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Contribution à l'étude des relations entre sports et violences

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Chapitre 2 : Sports <strong>et</strong> <strong>violences</strong>. <strong>Contribution</strong> <strong>à</strong> un obj<strong>et</strong><br />

de recherche <strong>à</strong> partir de la question du hooliganisme<br />

imposées par la société aux individus « ordinaires ». Alors même qu’aujourd’hui celui qui<br />

conduit en état d’ébriété peut se r<strong>et</strong>rouver emprisonné au même titre que les criminels les plus<br />

pervers, le sportif dopé « <strong>à</strong> l’insu de son plein gré » risque tout au plus, s’il est reconnu<br />

coupable quelques mois de suspension avant de revenir aux yeux de tous le héros qu’il était<br />

auparavant. La « justice » est <strong>à</strong> ce point différentielle qu’elle réintègre plus facilement les<br />

sportifs que les voleurs […] » (Dur<strong>et</strong>, Bodin, 2003, 178). Le sport jouit ainsi d’une sorte<br />

d’extraterritorialité juridique dans lequel prennent parfois corps <strong>et</strong> sens nombre d’exactions ou<br />

de comportements déviants (Bodin, 1999b ; Bodin, Trouilh<strong>et</strong>, 2001). A ce stade, sans pour<br />

autant partager la position hypercritique de son auteur, la définition du sport qui nous semble<br />

la plus appropriée est celle de Brohm pour qui « Le sport est un système institutionnalisé de<br />

pratiques compétitives <strong>à</strong> dominante physique, délimitées, codifiées, réglées<br />

conventionnellement dont l’objectif avoué est, sur la base d’une comparaison de<br />

performances, d’exploits, de démonstrations, de prestations physiques, de désigner le meilleur<br />

concurrent (le champion) ou d’enregistrer la meilleure performance (le record) » (Brohm,<br />

1992, p. 89). Il est ainsi devenu un « fait social total » <strong>et</strong>, <strong>à</strong> ce titre, m<strong>et</strong> « en branle dans<br />

certains cas la totalité de la société <strong>et</strong> de ses institutions […] » (Mauss, 1923, p. 274).<br />

Mais si on accepte l’idée, du moins pour le moment, que ce système complexe puisse avoir<br />

pour fonction de participer au contrôle de la violence au sein de la société <strong>et</strong> <strong>à</strong> l’apprentissage<br />

de l’autocontrôle <strong>des</strong> pulsions individuelles comment interpréter qu’il puisse être le théâtre du<br />

hooliganisme ?<br />

Le hooliganisme : une violence propre aux sociétés<br />

contemporaines ?<br />

Nous avons eu maintes fois l’occasion d’affirmer que dans l’imaginaire collectif le hooligan<br />

est un Anglais, jeune, mal inséré socialement, délinquant dans la vie ordinaire, imbibé<br />

d’alcool, qui prend prétexte du match de football pour venir comm<strong>et</strong>tre ses méfaits dans le<br />

stade. Les événements montrent que la réalité sociale du phénomène est beaucoup plus<br />

complexe que c<strong>et</strong>te équation simpliste le laissait supposer. En témoignent les événements<br />

survenus au Parc <strong>des</strong> Princes le 28 août 1993 lors du match Paris Saint-Germain (PSG) -Caen<br />

au cours duquel plusieurs policiers se sont fait lyncher dans la tribune Boulogne ; le gendarme<br />

Nivel agressé le 21 juin 1998 aux abords du stade Bollaert de Lens par quatre hooligans<br />

durant la coupe du monde : les manifestations racistes <strong>et</strong> xénophobes qui fleurissent un peu<br />

partout depuis quelques années dans les sta<strong>des</strong> de football européens, comme <strong>à</strong> Rome <strong>et</strong> <strong>à</strong><br />

Parme en Italie, <strong>à</strong> l’Atl<strong>et</strong>ico <strong>et</strong> au Real de Madrid en Espagne, au Paris Saint-Germain en<br />

France, <strong>à</strong> l’Étoile rouge de Belgrade dans l’ex-Yougoslavie, ou encore les affrontements dans<br />

les tribunes lors du match PSG-Galatasaray en Coupe d’Europe <strong>des</strong> clubs champions le 14<br />

mars 2001 qui firent 56 blessés. Le hooliganisme est multiforme <strong>et</strong> concerne l’Europe entière.<br />

Pour comprendre le hooliganisme il ne faut pas simplement constater <strong>des</strong> faits qui sont parfois<br />

d’une extrême violence physique, mais chercher <strong>à</strong> les resituer dans une dynamique historique<br />

<strong>et</strong> sociale pour tenter de les interpréter. Très souvent, pour ne pas dire trop souvent, le<br />

hooliganisme est en eff<strong>et</strong> caractérisé par son expression finale : la violence physique ou la<br />

dégradation de biens <strong>et</strong> matériels. C<strong>et</strong>te violence peut être exercée <strong>entre</strong> groupes de supporters<br />

dans le stade ou de manière relativement éloignée de celui-ci, compte tenu du contrôle social<br />

mis en œuvre aujourd’hui (périmètre de sécurité, présence de stewards 17 dans les sta<strong>des</strong>,<br />

17 Appelés stadiers en France.<br />

<strong>Contribution</strong> <strong>à</strong> l’étude <strong>des</strong> <strong>relations</strong> <strong>entre</strong> <strong>sports</strong> <strong>et</strong> <strong>violences</strong>. De leurs manifestations <strong>à</strong><br />

leurs préventions. Page 17

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