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Contribution à l'étude des relations entre sports et violences

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Chapitre 4 : Renouveler son obj<strong>et</strong> <strong>entre</strong> contraintes sociales <strong>et</strong> intérêts personnels<br />

professeur au quotidien, face <strong>à</strong> sa classe, en fonction d’une grille de lecture qui, loin d’être<br />

commune <strong>à</strong> la « communauté <strong>des</strong> enseignants », demeure éminemment personnelle <strong>et</strong><br />

professionnelle, située <strong>et</strong> subjective. Parmi les clivages décelables, celui qu’introduit le genre<br />

dans la lecture <strong>des</strong> <strong>violences</strong> <strong>et</strong> de leur seuil de tolérance, reste incontestablement l’un <strong>des</strong><br />

plus visibles.<br />

Les enseignantes interrogées affirment en eff<strong>et</strong> être plus suj<strong>et</strong>tes aux <strong>violences</strong> <strong>et</strong> avoir<br />

davantage de difficultés que leurs homologues masculins <strong>à</strong> canaliser l’agressivité de certains<br />

élèves <strong>entre</strong> eux ou vis <strong>à</strong> vis de leur propre personne. Les réponses perm<strong>et</strong>tent cependant de<br />

mieux cerner les différences de sensibilité qui délimitent qualitativement les contours de la<br />

violence : 78 % <strong>des</strong> enseignantes ayant répondu qu’il y avait beaucoup de <strong>violences</strong> dans leur<br />

établissement parlent essentiellement de violence verbale <strong>et</strong> d’incivilités tandis que leurs<br />

homologues masculins semblent davantage circonscrire la définition de la violence aux<br />

bagarres <strong>entre</strong> élèves <strong>et</strong> aux <strong>violences</strong> contre les adultes, comme le montrent ces deux extraits<br />

d’<strong>entre</strong>tiens provenant d’un même établissement :<br />

« La vie <strong>à</strong> l’intérieur de l’établissement est insupportable, les élèves chahutent,<br />

s’insultent, voire nous insultent, par derrière évidemment, font du bruit <strong>et</strong> ça aussi<br />

bien dans les couloirs qu’en classe quand ils r<strong>entre</strong>nt… j’ai l’impression de ne<br />

plus rien pouvoir contrôler, je me sens impuissante… comment dire… en<br />

insécurité j’ai, on a mes collègues <strong>et</strong> moi, l’impression que tout peut arriver que<br />

cela peut s’envenimer comme ça ». (professeure de français).<br />

« C’est vrai que les élèves sont remuants, on ne peut pas dire qu’ils soient<br />

toujours de tout repos mais bon, enfin on ne peut pas vraiment dire que cela soit<br />

inquiétant. La plupart du temps, ils chahutent, ils crient mais cela va rarement plus<br />

loin. Alors pour répondre <strong>à</strong> votre question, savoir si je trouve qu’il y a de la<br />

violence dans le collège, franchement non, les bagarres sont très rares <strong>et</strong> jamais<br />

très violentes. Je n’ai jamais vu non plus d’élèves s’en prendre physiquement <strong>à</strong> un<br />

professeur » (professeur de mathématiques).<br />

Se trouve posée ici la question de la définition de la violence. Chacun perçoit-il la violence de<br />

la même manière ? De toute évidence non. Le terme de violence n’est pas unitaire. Il ne<br />

renvoie pas <strong>à</strong> une réalité intangible. Il regroupe tout aussi bien les incivilités, les provocations,<br />

les insultes, les coups <strong>et</strong> blessures volontaires, les <strong>des</strong>tructions diverses en passant bien<br />

évidemment par le rack<strong>et</strong>, <strong>et</strong> même parfois <strong>à</strong> l’école le viol ou le crime prémédité. Ainsi, le<br />

rapport Elton (1989) sur la discipline <strong>à</strong> l’école conclut que la principale source de violence<br />

pour les enseignants reste le manque de travail, d’obéissance, les p<strong>et</strong>ites nuisances<br />

quotidiennes plus que les faits de violence plus spectaculaires. La violence est également<br />

perçue différemment selon que l’on est agresseur ou victime, selon que c<strong>et</strong>te expérience a<br />

marqué ou non notre existence, c’est-<strong>à</strong>-dire qu’elle est ou non inscrite dans un parcours de<br />

vie, personnel ou professionnel. La perception de la violence varie aussi selon l’intensité de la<br />

victimation, la répétition <strong>des</strong> agressions, la multi-victimation (Debarbieux, Blaya, Bruneaud,<br />

Cossin, Mancel, Montoya, Rubi, 2002). De la marginalisation <strong>à</strong> l’exclusion, l’école est ellemême<br />

susceptible de produire comme autant de dommages collatéraux <strong>à</strong> la réussite<br />

standardisée du plus grand nombre, les conditions de la violence. En premier lieu parce que le<br />

système éducatif génère <strong>à</strong> l’égard de ceux qui peinent <strong>à</strong> répondre aux normes scolaires la<br />

première <strong>des</strong> <strong>violences</strong> : une baisse de l’estime de soi qui confine au repli <strong>et</strong> <strong>à</strong> une forme<br />

d’exil. Les risques d’exclusion, leur cortège d’échecs <strong>et</strong> de ressentiments <strong>et</strong>, a contrario, les<br />

échappatoires singulières, sont ainsi abordés dans leurs principes par Charlot, Bautier <strong>et</strong><br />

Rochex (op. cit.) <strong>à</strong> partir de trois ruptures essentielles, réelles ou imaginaires : rupture du lien<br />

<strong>Contribution</strong> <strong>à</strong> l’étude <strong>des</strong> <strong>relations</strong> <strong>entre</strong> <strong>sports</strong> <strong>et</strong> <strong>violences</strong>. De leurs manifestations <strong>à</strong><br />

leurs préventions. Page 166

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