Blanqui, Adolphe (1798-1854). Histoire de l'économie politique en ...
Blanqui, Adolphe (1798-1854). Histoire de l'économie politique en ... Blanqui, Adolphe (1798-1854). Histoire de l'économie politique en ...
84 HISTOIRE temporains plus d'un de ces princes réformateurs : l'impératrice Catherine en Russie, l'empereur Joseph II en Autriche, le grand-duc de Toscane, le grand-duc de Rade. Il se formait insensiblement en France une p4pi- nière d'hommes d'État imbus de leurs maximes : M. de Gournay, M. de Trudaine, M. de Malesherbes, M. d'Ar- genson, et l'illustre Turgot qui résumait leurs vertus et leurs talents. Tous ces hommes de bien n'adoptaient pas sans réserve les doctrines patriarcales de Mercier de La Riviére; mais ils faisaient pénétrer peu à peu dans le gouvernement les maximes de tolérance de l'école économiste, et ils préludaient par des brillants essais dans quelques provinces, soit comme intendants, soit comme ministres, aux réformes exécutées par la révolution française. Les abus des corporations, des douanes, des corvées, des mesures fiscales, étaient signalés par eux avec une persévérance infatigable; et dans leur ardeur de conquètes scientifiques, ils sou- levaient en passant les plus hautes questions sociales. Leurs erreurs mbmes étaient utiles, et leurs pressenli- ments les plus vagues semblent toujours avoir quelque chose de prophétique. (( Modérez votre enthousiasme, s'écriait Mercier de La Rivière, aveugles admirateurs . des faux produits de l'industrie! Ayant de crier miracle, ouvrez les yeux et voyez combien sont pauvres, du moins malaisés, ces mbmes ouvriers qui ont l'art de changer vingt sous en une valeur de mille écus : au profit de qui passe donc cette multiplication - énorme de va- leurs? Quoi! ceux par les mains desquels elle s'opère, ne connaissent pas l'aisance! ah! défiez-vous de ce con- traste ' ! 8 Mercier n'attribuait sans doute les misères ' Ordre naturel et essentied, tome II, page 407.
DE L'~~CONOMIE POLITIQUE. CHAP. XXXII. 85 de l'industrie qu'à la détresse de l'agriculture et à l'in- suffisance du produit net; mais quoiqu'il se trompht sur les causes, il signalait très-bien les effets ; et le contraste dont il recommandait de se défier, renfermait le pro- blème que l'époque actuelle n'est pas encore parvenue à résoudre. Adam Smith n'a rien écrit de plus net et de pli;s vi- goureux que les belles démonstrations des économistes en faveur de la liberté du commerce. Ces idées de fra- ternité générale parmi les nations, si populaires de nos jours, étaient développées par Mercier de La Rivière, avec une verve entraînante et une force de raison à la- quelle on ne saurait désormais rien ajouter. Il y a méme lieu de penser que cet écrivain remarquable aurait puis- ' samment aidé les gouvernements à trouver la meilleure base d'assiette des impôts, s'il n'avait été dominé par la doctrine du produit net et des classes réputées stériles. L'impôt, disait-il, est une portion du revenu net de la nation, appliqué aux besoins de son gouvernement. Or, ce qui n'est qu'une portion du produit net, ne peut &tre . pris que sur le produit net ; on ne peut donc demander l'impôt qu'à ceux qui se trouvent possesseurs de la totalité des produits nets dont l'impôt fait partie. En conséquence, les économistes considéraient comme arbitraire et injuste tout impôt personnel, et ils enveloppaient dans une réprobation commune toutes les taxes indirectes. Qu'auraient-ils dit s'ils avaient vu, de nos jours, ces taxes produire en ~ngleterre près d'un milliard et en France plus de cinq cents millions? Cette erreur fondamentale qui devint plus tard la base des doctrines financières de l'Assemblée constituante, malgré les efforts de Rœderer et de quelques-uns de ses collègues, était le résultat d'une fausse appréciation des ' '
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Adam Smith n'a ri<strong>en</strong> écrit <strong>de</strong> plus net et <strong>de</strong> pli;s vi-<br />
goureux que les belles démonstrations <strong>de</strong>s économistes<br />
<strong>en</strong> faveur <strong>de</strong> la liberté du commerce. Ces idées <strong>de</strong> fra-<br />
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avec une verve <strong>en</strong>traînante et une force <strong>de</strong> raison à la-<br />
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L'impôt, disait-il, est une portion du rev<strong>en</strong>u net <strong>de</strong> la<br />
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Qu'aurai<strong>en</strong>t-ils dit s'ils avai<strong>en</strong>t vu, <strong>de</strong> nos jours,<br />
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<strong>en</strong> France plus <strong>de</strong> cinq c<strong>en</strong>ts millions?<br />
Cette erreur fondam<strong>en</strong>tale qui <strong>de</strong>vint plus tard la base<br />
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