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Contribution à l'étude des relations entre sports et violences

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Chapitre 4 : Renouveler son obj<strong>et</strong> <strong>entre</strong> contraintes sociales <strong>et</strong> intérêts personnels<br />

nombreux joueurs noirs de grande valeur, mériterait une analyse que nos investigations ne<br />

perm<strong>et</strong>tent pas. Néanmoins, la pratique est réellement ségréguée au point qu’il est<br />

inenvisageable qu’un « blanc » puisse participer <strong>à</strong> un match de bask<strong>et</strong>-ball, l’inverse est vrai<br />

également pour le football, <strong>à</strong> moins qu’il n’ait de très bons amis dans c<strong>et</strong>te équipe <strong>et</strong> que sa<br />

valeur technique soit reconnue. Il faut cependant nuancer quelque peu ce propos, qui pourrait<br />

laisser supposer la construction d’un « communautarisme <strong>et</strong>hnique » dans nos cités. Tout<br />

d’abord la couleur de peau n’induit pas obligatoirement un sentiment d’appartenance <strong>à</strong> une<br />

communauté. Qui plus est les cités ont souvent été conçues depuis les années 1970/1980<br />

comme <strong>des</strong> « quartiers d’exil » <strong>et</strong> <strong>des</strong> lieux de relégation. Les populations y ont souvent été<br />

« rassemblées » selon un profil social qui ne laisse aucun doute dans ce long processus de<br />

transformation <strong>des</strong> grands ensembles décrit par Bachmann <strong>et</strong> Le Guennec (1996). La<br />

construction <strong>des</strong> terrains, <strong>et</strong> donc en conséquence leur fréquentation, par les jeunes de ces<br />

quartiers répondent peut-être tout simplement <strong>des</strong> présupposés de nos décideurs en matière de<br />

pratique sportive de telle ou telle partie de la population. L’<strong>et</strong>hnicisation <strong>des</strong> pratiques n’est<br />

peut être que le refl<strong>et</strong> social du quartier qu’une étude plus approfondie nous perm<strong>et</strong>tra de<br />

m<strong>et</strong>tre en évidence.<br />

Mais, d’ores <strong>et</strong> déj<strong>à</strong>, les résultats laissent apparaître le refus de « l’étranger » de celui que l’on<br />

ne connaît pas, qui n’est pas du quartier. A la question fermée « avec qui viens-tu sur les<br />

terrains de sport ? », <strong>à</strong> aucun moment n’apparaît la réponse « avec <strong>des</strong> amis d’autres<br />

quartiers ou d’autres cités ».<br />

Relationnel Nb. cit. Intervalles de confiance<br />

Avec mon/mes frères <strong>et</strong> sœurs 65 8,5% < 12,2 < 15,8%<br />

Avec <strong>des</strong> amis qui habitent la cité 246 40,6% < 46,2 < 51,7%<br />

Avec <strong>des</strong> amis qui habitent le même immeuble 186 29,6% < 34,9 < 40,2%<br />

Seul 36 4,0% < 6,8 < 9,5%<br />

Total 533<br />

Pratique sportive <strong>et</strong> <strong>relations</strong> aux autres.<br />

La différence avec la répartition de référence est très significative. chi2 = 222,22, ddl = 3, 1-p = >99,99%.<br />

Le chi2 est calculé avec <strong>des</strong> effectifs théoriques égaux pour chaque modalité.<br />

L'intervalle de confiance <strong>à</strong> 99% est donné pour chaque modalité.<br />

Les réponses sont très homogènes. La proximité caractérise les interactions sociales. Cela<br />

peut être lu dans les deux sens. En tout premier lieu, comme le refus ou la peur de l’autre, que<br />

l’on ne connaît pas. Comme l’ont montré Elias & Scotson (op. cit.) la stigmatisation <strong>des</strong><br />

autres, la peur de l’autre ne sont pas le fait <strong>des</strong> seuls nantis bien pensant réfugiés dans de<br />

paisibles quartiers, ce peut être celui aussi de gens déshérités Le refus de la relation <strong>à</strong> l’autre<br />

<strong>et</strong> son rej<strong>et</strong> viennent conforter l’image que chacun se fait de soi <strong>à</strong> l’intérieur d’un groupe<br />

social. En second lieu, il s’agit de la peur de l’autre <strong>et</strong> <strong>des</strong> stigmates dont il pourrait nous<br />

affubler. Le repli sur soi, <strong>entre</strong> soi, est une manière de se protéger <strong>des</strong> lazzis, quolib<strong>et</strong>s,<br />

préjugés <strong>et</strong> jugements de valeurs.<br />

Mais c<strong>et</strong>te interprétation, pour intéressante qu’elle soit, est en partie contredite par la<br />

territorialisation de l’espace sportif.<br />

<strong>Contribution</strong> <strong>à</strong> l’étude <strong>des</strong> <strong>relations</strong> <strong>entre</strong> <strong>sports</strong> <strong>et</strong> <strong>violences</strong>. De leurs manifestations <strong>à</strong><br />

leurs préventions. Page 142

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