Contribution à l'étude des relations entre sports et violences

Chapitre 4 : Renouveler son objet entre contraintes sociales et intérêts personnels
comme c’est le cas également des formations qualifiantes et diplômantes dans la prison,
rompt avec le souci de l’exemplarité de la peine qui pouvait se concrétiser par le long
cheminement des chaînes de bagnards dans la France du 19 ème siècle, aboutissement de la
lente genèse et transformation de l’institution carcérale amorcée au siècle des lumières
(Joannic-Seta, 2000).
Sport et éducation
Finalement le développement progressif de nos recherches nous a conduit incidemment aux
aspects éducatifs qui nous préoccupaient de prime abord lorsque naïvement nous nous posions
la question de savoir « d’où venait la violence des supporters et si l’on pouvait la prévenir » ?
En passant de l’étude des manifestations de diverses formes de violences observables dans le
« sport » à leurs préventions par le « sport », progressivement, a pris corps et forme un nouvel
objet de recherche qui s’avère tout à la fois complexe et infini. La prévention n’est cependant
pas l’éducation. Elle n’en est qu’une infime composante. Et quand bien même nous nous
interrogions sur la prévention des violences des supporters, nous omettions d’observer que
chez ces mêmes supporters-hooligans existaient des formes éducatives et socialisantes qui
n’ont rien à voir avec la monstruosité des actes qu’ils commettent parfois : investissement
dans le groupe, négociations de déplacements, respects de consignes, rédaction de fanzines,
etc.
Le débat sur la, ou les, valeur(s) éducative(s) du « sport » renvoie également à une discussion
qui dépasse le simple bénéfice, inter ou intra personnel, que peut induire la praxéologie
sportive (être bien dans son corps, dans sa tête, apprendre à se contrôler, etc.). Il interroge au
plus profond les politiques sociales et éducatives, la place et les fonctions du « sport » dans la
société, les transformations sociales et sociétales au regard du corps, du temps libre, du
rapport hommes/femmes et de bien d’autres choses encore.
Il pose en fait un certain nombre de questions que nous nous proposons d’aborder dans nos
recherches ultérieures :
- Qu’est-ce qu’éduquer ? Ce questionnement renvoie tout simplement aux finalités
éducatives attribuées, ou attribuables, au « sport ». Est-ce la réalisation de la
personne ? L’adaptation de l’homme à la société ? Le « redressement » des corps et
des esprits ?
- Quelles sont les modalités, valeurs, principes et objectifs qui permettent dans des
circonstances à définir, auprès de publics à préciser, d’éduquer par, dans et à travers le
sport ?
- Qu’est-ce qui dans le sport éduque, insère, intègre ou socialise ? La pratique ? Mais
laquelle ? Le héros sportif ? L’apprentissage de règles édulcorées ? L’éducateur au
sens large du terme ?
- Si nous acceptons l’idée que le « sport » soit, ou puisse être, éducatif, nous sommes
obligés de nous interroger sur la distribution sociale des pratiques sportives ainsi que
sur les inégalités observables ? Quelles sont les APSA pratiquées dans nos collèges et
lycées en fonction de leur implantation urbaine ou rurale ? Dans des quartiers riches
ou pauvres ? Dans nos clubs sportifs sur les mêmes critères ?
- Quelles sont les valeurs éducatives poursuivies par les grands pôles créateurs de lien
social (la famille, l’état, les communautés, le travail) à travers les pratiques sportives ?
Contribution à l’étude des relations entre sports et violences. De leurs manifestations à
leurs préventions. Page 177