Blanqui, Adolphe (1798-1854). Histoire de l'économie politique en ...

, meiiré debout; et il plane encore de toute sa hauteur
sur nos institutions, qui n'ont pas perdu, malgré le choc
des révolutions, l'empreinte de son imposante originalité.
C'est à Colbert qu'appartient l'honneur d'en avoir doté
la France, et d'avoir compris le premier, dans toute leur
étendue, les ressources de la production. Sully avait
voulu maintenir la France dans les limites étroites d'un
système exclusivement agricole et patriarcal ; il s'était
opposé de toutes ses forces au développement des manu-
factures, et il n'avait vu dans le commerce qu'une
chance dangereuse d'exportation pour les'espèces. L'aus-
térité de son économie politique s'était perpétuée sous
le règne mbme de Louis XIII, par des règlements somp-
tuaires et des ordonnances d'un caractère hostile au
progrès des richesses. Colbert ouvrit la carrière au tra-
vail national d'une manière régulière et savante, et nous
ne saurions douter que sa législation n'ait devancé d'un
siècle au moins les théories de l'6conomie politique mo-
derne. Par lui, la France agrandit ses frontières et se
mit en relation avec le monde; clle cessa d'étre exclu-
sivement agricole, et elle s'enrichit tout à la fois de ln
valeur nouvelle donnée à son territoire et à ses habitants.
Cette Bpoque demeurera éternellement célèbre dans
les annales de la science, parce qu'elle a démontré l'u-
nion intime du progrès matériel et du progrès social.
Que d'existences commerciales ont dû leur origine à ces
belles ordonnances sur la marine, sur le négoce, sur les
manufactures, dont Colbert était le dispensateur et I'or-
gane ! Quand on les étudie avec attention, il est facile
de reconnaître qu'elles ont suscité à l'aristocratie fon-
ciére une rivalit6 formidable, en donnant à tous les
citoyens la facilitt. de s'élever à la fortune par la seule
influence du travail. Lcs forces de la nation en ont été