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Contribution à l'étude des relations entre sports et violences

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En guise de conclusion : être ou devenir chercheur ?<br />

La modélisation d’un parcours<br />

La question était : être ou devenir chercheur ? De c<strong>et</strong> avant-propos conclusif la réponse ne<br />

peut être, du moins en ce qui nous concerne, de l’ordre de l’habitus pas plus qu’elle ne l’est<br />

de l’inné faisant du chercheur un individu hors norme prédisposé <strong>et</strong> « pré formaté ». A l’être<br />

prédisposé se substitue donc, une ou, <strong>des</strong> manières de devenir chercheur.<br />

Pour rendre compte de ce « devenir » nous utiliserons le modèle, proposé par Latour lors de<br />

sa conférence intitulée « Le métier de chercheur. Regard d’un anthropologue » dans laquelle il<br />

définissait cinq horizons de la recherche. Le premier horizon est celui de la « mobilisation du<br />

monde » qui dans les sciences sociales prend forme dans la construction <strong>et</strong> la constitution<br />

d’enquêtes <strong>et</strong> de banques de données qui devront être « mobilisables », c’est <strong>à</strong> dire<br />

intelligibles, lisibles, combinables <strong>et</strong> manipulables de maintes façons. Le deuxième est de<br />

« créer <strong>des</strong> collègues » capables de comprendre les dires <strong>et</strong> les faits, mais aussi de discuter <strong>et</strong><br />

critiquer une production de plus en plus pointue. Le troisième consiste en la mise en place<br />

« d’alliances » avec « <strong>des</strong> gens que l’on peut intéresser <strong>à</strong> la réalisation <strong>des</strong> opérations<br />

précédentes » (politiques, administrateurs divers <strong>et</strong> variés, <strong>entre</strong>prises, <strong>et</strong>c.). Le quatrième<br />

porte sur « la mise en scène » de l’activité scientifique <strong>et</strong> consiste pour l’essentiel en un travail<br />

de <strong>relations</strong> publiques <strong>des</strong>tiné tout <strong>à</strong> la fois <strong>à</strong> médiatiser la recherche <strong>et</strong> faciliter, notamment,<br />

son financement <strong>et</strong> les alliances. Le cinquième est celui <strong>des</strong> idées <strong>et</strong> <strong>des</strong> concepts servant de<br />

« liens <strong>et</strong> de liants ». Ce dernier est au carrefour <strong>des</strong> quatre horizons précédents, dépend <strong>et</strong><br />

influe de, <strong>et</strong> sur chacun d’eux. Il s’agit du contenu même de l’activité scientifique.<br />

Ce modèle a quelque chose de provocateur. Latour reconnaît même qu’il s’agit davantage l<strong>à</strong><br />

d’une métaphore que d’un modèle. Il présente l’intérêt surtout de rompre avec l’illusion d’un<br />

chercheur qui serait un « esprit-dans-un-bocal, isolé <strong>et</strong> singulier observant un monde extérieur<br />

duquel il est parfaitement coupé » (1999, 316) sorte de professeur Tournesol. Il se doit au<br />

contraire d’être animé d’une pensée stratégique nécessaire au développement <strong>et</strong> <strong>à</strong> la plénitude<br />

de la recherche. En ce sens « on ne naît pas scientifique mais on le devient » (1994, 28).<br />

Qu’en est-il de notre parcours en appliquant ce modèle métaphorique <strong>à</strong> nous-même dans un<br />

effort « d’autocritique » <strong>et</strong> « d’auto-analyse » ?<br />

En ce qui concerne le premier horizon, « la mobilisation du monde », notre travail a été<br />

orienté dès le début sur la constitution d’une vaste base de données. A l’issue de notre thèse,<br />

celle-ci comptait déj<strong>à</strong> plus de 2400 questionnaires pour atteindre aujourd’hui 14 867<br />

personnes interrogées. Il faut reconnaître que tout cela n’aurait jamais été possible sans la<br />

participation <strong>et</strong> le travail d’étudiants. C<strong>et</strong>te collecte a grossi en grande partie grâce <strong>à</strong> leurs<br />

apports. C<strong>et</strong>te collaboration n’est en rien du mandarinat. Il s’agit d’abord d’une aventure<br />

humaine au sens strict du terme. Certains, passionnés par ce suj<strong>et</strong>, voulaient y participer,<br />

rencontrer <strong>et</strong> comprendre les hooligans. Alors que c<strong>et</strong>te recherche n’était pas financée<br />

quelques-uns se déplaçaient avec moi dans mon véhicule personnel. Nous couchions chez mes<br />

amis pongistes <strong>à</strong> Toulouse, Marseille, Nantes, Lyon ou Paris. C’est encore l’histoire d’un<br />

partage. Les données recueillies, même celles personnellement au tout début <strong>des</strong> travaux, ont<br />

toujours été de tous temps accessibles <strong>à</strong> tout un chacun. C<strong>et</strong>te démarche avait profondément<br />

surpris notre jury de thèse, constatant qu’en annexes était livrée l’intégralité <strong>des</strong> bases de<br />

données sous disqu<strong>et</strong>tes qui plus est directement exploitables avec un logiciel de traitement<br />

statistique.<br />

<strong>Contribution</strong> <strong>à</strong> l’étude <strong>des</strong> <strong>relations</strong> <strong>entre</strong> <strong>sports</strong> <strong>et</strong> <strong>violences</strong>. De leurs manifestations <strong>à</strong><br />

leurs préventions. Page 179

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