Dr Didier Petry, Nancy

Le Syndrome de la Traversée
Cervico-Thoraco-Brachiale
D.PÉTRY
IRR – Service de Médecine Physique et de Réadaptation – EMG
Centre Chirurgical Émile Gallé
L’exploration électro-neuro-myographique
et corrélations électro-cliniques

Syndrome de la traversée cervico-thoraco-brachiale
L’examen électro-neuro-myographique
L’ENMG permet tout d’abord le diagnostic différentiel entre :
. les syndromes canalaires des nerfs médian et ulnaire
. les syndromes étagés (double crush-syndroms)
. les radiculopathies C7, C8,T1
. les myélopathies
. les neuropathies périphériques
La place de l’électromyographiste tient plus à son expérience
clinique qu’à ses connaissances techniques

Syndrome de la traversée cervico-thoraco-brachiale
L’examen électro-neuro-myographique
- L’atteinte compressive nerveuse concerne
essentiellement le tronc inférieur ou le faisceau médial du
plexus brachial, les compressions hautes sont très rares.
- Sa localisation est diverse :
. le défilé interscalénique
. le défilé inter-costo-claviculaire
. le canal costo-claviculaire
. le tunnel sous-pectoral
- Les signes ENMG caractéristiques sont rarement
complets, rarement évidents : il faut les rechercher

Syndrome de la traversée cervico-thoraco-brachiale
L’EMG de détection à l’aiguille
a pour but de rechercher les signes de gravité de la fonction musculaire
au niveau des membres supérieurs (territoires C5, C6, C7, C8, T1) :
- activité spontanée de dénervation au repos (fibrillation, Olp.)
= dénervation encore évolutive
- analyse de la contraction volontaire :
activité normale, neurogène sub-aigue ou chronique…

Syndrome de la traversée cervico-thoraco-brachiale
L’étude de la conduction nerveuse motrice,
permet l’analyse :
- des vitesses de conduction des nerfs médians et ulnaires
en priorité, au niveau des deux membres supérieurs.
- de l’amplitude des réponses motrices
- de la durée des réponses
Afin de détecter les altérations de la conduction et les pertes axonales
après stimulations électriques tronculaires (Erb, coude, poignet)
L’étude de la conduction des ondes F a un intérêt limité (ne concerne que
2 à 3% des motoneurones)

Syndrome de la traversée cervico-thoraco-brachiale
L’étude de la conduction nerveuse sensitive,
permet de mettre en évidence :
• la localisation d’une éventuelle compression au niveau des deux
membres supérieurs pour les nerfs médian, ulnaire et cutané médial
de l’avant bras.
• la réduction d’amplitude des réponses sensitives.

Syndrome de la traversée cervico-thoraco-brachiale
Le diagnostic électro-neuro-myographique :
Les signes positifs :
• dénervation partielle chronique dans les muscles intrinsèques de la
main (+/-Fuc): tracés neurogènes (qqf encore évolutifs)
• ralentissement de la conduction motrice (et sensitive antidromique) ulnaire
(et motrice médian) au niveau du segment sus-claviculaire / aisselle
• diminution des amplitudes des réponses motrices dans les territoires
ulnaire et médian à la main lors des stimulations proximales et distales
• altération du potentiel sensitif du nerf ulnaire et du cutané médial de
l’avant bras
• abolition de l’onde F ou augmentation de sa latence.

Syndrome de la traversée cervico-thoraco-brachiale
Le diagnostic électro-neuro-myographique :
Les signes négatifs :
• activité normale des muscles long et court extenseurs du pouce.
• respect du potentiel sensitif du nerf médian quant à sa latence et à son
amplitude (diagnostic = CC)

Syndrome de la traversée cervico-thoraco-brachiale
Corrélations électro-cliniques :
« Le diagnostic de STCTB est difficile »
• La symptomatologie est riche et variée et somme toute assez banale,
dans laquelle la douleur, le plus souvent de type neuropathique,
prédomine.
• L’EMG contribue au diagnostic, sans être formel ni fiable.
• D’autres examens doivent ou peuvent être envisagés : la radiographie,
l’echodoppler dynamique, les PES, l’angioscanner et/ou l’angio IRM.
• En fait le diagnostic repose sur un faisceau d’arguments cliniques et
paracliniques dont aucun n’est décisif, mais tous contributifs en cas
d’échec du traitement physique de Rééducation, avant de discuter d’un
traitement chirurgical.

