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Contribution à l'étude des relations entre sports et violences

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Chapitre 2 : Sports <strong>et</strong> <strong>violences</strong>. <strong>Contribution</strong> <strong>à</strong> un obj<strong>et</strong><br />

de recherche <strong>à</strong> partir de la question du hooliganisme<br />

Les chiffres du hooliganisme<br />

En premier lieu, la quasi-totalité <strong>des</strong> recherches anglo-saxonnes, que nous avons étudiées,<br />

reposent sur l’utilisation <strong>des</strong> fichiers du NCIS (National Criminal Intelligence Service,<br />

équivalent <strong>des</strong> Renseignements Généraux français) <strong>à</strong> commencer par celles d’Elias <strong>et</strong><br />

Dunning. Ce ne sont donc pas <strong>des</strong> enquêtes de terrain. Certains chercheurs n’ont<br />

probablement jamais vu de prêt ou de loin un hooligan ce qui ne les a pas empêchés de<br />

philosopher sur l’obj<strong>et</strong>. Quoiqu’il en soit, les critiques <strong>à</strong> l’encontre <strong>des</strong> données officielles<br />

sont connues 36 . Afin de les discuter, nous prendrons <strong>des</strong> exemples français, plus parlants,<br />

Chalumeau <strong>et</strong> Porcher (1991, 146) ayant montré que l’élaboration <strong>des</strong> statistiques criminelles<br />

en Angl<strong>et</strong>erre <strong>et</strong> en France était semblable, présentant une « unité de compte de même nature<br />

<strong>et</strong> <strong>des</strong> procédures de traitement similaires ».<br />

Des faits sans rapport direct avec le hooliganisme y sont répertoriés. Ainsi, les supporters en<br />

état d’ivresse ou porteurs d’engins pyrotechniques sont fichés comme hooligans. C’est la<br />

même chose en Angl<strong>et</strong>erre pour les détenteurs de « joints » <strong>à</strong> proximité se rendant au stade.<br />

Elles sont incomplètes, les chiffres ne représentent en fait que les hooligans arrêtés mais estce<br />

les plus actifs ? Ce sont peut-être tout simplement les plus bêtes, ceux qui ne se sont pas<br />

sauvés avant que les policiers n’interviennent, ou ceux qui courent le moins vite.<br />

D’autres faits sont enregistrés ailleurs (par la SNCF en France pour la dégradation <strong>des</strong> trains<br />

ou assimilés <strong>à</strong> la délinquance urbaine dès lors que les <strong>violences</strong> commises par les supporters<br />

ont lieu en dehors du périmètre de sécurité). L’évacuation du Parc <strong>des</strong> princes les soirs de<br />

match en est un exemple flagrant. Pour ne pas qu’ils comm<strong>et</strong>tent <strong>des</strong> dégradations ou <strong>des</strong><br />

exactions <strong>à</strong> proximité du stade, l’un <strong>des</strong> lieux ou le m2 est le plus cher de Paris, la tribune<br />

Boulogne est « vidée » par les CRS qui poussent matraques en main <strong>et</strong> boucliers en avant, les<br />

supporters de la tribune Boulogne vers la bouche de métro la plus proche, Porte de St Cloud.<br />

Les supporters sont alors « enfournés » dans <strong>des</strong> vieux métros en bois qui a pour unique<br />

<strong>des</strong>tination <strong>et</strong> seul arrêt le Trocadéro. Les exactions qu’ils comm<strong>et</strong>tront après seront la plupart<br />

du temps assimilées <strong>à</strong> <strong>des</strong> actes de délinquance ordinaire <strong>et</strong> comptabilisée comme tels.<br />

Il existe également un traitement inégalitaire <strong>des</strong> contrevenants en fonction de leur origine<br />

sociale, « les lois s’appliquent tendanciellement plus <strong>à</strong> certaines personnes qu’<strong>à</strong> d’autres,<br />

comme le montrent clairement les étu<strong>des</strong> sur la délinquance juvénile, quand les garçons <strong>des</strong><br />

classes moyennes sont appréhendés, ils ne vont pas aussi loin dans le processus judiciaire que<br />

les garçons <strong>des</strong> quartiers misérables » (Becker, op.cit. 36). L’exemple le plus concr<strong>et</strong> est la<br />

suite donnée <strong>à</strong> une bagarre <strong>entre</strong> deux individus dans les tribunes du Stade Jacques Chaban<br />

Delmas <strong>à</strong> Bordeaux. Les deux hommes sont arrêtés. Il s’avère que l’un d’<strong>entre</strong> eux est le fils<br />

d’un ancien ministre 37 . Lorsque l’officier interpellateur, témoin <strong>des</strong> faits, s’aperçoit de cela, il<br />

convient avec le représentant du procureur de la République de ne pas appliquer la procédure<br />

de comparution immédiate. Les faits ne seront jamais comptabilisés. Ces données ne sont<br />

donc pas fiables ! Elles ne reflètent en aucun cas la réalité du hooliganisme.<br />

Le traitement statistique <strong>des</strong> données<br />

Ces mêmes recherches posent par ailleurs <strong>des</strong> problèmes évidents de traitement <strong>et</strong> de validité<br />

statistiques. Ainsi, si l’on observe les étu<strong>des</strong> d’Harrington (1968), Trivizas (1980), Elias <strong>et</strong><br />

Dunning (1986), Walgrave <strong>et</strong> Van Limbergen (1988), Dunning <strong>et</strong> al. (1989) aucune ne fait<br />

36 Becker, H. S. (op. cit.) ; Robert, Aubusson de Cavarlay, Potier, Tournier (1994) ; Roché (2003).<br />

37 Que nous ne nommerons pas. Tout simplement peut-on dire qu’il a été récemment impliqué dans une affaire<br />

pétrolière.<br />

<strong>Contribution</strong> <strong>à</strong> l’étude <strong>des</strong> <strong>relations</strong> <strong>entre</strong> <strong>sports</strong> <strong>et</strong> <strong>violences</strong>. De leurs manifestations <strong>à</strong><br />

leurs préventions. Page 42

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