Contribution à l'étude des relations entre sports et violences
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Chapitre 2 : Sports <strong>et</strong> <strong>violences</strong>. <strong>Contribution</strong> <strong>à</strong> un obj<strong>et</strong><br />
de recherche <strong>à</strong> partir de la question du hooliganisme<br />
forces de l’ordre, vidéosurveillance, procédures de comparution immédiate), <strong>à</strong> l’encontre <strong>des</strong><br />
forces de l’ordre, contre <strong>des</strong> passants sans relation directe avec le football, ou encore dans le<br />
but de détruire <strong>des</strong> voitures, <strong>des</strong> vitrines, de « caillasser » les bus <strong>des</strong> supporters adverses, <strong>et</strong>c.<br />
C<strong>et</strong>te anthologie <strong>des</strong> actes hooligans montre bien la diversité <strong>des</strong> <strong>violences</strong> observables, mais<br />
ne renseigne d’aucune manière sur la façon dont <strong>des</strong> individus, parfois ordinaires, en arrivent<br />
<strong>à</strong> comm<strong>et</strong>tre pareils méfaits. Ce n’est qu’un constat amenant <strong>à</strong> considérer les <strong>violences</strong> sous le<br />
seul angle du passage <strong>à</strong> l’acte ou de la transgression réprimée de normes établies, limitant<br />
ainsi son acception <strong>à</strong> la définition sociologique du crime (Durkheim, op. cit.). C’est en eff<strong>et</strong><br />
dans l’enchaînement successif de faits plus ou moins dérisoires (vols d’insignes ou<br />
d’emblèmes, insultes <strong>et</strong> provocations) qu’il faut aller chercher la genèse d’événements<br />
beaucoup plus dramatiques <strong>et</strong> inquiétants. Les <strong>violences</strong> décrites précédemment ne sont en<br />
fait qu’un « accomplissement pratique » (Garfinkel, 1967), aboutissement d’un long processus<br />
d’interactions sociales subtiles <strong>et</strong> complexes <strong>entre</strong> les différents acteurs du spectacle sportif<br />
(supporters, dirigeants, policiers, journalistes), de rivalités sportives, provocations, vend<strong>et</strong>tas,<br />
elles-mêmes refl<strong>et</strong>s de constructions identitaires <strong>et</strong> culturelles qui s’inscrivent dans la<br />
« p<strong>et</strong>ite » <strong>et</strong> la « grande » histoire du football <strong>et</strong> de ses clubs. Il n’est en eff<strong>et</strong> pas possible de<br />
considérer la violence <strong>des</strong> supporters sous la version la plus abrupte, celle d’un supporter<br />
anglo-saxon poignardé au début de l’année 1998 dans une ruelle.<br />
Trop souvent également sont amalgamés <strong>des</strong> faits qui n’ont rien <strong>à</strong> voir avec le hooliganisme :<br />
le drame du Heysel était-il du hooliganisme ou n’était-il pas, en partie du moins, un défaut<br />
dans la sécurité passive (procédures d’accueil, de surveillance, d’évacuation, de ségrégation<br />
<strong>des</strong> publics) du stade qui conduira <strong>à</strong> la mise en place d’une convention européenne en la<br />
matière ? Ainsi, les médias pour répondre <strong>à</strong> l’urgence, faire du sensationnel <strong>et</strong> garantir une<br />
couverture événementielle qui assure de l’audience, associent parfois au hooliganisme <strong>des</strong><br />
événements comme ceux de Sheffield en 1989 où 95 personnes trouvèrent la mort dans une<br />
gigantesque bousculade en voulant <strong>entre</strong>r sans bill<strong>et</strong> dans le stade de Hillsborough<br />
(Angl<strong>et</strong>erre) lors de la demi-finale de la Cup opposant Liverpool <strong>à</strong> Nottingham Forest. Ces<br />
incidents relèvent pourtant davantage de l’incompétence <strong>des</strong> services d’ordre ou du<br />
mercantilisme de certains dirigeants qui n’hésitent pas <strong>à</strong> vendre plus de places que n’en<br />
contiennent réellement les sta<strong>des</strong> comme ce fut le cas <strong>à</strong> Furiani (Bastia) le 5 mai 1992 .<br />
Les jeux anciens <strong>et</strong> le hooliganisme<br />
Si le hooliganisme concerne essentiellement, pour ne pas dire exclusivement, le football<br />
moderne, <strong>des</strong> affrontements existaient dans les pratiques corporelles anciennes comme il en<br />
existe également, aujourd’hui dans d’autres <strong>sports</strong>.<br />
Les comportements violents <strong>des</strong> foules sportives ne sont en eff<strong>et</strong> guère nouveaux. Il ne s’agit<br />
pas bien entendu, comme nous l’avons signalé en introduction, d’inscrire le sport moderne<br />
dans le continuum <strong>des</strong> jeux anciens, mais tout simplement d’observer qu’<strong>à</strong> d’autres époques,<br />
en d’autres lieux <strong>et</strong> pour d’autres épreuves, certains comportements collectifs présentaient un<br />
grand nombre de similitu<strong>des</strong> avec le hooliganisme contemporain. Ces manifestations<br />
nécessitaient même parfois la mise en place de mesures sociales particulières, d’une<br />
troublante modernité : maintien de l’ordre, interdiction de stade, surveillance <strong>des</strong> accessoires<br />
autorisés dans les tribunes. Sans recourir <strong>à</strong> une historiographie complète en la matière<br />
quelques exemples pris <strong>à</strong> différentes époques perm<strong>et</strong>tent de proposer une lecture privilégiant<br />
a priori les récurrences qui semblent structurer le rapport <strong>des</strong> foules au spectacle de la<br />
compétition <strong>et</strong> aux <strong>violences</strong> dont il est le creus<strong>et</strong>.<br />
<strong>Contribution</strong> <strong>à</strong> l’étude <strong>des</strong> <strong>relations</strong> <strong>entre</strong> <strong>sports</strong> <strong>et</strong> <strong>violences</strong>. De leurs manifestations <strong>à</strong><br />
leurs préventions. Page 18