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Contribution à l'étude des relations entre sports et violences

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Chapitre 3 : Le hooliganisme en France : <strong>des</strong> analyses renouvelées<br />

culture oppositive <strong>et</strong> violente, semblable aux « sous-cultures délinquantes » mises en évidence<br />

par Cohen (1955). Elle est non-utilitaire (aucun objectif instrumental), malintentionnée<br />

(réalisée par défi ou pour nuire), négative (faite en opposition aux normes établies), vise un<br />

hédonisme immédiat (ascension dans la hiérarchie officieuse <strong>des</strong> groupes) enfin, elle renforce<br />

l’autonomie <strong>et</strong> la cohésion du groupe (repli sur celui-ci <strong>et</strong> renforcement du sentiment<br />

d’appartenance de chacun <strong>des</strong> membres). Le hooliganisme fait donc partie intégrale du<br />

supportérisme. Dire cela ne réduit pas l’action <strong>des</strong> supporters aux seuls faits de <strong>violences</strong>,<br />

mais les incluent dans le fonctionnement social <strong>et</strong> le devenir de ces communautés.<br />

L’idéologie politique <strong>des</strong> sta<strong>des</strong> en France : <strong>entre</strong> promotion <strong>des</strong> idées <strong>et</strong><br />

construction identitaire.<br />

Quelques-unes de nos récentes investigations, réalisées dans le prolongement de notre<br />

recherche, ou pour le compte du Conseil de l’Europe, concernent les idéologies politiques<br />

(Bodin, Robène, Héas, 2004b). Nous avions déj<strong>à</strong> discuté durant notre travail de thèse de la<br />

présence de tel ou tel groupe, sans pour autant faire la part <strong>des</strong> choses <strong>et</strong>, tenter de séparer les<br />

idéologies politiques qui s’exhibent dans les sta<strong>des</strong> en fonction de leurs finalités.<br />

Notre travail s’était <strong>à</strong> l’origine trouvé limité par ce que l’on peut qualifier un « écueil », ou un<br />

obstacle, dans la recherche. La collaboration avec la police <strong>et</strong> les renseignements généraux<br />

nous donnait alors accès aux fiches de renseignements concernant les hooligans. Après avoir<br />

commencé <strong>à</strong> investir le PSG, le directeur administratif de l’époque, en charge également de la<br />

sécurité, avait souhaité nous rencontrer. Ce n’est qu’après coup, que nous nous sommes rendu<br />

compte que la discussion était insidieuse. Sous prétexte « d’échanger » nos points de vue sur<br />

la politique de sécurité menée au Parc <strong>des</strong> princes, la discussion s’était progressivement<br />

déplacée sur les groupes que nous avions investis, rencontrés ou contactés. Lorsque nous<br />

émîmes <strong>des</strong> questions sur les raisons qui avaient pu pousser le PSG <strong>à</strong> fournir un local <strong>à</strong><br />

certains groupuscules d’extrême droite <strong>à</strong> l’intérieur même de l’enceinte sportive, <strong>et</strong> <strong>à</strong><br />

embaucher comme responsable <strong>des</strong> stadiers un ancien néo-nazi, notre bêtise n’avait d’égale<br />

que notre innocence en matière de recherche. Nous pensions alors que le « football », en tant<br />

que système, cherchait <strong>à</strong> lutter contre le hooliganisme <strong>et</strong> que le responsable assis en face de<br />

nous n’avait comme autre envie que le désir d’avoir un point de vue, peut-être, plus distancié.<br />

Il n’en était rien, car nous en avions trop dit <strong>et</strong> touché de très près un système collusoire que<br />

nous avons déj<strong>à</strong> évoqué. Congé pris, nous reçûmes quelques jours plus tard, un courrier<br />

officiel du PSG, nous annonçant qu’il n’était plus possible de collaborer, <strong>et</strong> nous enjoignant<br />

de cesser, pour l’instant, pour <strong>des</strong> raisons internes au club notre travail d’investigation 138 .<br />

C’est donc en immersion totale dans la tribune Boulogne <strong>et</strong> en opposition au club que ce<br />

travail débuta.<br />

A l’origine : le mouvement skinhead anglais<br />

Lorsque l’on évoque les idéologies politiques qui s’affichent dans les sta<strong>des</strong>, le propos se<br />

limite très souvent aux mouvements d’extrême droite. Les hooligans sont assimilés <strong>à</strong> <strong>des</strong> néonazis<br />

<strong>et</strong> <strong>à</strong> <strong>des</strong> skinheads. Comme le suggère Broussard (op. cit., 305), « l’image est classique.<br />

Elle tient presque du cliché ». Les néo-nazis qui fréquentent les sta<strong>des</strong> sont, ipso facto, Anglo-<br />

Saxons depuis le Heysel. Quand le gendarme Nivel se fait lyncher en France, c’est le fait de<br />

skinheads allemands, donc d’une longue tradition qui trouverait son expression dans les<br />

mouvements néo-nazis d’outre-rhin. Enfin, si le football italien voit pointer <strong>à</strong> Parme <strong>et</strong> <strong>à</strong><br />

138 Courrier qui fut joint en annexes du travail de thèse.<br />

<strong>Contribution</strong> <strong>à</strong> l’étude <strong>des</strong> <strong>relations</strong> <strong>entre</strong> <strong>sports</strong> <strong>et</strong> <strong>violences</strong>. De leurs manifestations <strong>à</strong><br />

leurs préventions. Page 103

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