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Contribution à l'étude des relations entre sports et violences

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Chapitre 2 : Sports <strong>et</strong> <strong>violences</strong>. <strong>Contribution</strong> <strong>à</strong> un obj<strong>et</strong><br />

de recherche <strong>à</strong> partir de la question du hooliganisme<br />

référence <strong>à</strong> la population mère, que ce soit celle du stade dans son entier, <strong>des</strong> supporters, de la<br />

ville ou de la région. Il s’agit d’un vice de forme évident dans une approche factorielle visant<br />

<strong>à</strong> démontrer la précellence de l’appartenance sociale dans la participation aux actes hooligans.<br />

Pour que celle-ci soit effective, il faut en eff<strong>et</strong> qu’il y ait sur-représentation <strong>des</strong> classes<br />

défavorisées, chez les hooligans, par rapport <strong>à</strong> la quotité attendue en fonction de la population<br />

mère. Ces mêmes étu<strong>des</strong> ne commentent d’ailleurs que les populations proportionnellement<br />

les plus importantes parmi les hooligans arrêtés délaissant les catégories « moins<br />

représentées » (étudiants, cadres supérieurs, femmes, <strong>et</strong>c.) mais qui ne sont pas pour autant<br />

moins représentatives du fait hooligan. Car ce qui est commun <strong>à</strong> ces catégories n’est pas<br />

l’appartenance sociale mais bien la violence. Il y a donc absence totale de traitement <strong>et</strong> de<br />

discussion de la singularité alors que l’enquête de Trivizas fait apparaître que sur 520<br />

supporters condamnés pour hooliganisme, 68,1 % étaient <strong>des</strong> ouvriers, 12 % <strong>des</strong> chômeurs,<br />

10 % <strong>des</strong> élèves <strong>et</strong> <strong>des</strong> étudiants <strong>et</strong> 6,1 % <strong>des</strong> « cols blancs ». Ces catégories ne sont peut-être<br />

tout simplement que le refl<strong>et</strong> social d’un sport ancré, davantage encore que dans d’autres<br />

pays, dans une « tradition ouvriériste » (Holt, 1994 ; Lindner, Breuer, 1994).<br />

Des catégorisations <strong>à</strong> nuancer<br />

Les catégorisations sociales mises en évidence sont-elles seulement valables ? Elles auraient<br />

demandé <strong>à</strong> être nuancées compte tenu du contexte social <strong>et</strong> économique <strong>des</strong> étu<strong>des</strong>. Dans une<br />

société économiquement en crise la sériation de certains profils demande quelques<br />

précautions :<br />

- les plus jeunes sont parmi les plus touchés par les crises économiques. Ils ne trouvent pas<br />

de travail faute d’expérience. Ceci est vrai depuis les années 1970 en Grande-Br<strong>et</strong>agne<br />

comme en France 38 . Est-il alors anormal de trouver un nombre important de jeunes sans<br />

emploi dans une société en perdition ? Est-il anormal d’en trouver dans le stade puisque le<br />

public est composé majoritairement de jeunes ?<br />

- les chômeurs ne représentent pas une catégorie sociale homogène. On peut être chômeur<br />

après avoir été ouvrier ou membre <strong>des</strong> cadres <strong>et</strong> professions intellectuelles supérieures<br />

pour reprendre la terminologie française. On peut être au chômage depuis peu ou très<br />

longtemps. Dans les deux cas, le statut de l’individu, ses revenus, l’image qu’il a de lui<br />

diffèrent. De plus, pour juger de l’exclusion ou de la précarité sociale <strong>des</strong> publics jeunes,<br />

il est nécessaire de s’intéresser <strong>à</strong> la profession <strong>des</strong> parents.<br />

- la catégorie élèves-étudiants présente la même hétérogénéité en terme de niveau d’étu<strong>des</strong><br />

<strong>et</strong> d’origine sociale.<br />

Seule catégorie <strong>à</strong> avoir été discutée : celle <strong>des</strong> classes supérieures, Dunning <strong>et</strong> al. (op. cit.)<br />

ayant émis l’hypothèse que les cadres supérieurs recourant au hooliganisme seraient ceux qui<br />

ont connu une mobilité sociale intergénérationnelle ascendante importante. Ils auraient donc<br />

acquis un statut professionnel distinct de celui de leurs parents mais gardé les habitus de leur<br />

classe sociale d’origine en matière de <strong>violences</strong>. C<strong>et</strong>te problématique restée sans réponse est<br />

intéressante. Mais conforte l’idée de classes sociales défavorisées <strong>et</strong> nécessairement violentes.<br />

A l’inverse pourquoi ne pas se demander <strong>et</strong> comment juger ceux qui ont connu une contre<br />

mobilité sociale intergénérationnelle ou une contre mobilité sociale, phénomènes qui ne sont<br />

pas rares en temps de crise ?<br />

38 Voir <strong>à</strong> ce suj<strong>et</strong> les données économiques <strong>et</strong> sociales publiées chaque année par l’INSEE.<br />

<strong>Contribution</strong> <strong>à</strong> l’étude <strong>des</strong> <strong>relations</strong> <strong>entre</strong> <strong>sports</strong> <strong>et</strong> <strong>violences</strong>. De leurs manifestations <strong>à</strong><br />

leurs préventions. Page 43

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