Contribution à l'étude des relations entre sports et violences
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Chapitre 4 : Renouveler son obj<strong>et</strong> <strong>entre</strong> contraintes sociales <strong>et</strong> intérêts personnels<br />
symbolise au plan de l’équité 206 , du proj<strong>et</strong> politique <strong>et</strong> social, ainsi que pour ce qu’elle<br />
autorise en termes de dynamiques humaine, sociale <strong>et</strong> pédagogique (Cédelle, 2003 ; Meirieu,<br />
2003 a <strong>et</strong> b). Elle fait aussi débat, comme le note Truong (2003), en fonction de<br />
problématiques récurrentes qui fondent une approche plus réactionnaire du thème de l’école<br />
pour tous : critique de la baisse du niveau, critique de la mixité sociale mais également<br />
critiques du phénomène même de massification <strong>et</strong> de démocratisation scolaires. Surgit ainsi le<br />
spectre de contaminations culturelles <strong>et</strong> sociales dont on peut lire en filigrane la projection<br />
causale plus ou moins fantasmée <strong>des</strong> « <strong>violences</strong> scolaires » qu’amplifie la caisse de<br />
résonance médiatique sur fond de délitement <strong>des</strong> cités <strong>et</strong> banlieues difficiles.<br />
Sans doute faut-il, pour mieux comprendre ce qui est en jeu dans ces images différentes,<br />
redonner <strong>à</strong> la culture ou aux cultures, une place centrale dans les analyses qui tendent <strong>à</strong><br />
élucider l’origine de décalages fondamentaux dans les représentations scolaires <strong>et</strong> les<br />
perspectives de production <strong>et</strong> de transmission <strong>des</strong> savoirs dont l’école est le premier<br />
catalyseur. Car, indéniablement, la progressive diversification <strong>des</strong> profils sociaux <strong>des</strong> élèves,<br />
résultante <strong>des</strong> politiques de massification scolaire <strong>à</strong> ambitions démocratiques (Prost, 1968,<br />
1995) renvoie, de part la pluralité de ses ancrages <strong>et</strong> de ses référents culturels, <strong>à</strong> <strong>des</strong> rapports<br />
contrastés avec l’institution, ses fonctions, ses valeurs <strong>et</strong> ses normes, générant dans l’approche<br />
même du système <strong>et</strong> dans les représentations que ses divers publics en ont, <strong>des</strong> distorsions<br />
potentiellement violentogènes : contestation d’un ordre pédagogique longtemps pensé comme<br />
« naturel » ; remise en question de l’autorité intangible du maître (Dub<strong>et</strong>, 2002) ; mise <strong>à</strong><br />
distance du pôle socialisant que constitue l’école ; décalage <strong>entre</strong> motivations, attentes <strong>des</strong><br />
élèves <strong>et</strong> contenus transmis ; contournement <strong>des</strong> modèles traditionnels de la culture scolaire<br />
qui se traduit notamment par le refus d’une stricte ascendance du savoir <strong>et</strong> <strong>des</strong> formes<br />
d’intellectualisations de l’enseignement « frontal », dénonciation plus ou moins diffuse <strong>des</strong><br />
formes d’imprégnations <strong>et</strong> d’encodages culturels longtemps acceptées dans les milieux<br />
privilégiés pour lesquels elles prenaient sens au cœur même d’une école dominée par les<br />
élites, via un système de tacite reconduction de modèles dominants <strong>et</strong> d’incorporation de<br />
normes sociales, processus d’héritage ou d’ingestion d’un patrimoine culturel (Bourdieu,<br />
1964) qui, dans une certaine mesure, pérennise la distinction <strong>entre</strong> les « héritiers » <strong>et</strong> la grande<br />
masse anonyme <strong>des</strong> apprenants plus ou moins déshérités.<br />
Dès la fin <strong>des</strong> années 1980, François Dub<strong>et</strong> remarquait combien le processus d’écartèlement<br />
social <strong>et</strong> culturel, <strong>entre</strong> les nouvelles générations scolaires <strong>et</strong> les structures fossilisées du<br />
système éducatif français, poursuivant sa trajectoire, atteignait le lycée (Dub<strong>et</strong>, 1991).<br />
Appartenant <strong>à</strong> <strong>des</strong> milieux sociaux étrangers <strong>à</strong> la culture scolaire de l’enseignement<br />
secondaire, ces « nouveaux lycéens » <strong>et</strong> leurs représentations ont très largement concouru <strong>à</strong><br />
rendre plus difficile la tâche d’enseignement (Ballion, 1997). Ces distorsions ne peuvent<br />
qu’accentuer le déclin d’un système d’autorité qui jusqu’alors allait de soi. Peralva (1997)<br />
remarque ainsi combien la résistance <strong>à</strong> l’emprise de l’école, au jugement <strong>et</strong> aux injustices<br />
scolaires prennent aujourd’hui de nouvelles configurations, devenant <strong>des</strong> thèmes forts dans les<br />
passages <strong>à</strong> l’acte violents <strong>à</strong> l’école : « avec la massification de l’école, se sont également<br />
brisées les bases socioculturelles qui fondaient un certain consensus <strong>à</strong> propos <strong>des</strong> attitu<strong>des</strong> <strong>et</strong><br />
<strong>des</strong> mo<strong>des</strong> de se comporter. » (Peralva, op. cit.). Debarbieux <strong>et</strong> al. (1999) constate ainsi<br />
l’augmentation de la violence anti-scolaire comme remise en question d’un ordre social établi.<br />
La réalité d’une telle fracture dont l’institution scolaire, occupée <strong>à</strong> modeler les individus pour<br />
la société de concurrence <strong>et</strong> de consommation qui la produit, est elle-même comptable (Illitch,<br />
1971), n’épuise certes pas les éclairages susceptibles de rendre intelligibles la pluralité <strong>des</strong><br />
206 Mais néanmoins pas toujours au sens de la démocratisation du système éducatif car, si aujourd’hui tout le<br />
monde peut <strong>entre</strong>r, <strong>à</strong> l’école, tout le monde ne suit pas le même parcours <strong>et</strong> n’en sort pas avec les mêmes atouts<br />
en poche. (Boudon, 1973 ; Langouêt, 2003).<br />
<strong>Contribution</strong> <strong>à</strong> l’étude <strong>des</strong> <strong>relations</strong> <strong>entre</strong> <strong>sports</strong> <strong>et</strong> <strong>violences</strong>. De leurs manifestations <strong>à</strong><br />
leurs préventions. Page 162