Contribution à l'étude des relations entre sports et violences
Contribution à l'étude des relations entre sports et violences
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Chapitre 2 : Sports <strong>et</strong> <strong>violences</strong>. <strong>Contribution</strong> <strong>à</strong> un obj<strong>et</strong><br />
de recherche <strong>à</strong> partir de la question du hooliganisme<br />
De la méthode <strong>à</strong> la compréhension<br />
Si l’obj<strong>et</strong> de ce chapitre est bien de faire émerger les apports principaux de notre recherche <strong>à</strong><br />
l’obj<strong>et</strong> du débat, il ne sera cependant pas la simple reprise de résultats publiés par ailleurs,<br />
laissant supposer par la linéarité de l’écriture, que c<strong>et</strong>te production fut aisée, sans heurts, ni<br />
disconvenues. Bien au contraire, nous essayerons de montrer, conjointement ou<br />
successivement, au moment opportun, la manière dont elle s’est construite, mais aussi<br />
déconstruite, provoquant de fait l’émergence de problèmes, de questionnements nouveaux ou<br />
exigeant <strong>des</strong> réorientations que nous n’avions pas de prime abord imaginés.<br />
Ce chapitre n’est pas non plus la reprise <strong>des</strong> données recueillies pour notre thèse. Les analyses<br />
<strong>et</strong> les commentaires reposent sur un matériau qui a considérablement grossi tout au long <strong>des</strong> 6<br />
années écoulées passant, par exemple, de 2 402 questionnaires en 1998 <strong>à</strong> 14 867 aujourd’hui.<br />
La trame de ce travail sera constituée <strong>des</strong> réponses <strong>à</strong> trois questions essentielles pour la<br />
compréhension du hooliganisme : Pourquoi le football semble-t-il davantage que les autres<br />
<strong>sports</strong> concernés par les phénomènes hooligans ? Comment le hooliganisme français se<br />
distingue-t-il <strong>des</strong> autres pays d’Europe ? D’où viennent les dérives passionnelles ? La réponse<br />
<strong>à</strong> la première question dresse le cadre distinctif qui perm<strong>et</strong> au football d’être le réceptacle<br />
privilégié du hooliganisme. Les réponses <strong>à</strong> la deuxième question insistent sur les<br />
convergences <strong>et</strong> les divergences avec les étu<strong>des</strong> précédentes, tandis que les réponses fournies<br />
<strong>à</strong> la troisième font émerger le sens que les hooligans donnent <strong>à</strong> leurs actions.<br />
Quelques aspects socio-historiques pour différencier les <strong>sports</strong> <strong>et</strong><br />
comprendre l’attrait du football<br />
L’observation est simple <strong>et</strong> évidente. S’il existe bien quelques manifestations sporadiques de<br />
<strong>violences</strong> <strong>des</strong> foules sportives accompagnant les matches de crick<strong>et</strong> en Inde ou de bask<strong>et</strong>-ball<br />
en Grèce ou en Turquie, le hooliganisme semble néanmoins circonscrit au seul football.<br />
Comment expliquer cela ? En acceptant l’idée que le hooliganisme puisse avoir pour origine,<br />
parmi d’autres, l’immersion de l’homme dans une foule anonyme <strong>et</strong> propice <strong>à</strong> bien exactions<br />
(Le Bon, 1895), comment expliquer que le football puisse attirer <strong>et</strong> intéresser sur l’instant (le<br />
match) <strong>et</strong> sur la durée (depuis sa création) autant d’individus issus, aujourd’hui, de toutes les<br />
couches de la société ? Lorsque Thomas Arnold (directeur du collège de Rugby <strong>entre</strong> 1828 <strong>et</strong><br />
1840) introduit les <strong>sports</strong> athlétiques dans les public schools anglaises, afin de parfaire<br />
l’éducation <strong>et</strong> la formation <strong>des</strong> futures élites anglo-saxonnes, perm<strong>et</strong>tant ainsi l’émergence du<br />
football en réglementant les jeux de balle, nul ne pouvait imaginer alors que c<strong>et</strong>te activité,<br />
dont l’objectif était purement éducatif <strong>à</strong> son origine, deviendrait en moins de deux siècles le<br />
seul sport réellement universel (Wahl, 1989 ; 1990). Sa diffusion est en eff<strong>et</strong> planétaire, son<br />
développement sans précédent. Aucun continent, aucun pays ne méconnaît le football : avec<br />
plus de cent millions de licenciés dans le monde, ses innombrables spectateurs ou supporters<br />
<strong>et</strong> les r<strong>et</strong>ransmissions télévisés dont il bénéficie, le nombre de joueurs professionnels <strong>et</strong> les<br />
salaires qu’il génère, tout en fait le distingue <strong>des</strong> autres <strong>sports</strong>, au point d’être « la bagatelle la<br />
plus sérieuse du monde » (Bromberger, 1998) <strong>et</strong> le sport de référence.<br />
Un grand nombre d’arguments expliquent c<strong>et</strong>te fascination. Il s’agit tout d’abord, d’un jeu,<br />
avant d’être un sport, que chacun a pratiqué au moins une fois dans sa vie : p<strong>et</strong>it ou grand,<br />
riche ou pauvre, blanc ou noir. Il ne demande aucun équipement particulier. Pour s’amuser il<br />
est possible d’y jouer sur n’importe quelle surface avec n’importe quel obj<strong>et</strong> : dans une cour<br />
de recréation ou dans la rue, avec une balle ou une boîte de conserve, « il suffit que l’obj<strong>et</strong><br />
<strong>Contribution</strong> <strong>à</strong> l’étude <strong>des</strong> <strong>relations</strong> <strong>entre</strong> <strong>sports</strong> <strong>et</strong> <strong>violences</strong>. De leurs manifestations <strong>à</strong><br />
leurs préventions. Page 55