Contribution à l'étude des relations entre sports et violences

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Chapitre 2 : Sports et violences. Contribution à un objet de recherche à partir de la question du hooliganisme désaffection, les Britanniques choisissent de spectaculariser le jeu en professionnalisant les joueurs, en améliorant le confort des tribunes, et en transformant les stades pour accueillir un public plus nombreux. Ainsi, ils construisent de nouvelles tribunes, les ends, équivalents des virages (curves) des stades ovoïdes, situés à l’extrémité des stades anglo-saxons qui sont pour la plupart de forme rectangulaire. La démocratisation du football, sa diffusion à toutes les couches de la population et ces nouveaux emplacements entraînent l’apparition de publics distincts, socialement plus hétérogènes, voire peut-être moins connaisseurs. Ces transformations bousculent l’espace social du stade, ainsi que l’atmosphère festive et conviviale qui y était auparavant de mise. Le développement du football et sa mise en spectacle transforment les valeurs d’une activité qui jusqu’alors était considérée comme un sport de classe, pratiqué mais aussi regardé essentiellement par les classes populaires 19 . Ce n’est cependant pas la seule transformation. Certains auteurs comme Bromberger (op. cit.), observent à la même époque, à partir de documents photographiques, une « juvénilisation du public » 20 . Les raisons en sont multiples. Sportives tout d’abord, car en favorisant la pratique du football à l’école, il semble normal que, à terme, ces jeunes pratiquants deviennent d’ardents amateurs ou des spectateurs passionnés de football. Sociales ensuite, car à cette époque correspond une profonde mutation de la société, à travers notamment l’autonomisation de la jeunesse qui va s’octroyer progressivement des loisirs distincts des adultes. Économiques encore, car en offrant des places bon marché dans les ends, les clubs favorisent le regroupement des jeunes dans ce que l’on appelait jusqu’alors les (places) « populaires », en raison de leur prix et par voie de conséquence des catégories sociales qui fréquentaient ces emplacements. Culturelles enfin, car la Grande-Bretagne des années 60 et suivantes va voir l’émergence de cultures ou de sous-cultures adolescentes : rough, teddy boys, skinheads, punks. Le football n’est dès lors plus une « consommation familiale », empreinte de retenue et sous contrôle parental. On ne se rend plus au stade comme au spectacle en famille y partager une passion commune et intergénérationnelle. Les ends deviennent le territoire de jeunes qui progressivement se regroupent en fonction du club qu’ils soutiennent, mais aussi et surtout en raison de leur quartier d’origine et de leurs sous-cultures d’appartenance. Ils vont ainsi en se regroupant former des communautés distinctes avec leur identité, leurs rites, emblèmes, symboles, solidarités, signes de reconnaissances et codes vestimentaires qui serviront de fondement à la construction des groupes de supporters. Il ne leur manque plus en effet pour être les groupes que nous connaissons aujourd’hui qu’à choisir des noms et à les associer au club qu’ils soutiennent. Ils vont également importer dans le stade des idéologies politiques et xénophobes (teddy-boys, skinheads) et les gangs de combat (skinheads, rough). L’esprit festif qui accompagnait jusqu’alors les rencontres sportives va ainsi laisser place à des rivalités sportives doublées d’antagonismes identitaires, culturels et sociaux. La création de cette nouvelle forme de soutien à l’équipe plus active, plus engagée et plus inconditionnelle va favoriser, à travers des sous-cultures distinctes, l’émergence du hooliganisme en créant une culture oppositive qui ne sera plus seulement sportive. Les envahissements de terrain et bagarres entre supporters se multiplient. Le hooliganisme conçu comme la dérive des sous-cultures adolescentes importées dans les stades est commun aux nombreuses recherches et analyses qui se succéderont (Elias et Dunning, 1986 ; Taylor 1971, 1973, 1982 pour les pays anglo-saxons ; Zimmerman, 1987 pour l’Allemagne ; Ehrenberg, 1991 pour les pays anglo-saxons ; Mignon, 1993, 1995 à travers une comparaison Grande- 19 Lire à ce sujet notamment les travaux de Bourdieu (1979, 1984) et de Pociello (1981, 1995). 20 Il faut néanmoins se défier de l’illusion iconographique d’une totale juvénilisation qui, pour incontestable qu’elle soit, doit néanmoins être nuancée par le fait que les progrès en matière de soins, d’alimentation, d’habillement, etc. donnent parfois l’impression que les générations précédentes étaient « plus vieilles » que celles observées. Leur apparence le laisse souvent supposer sans pour autant que la réalité soit tangible. Contribution à l’étude des relations entre sports et violences. De leurs manifestations à leurs préventions. Page 24
