Blanqui, Adolphe (1798-1854). Histoire de l'économie politique en ...
Blanqui, Adolphe (1798-1854). Histoire de l'économie politique en ... Blanqui, Adolphe (1798-1854). Histoire de l'économie politique en ...
64 HISTOIRE Law, et de l'aveuglement profond oh la fureur des spéculations avait plongé les gens les plus raisonnables. Cependant, le moment de la criSe approchait, sans que personne os%t la prévoir, pas méme Law lui-mbme, qui semblait croire à la durée indéfinie de son système. II n'y avait plus de garantie possible pour un capital porté à plus de dix milliards ; et quand mène le lississipi eût été un véritable Eldorado, quatre cents mi1lio;s auraient à peine suffi S assurer un intérêt de 4 ou 5 p. cent au chiffre idéal des actions. On fut bientôt obligé d'imposer, par autorité, une foule de mesures qui au-' raient dû étre le résultat de la. confiance, et dès ce moment la confiance fut ébranlée. Law crut devoir soutenir les billets de sa banque par des édits qui en défendaient la conversion, à Paris, contre des matières d'or et d'argent; puis il fit ordonner que les impôts seraient payés en billets; puis enfin que les créanciers auraient droit d'exiger aussi, en billets, la payement de leurs créances. Mais ces vains expédients ne firent que hater l'explosion de la catastrophe. Les plus prudents s'empressèrent de ~éaliser, c'est-à-dire de convertir en terres, en meubles, en maisons, le montant de leurs actions ou de leurs billets, et l'on vit alors un phénomène entièrement contraire à celui que nous avons déjà 'signalé, les porteurs d'effets courir après toutes les valeurs solides, tandis qu'auparavant ils semblaient trop lieureux de se débarrasser de ces valeurs pour avoir des effets. Les prix s'élevèrent presque subitement à un taux inconnu jusqu'alors, et l'affluence devint de jour en jour plus considbrable à la banque, pour obtenir des remboursements en espèces. On crut pourvoir à cc danger en forçant le cours 'des billets, et en annonçant, pour maintenir la confiance ébranlée, des dividendes qui ne pouvaient étre payés.
DE L'ÉCONOMIE POTAITIQUE. CHAP. XXXI. 65 Puis vinrent les mesures folles : l'a défense de porter des pierreries et des diamants, de peur qu'on n'en achetdt en échange d'actions ou de billets de banque; la confis- cation des vieilles espèces et les visites domiciliaires pour les découvrir. La chute des actions n'en marchait pas moins d'un pas rapide, ail grand désespoir des mal- heureux .qui avaient échangé des biens réels contre des richesses fictives, et au bruit des saturnales de tous les nouveaux earichis, qui avaient consolidé leur fortune par des achats de terres ou par des placements à l'étran- ger. Le fameux édit du 5 mars 1720 mit le comble à cet échafaudage de mesures violentes, qui a déversé sur le système de Law le blhme un peu partial de la posté- rité.. Cet édit, assimilant par des combinaisons astu- cieuses les billets de la banque aux actions de la com- pagnie des Indes, c'est-à-dire des valeurs obtenues en échange de titres sérieux à des valeurs éminemment Gc- tives et éventuelles, fut une véritable banqueroute, qii'aiicun'historien n'a essayé de dissimuler. Nous au- rions peine à comprendre aujourd'hui à quels tristes expédients Law se crut obligé de descendre, après ce dernier coup. Les édils désespérés qu'il fit rendre rap- - pellent quelques-unes iles mesures de la terreur de 1793 ', y compris la délation contre les détenteurs de l'or et de l'argent, et la perturbation du système moné- taire. La science n'a que faire de ces aberrations d'uv homme de génie aux abois, "si ce n'est de regretter qu'il y ait été amené, pour ainsi dire malgré lui, par la nE- 1 Il Btait defendu de garder plus de cinq cents francs en cspè ces, sous peine d'une amende de dix mille francs. Aucun ouvrage d'or ne devait peser plus d'une once. On fixa le poids de tous les arlicles d'orfèvrerie, celui des plats, des sucriers, des flambeaux. Le ridicule ici le disputait à i'odieux. 1.
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Puis vinr<strong>en</strong>t les mesures folles : l'a déf<strong>en</strong>se <strong>de</strong> porter <strong>de</strong>s<br />
pierreries et <strong>de</strong>s diamants, <strong>de</strong> peur qu'on n'<strong>en</strong> achetdt<br />
<strong>en</strong> échange d'actions ou <strong>de</strong> billets <strong>de</strong> banque; la confis-<br />
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pour les découvrir. La chute <strong>de</strong>s actions n'<strong>en</strong> marchait<br />
pas moins d'un pas rapi<strong>de</strong>, ail grand désespoir <strong>de</strong>s mal-<br />
heureux .qui avai<strong>en</strong>t échangé <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s réels contre <strong>de</strong>s<br />
richesses fictives, et au bruit <strong>de</strong>s saturnales <strong>de</strong> tous les<br />
nouveaux earichis, qui avai<strong>en</strong>t consolidé leur fortune<br />
par <strong>de</strong>s achats <strong>de</strong> terres ou par <strong>de</strong>s placem<strong>en</strong>ts à l'étran-<br />
ger. Le fameux édit du 5 mars 1720 mit le comble à<br />
cet échafaudage <strong>de</strong> mesures viol<strong>en</strong>tes, qui a déversé sur<br />
le système <strong>de</strong> Law le blhme un peu partial <strong>de</strong> la posté-<br />
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cieuses les billets <strong>de</strong> la banque aux actions <strong>de</strong> la com-<br />
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échange <strong>de</strong> titres sérieux à <strong>de</strong>s valeurs éminemm<strong>en</strong>t Gc-<br />
tives et év<strong>en</strong>tuelles, fut une véritable banqueroute,<br />
qii'aiicun'histori<strong>en</strong> n'a essayé <strong>de</strong> dissimuler. Nous au-<br />
rions peine à compr<strong>en</strong>dre aujourd'hui à quels tristes<br />
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<strong>de</strong>rnier coup. Les édils désespérés qu'il fit r<strong>en</strong>dre rap-<br />
- pell<strong>en</strong>t quelques-unes iles mesures <strong>de</strong> la terreur <strong>de</strong><br />
1793 ', y compris la délation contre les dét<strong>en</strong>teurs <strong>de</strong><br />
l'or et <strong>de</strong> l'arg<strong>en</strong>t, et la perturbation du système moné-<br />
taire. La sci<strong>en</strong>ce n'a que faire <strong>de</strong> ces aberrations d'uv<br />
homme <strong>de</strong> génie aux abois, "si ce n'est <strong>de</strong> regretter qu'il<br />
y ait été am<strong>en</strong>é, pour ainsi dire malgré lui, par la nE-<br />
1 Il Btait <strong>de</strong>f<strong>en</strong>du <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r plus <strong>de</strong> cinq c<strong>en</strong>ts francs <strong>en</strong> cspè<br />
ces, sous peine d'une am<strong>en</strong><strong>de</strong> <strong>de</strong> dix mille francs. Aucun ouvrage<br />
d'or ne <strong>de</strong>vait peser plus d'une once. On fixa le poids <strong>de</strong> tous les<br />
arlicles d'orfèvrerie, celui <strong>de</strong>s plats, <strong>de</strong>s sucriers, <strong>de</strong>s flambeaux.<br />
Le ridicule ici le disputait à i'odieux.<br />
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