Contribution à l'étude des relations entre sports et violences

En guise de conclusion : être ou devenir chercheur ?
l’établissement d’une convention avec le conseil de l’Europe et l’ONG Sport sans frontières
sur les questions d’éducation par le sport.
La troisième est la confrontation avec certains « collègues ». Là l’expérience de la recherche
s’avère plus rude. Peut-être sommes-nous tout simplement trop naïf parfois. Que dire en effet
quand, travaillant sur un objet similaire, un autre jeune chercheur, récupère sur le terrain,
votre questionnaire pour le dupliquer et s’en servir ? C’est une anecdote mais qui nous a
néanmoins conduit à déposer les outils à la Société des gens de lettres ! Que dire encore des
chercheurs qui souhaitent collaborer ce qui signifie normalement travailler ensemble, mettre
en commun à part égal et dont l’unique objectif est de pouvoir se servir des données
recueillies sans rien fournir en échange ? Ce troisième volet que je nommerai la concurrence,
est pourtant bien inutile dans une recherche sans aucun avenir spéculatif et, s’avère tout
simplement décevant.
Le troisième horizon est celui des « alliances ». Dans l’esprit de Latour, il s’agit d’une part, de
la capacité de s’allier à des décideurs afin d’obtenir les crédits éminemment indispensables à
la recherche et, d’autre part, de la constitution-autonomisation de collègues.
En ce qui concerne le premier point notre parcours de recherche a débuté sans aucun
financement. Nous nous rendions sur les sites à nos propres frais. Nous emmenions avec nous
des étudiants. Ainsi nous avons souvent réinvesti les quelques émoluments obtenus pour des
interventions, des conférences ou les droits d’auteurs perçus. Une de nos premières actions a
donc consisté à trouver des financements. Ainsi au titre de la recherche sur le hooliganisme
nous avons recueilli : 6 000 euros du Conseil Régional d’Aquitaine, 1 500 euros du Conseil
Général de la Gironde, qui pour l’anecdote sont entrés dans notre laboratoire d’appartenance
de l’époque et n’ont jamais été attribués à cette recherche, 6 fois 2 mois saisonniers par la
direction régionale de la Jeunesse et des sports d’Aquitaine, 10 000 km de trains gratuits par
la SNCF, 10 locations week-end gratuites de voiture classe A kilométrage illimité chez
Budget.
Les budgets acquis restent du domaine de l’artisanat. A contrario de ce que nous pouvions
imaginer en ce qui concerne le hooliganisme et, contrairement à d’autres pays européens
(Allemagne, Belgique, Pays-Bas), nous n’avons, par exemple, jamais obtenu de financement
de la part de la LNF ou des clubs, ce qui tend à confirmer que la prévention des actes de
hooliganisme ne les intéressent pas. Ces financements appellent cependant trois remarques.
La première est que l’obtention du budget répond tout à la fois de la pertinence du projet
proposé mais également du réseau que l’on possède. Si, à chaque fois nous avons monté un
dossier solide, montrant aux interlocuteurs, l’intérêt de notre recherche, nous avons en fait
activé les réseaux que nous possédions depuis 18 ans dans le monde sportif. Cela appelle la
seconde remarque. En obtenant un poste sur Rennes, les réseaux proximaux que nous
possédions s’avèrent inutiles. Les réseaux sont à (re)construire. Ainsi la recherche sur la
prison ne bénéficie-t-elle actuellement d’aucun financement. Nous attendons la réponse à
deux dossiers déposés auprès de la Région pénitentiaire grand-ouest et du ministère de la
justice. La troisième remarque est l’articulation parfois difficile entre indépendance de la
recherche et financement de celle-ci. Si pour les financements indiqués ci-dessus il n’y a eu
aucun problème, nous avons été obligé de refuser 6 000 euros du Ministère de la Jeunesse et
des Sports (40 000 F à l’époque) en 1998 car ils souhaitaient passer une convention tripartite
(laboratoire, ministère et nous même) précisant que les données obtenues leur
appartiendraient. Nous avons donc refusé le conventionnement.
En ce qui concerne le deuxième point, la « constitution-autonomisation » de collègues,
l’implication au Conseil de l’Europe nous a beaucoup aidé. C’est tout d’abord la possibilité de
Contribution à l’étude des relations entre sports et violences. De leurs manifestations à
leurs préventions. Page 181