Contribution à l'étude des relations entre sports et violences

Chapitre 3 : Le hooliganisme en France : des analyses renouvelées
politique vient ici dynamiser les violences en y superposant des raisons supra-sportives. Mais
ces idéologies possèdent des finalités distinctes.
L’extrême droite est dans le stade : le cas de la tribune rouge du Paris Saint-Germain
En ce qui concerne le Paris Saint Germain, l’appartenance politique est certaine. Le PSG reste
aujourd’hui le club français le plus noyauté. Le Kop de Boulogne est né en 1987 sous
l’impulsion d’un skinhead 141 membre des JNR (Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires)
rattachées à l’organisation Troisième voie. A cette époque, les organisations Troisième voie,
L’œuvre française et le PNFE (Parti nationaliste français et européen) tentent d’organiser, de
récupérer et de structurer les groupes skinheads. C’est la période d’émergence d’une nouvelle
extrême droite en France (Bourseiller, 1991 ; Winock, 1993). Les JNR ont même leur quartier
général au Parc des Princes. Ce groupuscule va structurer et influencer le Kop de Boulogne,
S.A. fonde le 9 décembre 1989, le « Pitbull kop » à l’origine de nombreux affrontements,
débordements et slogans xénophobes et pro-nazis. Ce Kop deviendra, à partir de la rencontre
PSG-Strasbourg du samedi 16/01/93 hooligan en totalité : « […] politiquement et
philosophiquement cohérente et homogène. Champ clos peuplé d’activistes, hyper-motivés
qui n’ont rien en commun avec des supporters de football : absence de banderole,
d’animation. Seuls apparaissent des drapeaux ″Sudistes et Ordre nouveau″. Cette tribune est
devenue uniformément grise ou noire. Certains de ces éléments participent activement au
service d’ordre d’un parti politique » (Rouibi, op. cit., 4).
Il s’agit d’une réelle tentative d’infiltration des tribunes qui s’inscrit dans une stratégie de
visibilité politique à travers une provocation à la discrimination, à la haine et à la violence
raciale aisément constatable à travers les affiches des groupes de supporters du Kop de
Boulogne en 1993.
Apologie de la haine raciale au Kop de Boulogne (affiche)
En 1996, au lendemain de sa victoire en coupe des vainqueurs de Coupes, le PSG va
connaître, lors de la présentation du trophée aux supporters, des violences racistes et
xénophobes sans précédents. Les supporters de la tribune Boulogne envahissent la pelouse et
s’attaquent à ceux de la tribune Auteuil « bronzés de préférence » 142 .
Cette dérive extrémiste a des significations sociales. Il s’agit d’une combinaison de
domination et de ségrégation (Wieviorka, 1998), et non de l’expression de la paupérisation de
certaines couches sociales. En effet, les fondateurs du Kop de Boulogne, et plus
particulièrement les skinheads, sont, pour la plupart d’entre eux, originaires des classes
141 Que nous appellerons S.A. de ses initiales.
142 Journal L’équipe, 10/5/96, 2.
Contribution à l’étude des relations entre sports et violences. De leurs manifestations à
leurs préventions. Page 106