Chapitre 2 : Sports et violences. Contribution à un objet de recherche à partir de la question du hooliganisme Bretagne - France). Dès 1968 Lord Harrington met en évidence dans son rapport que les hooligans arrêtés sont d’authentiques supporters, érudits et jeunes : âgés de moins de 21 ans, ils possèdent une profonde connaissance du football, de leur club, des joueurs, de la technique, et arborent fréquemment les insignes distinctifs de leurs groupes respectifs. Cette étude aurait dû alors trancher un débat qui perdure toujours aujourd’hui, aussi bien en Grande- Bretagne qu’en France : le hooliganisme est bien le fait d’authentiques supporters et non d’éléments extérieurs au football qui viendraient commettre leurs méfaits dans le stade. Les raisons de cette persistance dans l’origine des hooligans sont multiples et simples. Il s’agit non seulement pour le football de garder une image de sport propre (Ehrenberg, op. cit.), mais également de s’affranchir de toute responsabilité morale en ce qui concerne le fait d’avoir suscité la venue d’un nouveau public et de l’avoir laissé sciemment ou non commettre des délits, et enfin de se dégager de toute responsabilité financière pour les infractions commises. La politique de séparation des supporters par l’installation de grillages dans les stades aura, contrairement à son objectif de prévention, un effet de levier sur les violences. Le morcellement des ends, la ségrégation des différents groupes va favoriser la territorialisation des tribunes, leur mise en spectacle et la concurrence intergroupes. Chaque groupe, dans un désir et une volonté de se distinguer, de s’opposer, d’afficher sa supériorité, d’être vu et reconnu, pour venger la défaite ou prolonger la victoire, va chercher à conquérir les ends adverses. Des processus « d’acculturation antagoniste » s’amorcent ainsi progressivement, dans lesquels la violence est un moyen parmi d’autres de construction identitaire. Si la mise en place d’un périmètre de sécurité autour des stades, associé à cette politique d’engrillagement réduira les violences à l’intérieur des enceintes sportives, elle ne réussira par pour autant à les faire disparaître : « la conséquence de la politique officielle qui consiste à séparer les supporters rivaux - politique qui fut introduite dans les années 60 afin d’empêcher le hooliganisme, mais qui semble avoir plutôt encouragé la solidarité des « camps » et repoussé le phénomène en dehors du terrain de jeu -, les pugilats généralisés sur les gradins devinrent relativement rares dans les années 70 et au début des années 80 » (Elias et Dunning, op. cit., 338). Le supportérisme actif et structuré qui émerge dans le football anglo-saxon dans les années 1960 (Broussard, 1990) se distingue cependant nettement du supportérisme ultra qui compose les virages italiens ou français. Alors que les ultras mettent en place des tifos (spectacles et chorégraphies bigarrées et colorées) à l’aide de bâches, papiers multicolores formant l’effigie du club ou rappelant celui de leur communauté d’appartenance, les supporters anglais n’arborent bien souvent que des écharpes ou des insignes, mais apportent un soutien permanent durant le match à l’aide de chants incessants et de slogans provocateurs. Les problèmes sociaux au fondement de l’aggravation des actes hooligans La troisième période dans l’évolution du hooliganisme correspond pour un grand nombre de chercheurs (Taylor, op. cit. ; Clarcke, 1978 ; Elias et Dunning, op. cit.) à l’effondrement socio-économique de la Grande Bretagne dans les années 1970 à 1980. Les gouvernements travaillistes successifs (H. Wilson, de 1964 à 1970, puis de 1974 à 1976, et J. Callaghan, de 1976 à 1980) n’arrivent pas à juguler l’inflation et le chômage. La Grande-Bretagne est au bord de la banqueroute. Au début des années 1970, 14 % de la population vit au-dessous du seuil de pauvreté, chiffre jamais atteint par la France qui a vu son taux de pauvreté se stabiliser aux alentours de 10 % dans les années 1990. L’inflation atteindra 25 % au milieu Contribution à l’étude des relations entre sports et violences. De leurs manifestations à leurs préventions. Page 25
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Table des tableaux et figures Table
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Bibliographie et régionales dans l
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Bibliographie Bromberger, C. (1998b
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Bibliographie Duby, G. (1984). Guil
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Bibliographie Habermas, J. (1968b).
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Bibliographie Lipiansky, E. M. (199
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Bibliographie Pociello, C. (1999).
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Bibliographie Vigarello, G. (2001).
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Table des matières De la méthode
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