Mlle E : cas clinique 1 :
Corrélations électro-cliniques :
ENMG au MSD :
Détection :
rares fibrillations dans 1 er IOD
tracés neurogènes simples en C8 (1 er IOD,C. Abd V,C. Abd D1, ECD,
FUC).
Tracés normaux en C7
Vitesses de conductions :
sensitives : Amplitude pot. sensitif ulnaire
Amplitude normale du potentiel sensitif médian
0 réponse Nerf cutané médial de l’avant bras D
motrices : Amplitudes distales médian et ulnaire
ENMG au MSG : Normal
Conclusion :
latences distales, vitesses de conduction et ondes F normales
Atteinte radiculaire C8 , dans les territoires médio-ulnaire droits, en faveur d’un
« défilé thoraco-brachial droit ».

Corrélations électro-cliniques :
- IRM médullaire :
- O cavité syringomyélique
- O atteinte radiculaire C8
- Angio-Scanner:
- compression de l’artère sous clavière ++
Diagnostic +++ : STCTB NEUROLOGIQUE ET VASCULAIRE à droite
.

Mme S. : cas clinique 2 :
Corrélations électro-cliniques :
- ENMG au MSG :
. Détection : N. ( Court Abd. D1, Abd. V, Lg Abd D1, Biceps, Deltoïde)
. Vitesses de conductions sensitives et motrices : N.

Corrélations électro-cliniques :
- IRM cervicale :
. Discopathie dégénérative C4-C5, C5-C6, C6-C7
et débord disco-ostéophytique gauche C6-C7(cervico-brachialgie?)
. Angiomes vertébraux en T4 et T5
- Angio-IRM cervicale:
.Muscle accessoire latéro-cervical + un chef accessoire SCM à
gauche, sans compression vasculo-nerveuse.

Mr.G. : cas clinique 3 :
Corrélations électro-cliniques :
ENMG aux MS :
Détection : N. ( Court Abd. D1, Abd. V, Lg Abd D1, Biceps, Deltoïde, ECD)
Vitesses de conductions sensitives et motrices : N.

cas clinique 3
Corrélations électro-cliniques :
- IRM cervicale :
• Pas de discopathie dégénérative
- Angio-scanner dynamique :
• Sténose significative sur 3cm de l’artère sous clavière dans la pince costo
claviculaire, tête tournée du côté homolatéral.
= STCTB VASCULAIRE

Mme L. : cas clinique 4 :
Anamnèse :
2001 : traitement chirurgical d’un syndrome du défilé thoraco-brachial gauche par voie de
Ross avec résection de la 1ère côte et scalénectomie.
Examens para- cliniques en 2009 :
- ENMG au MSD :
. Détection : N. ( Court Abd. pouce, Abd. V)
. Vitesses de conductions sensitives et motrices : N.,
diminution d’amplitude du potentiel sensitif ulnaire évoqué en D5 après
stimulation antidromique au point d’Erb / potentiel sensitif ulnaire gauche
. PES.
Médian D = 17,8 ms Médian G = 17,6 ms
Ulnaire D = 19,3 ms Ulnaire G = 18,4 ms

Cas clinique 4 :
- Examens para-cliniques en 2009 :
ECHODOPLER au MSD :
- Chute des vitesses circulatoires des vaisseaux sous-clavier en hyper abduction.
ANGIOSCANNER :
A gauche :
- Présence d’une côte cervicale et résection de la 1ére côte +fibrose de l’artère sous-
clavière (séquelles intervention de
A droite :
- Rétrécissement de la pince costo-claviculaire
- Hypertrophie du scalène moyen :
- Minime apophysomégalie transverse de C7
= Syndrome des Scalènes ?

• Mr. F. : Cas clinique 5
.
- 13/12/2005 : résection partielle sur10cm de la 1ére côte G
par voie axillaire de Roos, pour un STCTB vasculaire
avec obstruction totale de la veine sous clavière à l’angiographie.
ENMG au MSG :
Détection :
- atteinte neurogène chronique partielle dans 1 er IOD et Abd. V,
Court Abd. Pouce : N
Vitesses de conductions sensitives et motrices :
- ralentissement proximal de la conduction sensitive et motrice du nerf ulnaire et
motrice du nerf médian

•
Mr. F. : Cas clinique 5 .
- ANGIOSCANNER :
« infiltration rétro artérielle au niveau de la pince costo-claviculaire, sans
possibilité d’individualiser les troncs primaires ni secondaires au contact du
moignon postérieur de la 1ère côte, pouvant correspondre à des tissus cicatriciels ».
- IRM du Plexus Brachial :
« remaniement post opératoire au niveau de la 1ère côte gauche, avec contact du
moignon de cette côte avec le tronc inférieur du plexus brachial ».
CONCLUSION
► Avis chirurgical : probable récidive d’une souffrance du tronc primaire
inférieur du plexus brachial.
► Conduite à tenir ; discuter l’indication de l’ablation complémentaire du
moignon costal postérieur résiduel de la 1ère côte.