Contribution à l'étude des relations entre sports et violences

Chapitre 2 : Sports et violences. Contribution à un objet
de recherche à partir de la question du hooliganisme
a montré que nous ne pourrions pas distinguer la violence « chronique » de la violence
« occasionnelle ». Il a donc fallu ajouter une question de type échelle : 25. Si vous avez déjà
participé à des affrontements diriez-vous que c’est : A chaque match ; Très fréquemment
(2/3) ; Fréquemment (1/2) ; Rarement (moins de 1/5) ; Très rarement (1 ou 2 fois seulement).
La seconde modification, arrivée très tardivement, est en fait un complément ajouté après le
travail de recherche réalisé pour la thèse. A vouloir identifier les publics et la violence, nous
en avions oublié, l’hypothèse de Dunning concernant la contre-mobilité sociale
intergénérationnelle. Cette hypothèse était très difficile à vérifier. Il fallait identifier la
profession des parents (2 questions supplémentaires) mais aussi pour répondre à notre critique
identifier les métiers exercés auparavant par les individus que nous interrogions (1 question de
plus) 46 . Ces trois questions furent ajoutées lors de la seconde modification du questionnaire et
ne concernent pas les 2 402 premières réponses.
Cette enquête par questionnaire 47 a été réalisée sous la forme d’un « échantillonnage par
unités types » (Chauchat, 1985). Cet échantillon est consciemment biaisé. Nous n’avions ni la
nécessité, ni la possibilité d’un échantillonnage probabiliste par quotas. L’objectif était la
typicalité des différentes catégories de publics (selon les sports ; spectateurs et supporters,
violents ou non, etc.). La répartition géographique de l’échantillon est variée (Bordeaux,
Paris, Marseille, Toulouse, Nantes, Lens, …) et répond à la logique d’investir les clubs
sportifs tout à la fois les plus renommés et qui possèdent le plus grand nombre de (groupes de)
supporters. Réaliser une enquête par échantillonnage dans un stade ne ressemble à aucune
autre enquête. Pour filtrer les entrées il faut rassembler entre 12 et 20 enquêteurs, selon le
nombre d’accès aux tribunes des différents stades. Il est indispensable également d’obtenir
l’accord des dirigeants sportifs, mais aussi des forces de l’ordre, pour procéder à ces enquêtes
afin de ne pas gêner l’accès aux tribunes et, ne pas perturber les procédures de filtrages et de
contrôles. Il faut encore choisir les matchs. Comme le suggère De Singly (1992, 46) « les
publics sont des groupes mobiles aux frontières floues ». Ils fluctuent en effet en fonction du
climat, de l’adversaire mais aussi du classement actuel de l’équipe, autant de paramètres qui
obligent à rejeter, par exemple, les matches trop importants type Olympique de Marseille-
Paris Saint Germain en Football. Les stades sont enfin répartis aux quatre coins de l’hexagone
cela nécessite de longs et fréquents déplacements. Les rencontres se jouent essentiellement sur
les week-ends et il n’est généralement pas possible de réaliser deux terrains le même weekend.
Ces difficultés ont cependant été très formatrices. Elles nous ont directement impliqué dans ce
que pouvait être l’organisation d’un programme de recherche, c’est à dire, la définition
d’objectifs précis, avec une méthodologie adéquate, mais également la quête et la
rationalisation des moyens, sans lesquels ce type de recherche n’est pas possible. Elles nous
servent aujourd’hui d’illustration dans les séminaires avec nos étudiants pour les aider à
concevoir l’organisation et la planification de leur travail.
Deux réponses ont été apportées. La première a été la collaboration avec des étudiants de
maîtrise en Sciences de l’Éducation et en Staps qui ont participé à ces investigations. La
seconde a été la quête de moyens, facilitée par notre investissement, réseau et connaissances
dans le monde sportif : mois saisonniers de Jeunesse et Sports attribués à des étudiants,
subvention du Conseil Général de Gironde avec pour contrepartie la réalisation d’un rapport,
subvention du Conseil Régional d’Aquitaine, négociations de kilomètres gratuits à la SNCF,
et bien d’autres encore.
46 Sans pour autant savoir si les parents avaient connu également une mobilité sociale ascendante ou non
47 14 867 personnes ont été interrogées par questionnaire à ce jour dans les stades de basket-ball, football, rugby
et volley-ball pour un total en première division de 14 clubs de football, 6 en basket-ball, 3 en rugby et 3 en
volley-ball.
Contribution à l’étude des relations entre sports et violences. De leurs manifestations à
leurs préventions. Page 49