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Contribution à l'étude des relations entre sports et violences

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Chapitre 3 : Le hooliganisme en France : <strong>des</strong> analyses renouvelées<br />

Affiche <strong>des</strong> South Winners pour le déplacement <strong>à</strong> Lyon en 1998<br />

Au classement officieux <strong>des</strong> supporters français, les Winners ont depuis longtemps la double<br />

réputation d’être les plus violents <strong>et</strong> de rester invaincus. L’appartenance politique n’est<br />

pourtant qu’un prétexte qui leur a permis de se différencier <strong>des</strong> autres groupes. Des Parisiens<br />

tout d’abord, l’ennemi héréditaire au niveau sportif bien sûr, mais aussi au niveau historique<br />

depuis que la capitale a envoyé <strong>des</strong> troupes pour réprimer les insurrections dans ce qui a<br />

longtemps été une <strong>des</strong> villes les plus riches de France. Mais la revendication idéologique tient<br />

principalement <strong>à</strong> autre chose. La proximité de l’Italie <strong>et</strong> les rencontres de Coupe d’Europe ont<br />

déclenché un enthousiasme pour le football sans limite parmi les jeunes marseillais dans les<br />

années 1980. Par mimétisme au football italien, de jeunes supporters se regroupent dans le<br />

virage sud, dans ce qui se nommera d’abord le CU84. Ce groupe ressemble <strong>à</strong> Marseille : il est<br />

bigarré <strong>et</strong> culturellement diversifié. Rapidement, <strong>des</strong> tensions apparaissent <strong>entre</strong> les leaders,<br />

au point que le groupe se scinde <strong>à</strong> la fin <strong>des</strong> années 1980 en trois unités distinctes : les<br />

Fanatics, les Ultras, <strong>et</strong> les Winners, qui resteront cependant brièvement unis <strong>à</strong> travers une<br />

association commune dénommée FUW. Les raisons de c<strong>et</strong> éclatement sont tout d’abord<br />

<strong>et</strong>hniques au sens de Poutignat <strong>et</strong> Streiff-Fenart (1995) : les Ultras <strong>et</strong> les Fanatics sont<br />

essentiellement composés de « blancs », bien que beaucoup soient d’origine étrangère, <strong>à</strong><br />

commencer par les leaders, les Winners de « gris ». Les raisons de l’éclatement sont<br />

également culturelles <strong>et</strong> sociales : les Ultras <strong>et</strong> les Fanatics proviennent de couches sociales<br />

plus aisées que les Winners issus principalement <strong>des</strong> quartiers nord de Marseille ou du Panier,<br />

lieux où le taux de chômage atteignait parfois 40 %, comme en 1998. Ces dissensions ont<br />

aussi pour fondement le pouvoir <strong>et</strong> leadership car un certain nombre de jeunes souhaitent<br />

s’imposer <strong>à</strong> la tête du ou <strong>des</strong> groupes. L’âge enfin joue un rôle important dans c<strong>et</strong>te<br />

ségrégation. Les Winners ont été fondés par <strong>des</strong> lycéens, tandis que les autres groupes<br />

rassemblent <strong>des</strong> jeunes un peu plus âgés, insérés professionnellement ou poursuivant <strong>des</strong><br />

étu<strong>des</strong> supérieures pour la plupart. Le fonctionnement <strong>des</strong> groupes est connu. Pour perdurer<br />

un groupe doit pouvoir se différencier, notamment <strong>des</strong> autres entités les plus proches de lui :<br />

« l’identité se pose en s’opposant », les conflits participant de c<strong>et</strong>te distanciation sociale. Les<br />

Ultras se structurent plus rapidement que les autres. Les groupes s’influencent ainsi<br />

mutuellement <strong>et</strong> réciproquement. Chez les Ultras certains revendiquent plus ou moins <strong>des</strong><br />

idées d’extrême droite. Le groupe arbore le bombers (réplique <strong>des</strong> blousons d’aviateurs) bleu<br />

marine. Quelques membres du noyau dur portent <strong>des</strong> doc martens <strong>à</strong> lac<strong>et</strong>s blancs, autant de<br />

signes d’appartenance aux mouvements skinheads. Par réaction, les Winners affichent le Ché<br />

<strong>et</strong> <strong>des</strong> drapeaux anarchistes dans le virage. Les membres du noyau dur portent, eux aussi, le<br />

bombers, mais le r<strong>et</strong>ournent, doublure orange visible, quelques-uns portant de surcroît <strong>des</strong> doc<br />

<strong>Contribution</strong> <strong>à</strong> l’étude <strong>des</strong> <strong>relations</strong> <strong>entre</strong> <strong>sports</strong> <strong>et</strong> <strong>violences</strong>. De leurs manifestations <strong>à</strong><br />

leurs préventions. Page 108

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