’un fil<strong>et</strong>, <strong>et</strong>c. Les<br />
<strong>sports</strong> pourraient être classés en fonction <strong>des</strong> adaptations matérielles qu’ils nécessitent. Ce<br />
n’est donc pas un hasard d’observer la pratique du football <strong>et</strong> de la course <strong>à</strong> pied dans les<br />
pays, notamment africains, les plus pauvres. Ce sont en eff<strong>et</strong> <strong>des</strong> activités qui, au plan<br />
ludique, ne demandent pas d’infrastructures <strong>et</strong> peu de moyens. C’est aussi un sport simple.<br />
Ses règles sont compréhensibles <strong>et</strong> intelligibles de tous <strong>et</strong> par tous. Elles sont discutables <strong>et</strong><br />
discutées par le plus grand nombre (Bromberger, 1995). Certaines encouragent même la<br />
controverse car elles prêtent <strong>à</strong> interprétation : le tacle est-il réglementaire ou non ? Le joueur<br />
était-il réellement hors jeu ou non ? La faute était-elle intentionnelle ou non ? A t-elle eu lieu<br />
<strong>à</strong> la limite ou dans la surface de réparation ? Les discussions les lendemains de matchs au<br />
travail, ou <strong>entre</strong> amis, le prouvent : chacun a une opinion, discute <strong>et</strong> revit les actions de jeu.<br />
Ainsi en fonction de sa sensibilité personnelle, de son attachement <strong>à</strong> une équipe plutôt qu’<strong>à</strong><br />
une autre, de son « amour » pour un joueur plutôt qu’un autre, l’interprétation du jeu, de<br />
l’arbitrage ou du résultat sera différente. On peut alors aisément imaginer que ces divergences<br />
provoquent la discussion <strong>et</strong>, pourquoi pas, de réelles dissensions pouvant aller, parfois,<br />
jusqu’<strong>à</strong> la violence lorsque certains se sentant injustement, ou perpétuellement, lésés<br />
essaieront, <strong>à</strong> travers <strong>des</strong> comportements agonistiques, de venger l’affront ou de r<strong>et</strong>rouver un<br />
équilibre sportif <strong>et</strong> moral.<br />
Son intérêt tient probablement, de surcroît, dans l’incertitude, évoquée précédemment, qu’il<br />
<strong>entre</strong>tient quant <strong>à</strong> l’issue de la rencontre. Le score évolue plus lentement, <strong>et</strong> difficilement, que<br />
dans les autres <strong>sports</strong> collectifs. A n’importe quel moment également un match peut basculer.<br />
C<strong>et</strong>te incertitude tient le spectateur en haleine. Tout peut arriver. Et, alors que parfois une<br />
équipe domine, c’est l’adversaire qui marque <strong>et</strong> remporte la rencontre. C<strong>et</strong>te incertitude<br />
trouve un exemple concr<strong>et</strong> dans l’incapacité de la Française <strong>des</strong> Jeux <strong>à</strong> développer un « Loto<br />
foot » tant le nombre réduit de gagnants décourage les parieurs potentiels. L’incertitude du<br />
résultat est l’essence même du jeu. C’est peut-être la base de l’intérêt pour ce sport. Ne dit-on<br />
pas lorsqu’une équipe marque un but dès le début de la rencontre, ou mène très rapidement de<br />
deux buts, « ils ont tué le match » signifiant ainsi que la rencontre perd tout son intérêt ?<br />
Le football est aussi, davantage que les autres <strong>sports</strong>, un puissant outil d’intégration sociale.<br />
L’équipe de France en est un exemple flagrant. Il offre aux enfants d’immigrés une place, un<br />
rang <strong>et</strong> <strong>des</strong> revenus sans comparaison possible avec ce qu’ils auraient pu obtenir dans la<br />
société civile. Il est depuis toujours le symbole de l’intégration réussie <strong>des</strong> « étrangers ». Les<br />
équipes ont, de tous temps, comportés <strong>des</strong> étrangers, ou <strong>des</strong> fils d’immigrés, venus travailler,<br />
comme dans le cas <strong>des</strong> Yougoslaves ou <strong>des</strong> Polonais, dans les mines du nord de la France.<br />
L’équipe de France ressemble aujourd’hui encore <strong>à</strong> c<strong>et</strong>te France bigarrée <strong>et</strong> montre combien<br />
ce sport est intégrateur. Quoi de plus naturel alors qu’il puisse rassembler <strong>des</strong> publics euxmêmes<br />
nombreux <strong>et</strong> bigarrés ? C’est enfin un spectacle abordable financièrement. Il perm<strong>et</strong><br />
de partager, <strong>à</strong> faible coût, un moment de ferveur <strong>et</strong> d’émotion <strong>entre</strong> amis. En France, le prix<br />
d’une place dans les virages n’excède pas 8 euros.<br />
N’est-il pas normal dès lors que le football suscite un enthousiasme, un engouement <strong>et</strong> <strong>des</strong><br />
comportements passionnels d’une telle ampleur ? Il est devenu en peu d’années un spectacle<br />
visible <strong>et</strong> intelligible par tous, occupation <strong>des</strong> temps libres <strong>et</strong> modèle pour les pratiquants de<br />
tous niveaux qui tentent de copier illusoirement, bien souvent, l’aisance <strong>des</strong> experts. Que ce<br />
soit en nombre de pratiquants ou de spectateurs le football dépasse très largement les autres<br />
grands <strong>sports</strong> collectifs :<br />
<strong>Contribution</strong> <strong>à</strong> l’étude <strong>des</strong> <strong>relations</strong> <strong>entre</strong> <strong>sports</strong> <strong>et</strong> <strong>violences</strong>. De leurs manifestations <strong>à</strong><br />
leurs préventions. Page 56