Blanqui, Adolphe (1798-1854). Histoire de l'économie politique en ...

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60 H~STOIRE Indes occidentales. Les actions de cette compagnie ayant baissé considérablement, Law, qui voulait les soutenir, s'obligea à les acheter au-dessus du pair à une époque donnée, s'engageant à payer une prime égale à la dilfé- rence du piix de bourse avec le pair. Chacun voulut courir la chance du bénéfice qui en résultait , et les ac- tions montèrent. Elles montèrent bien davantage encore, qpand Law, en possession de la faveur du régent, eut fait joindre au privilége de la compagnie des Indes oc- cidentales le monopole des Indes orientales, avec l'au- torisation d'émettre un nouveau capital capable de suffire à la grandeur de cette association. Des combi- naisons habiles, parce qu'elles étaient neuves, firent affluer les espèces dans les coffres du novateur écossais. II donnait du temps aux actionnaires pour acquitter le montant de leurs actions, sans songer que le temps lui manquerait A lui-même pour achever son œuvre, et qu'on lui reprocherait bientbt la nine du pays; mais enfin il donnait du temps, le temps dont les Américains de nos jours ont dit qu'il valait de l'argent , time is money. Les spéculateurs achetèrent à la fois des actions et des espérances, et Law redoubla d'efforts pour donner de la valeur aux unes et aux autres. L'argent versé grands flots dans les caisses de l'État lui inspira l'idée d'une refonte des monnaies : il s'en fit accorder la fabri- cation exclusive par un édit, dont la faveur coûta cin- quante millions à la banque. Ainsi commencèrent ces concessions réciproques entre le gouvernement et le systdme, le premier accordant toujours et le second pro- mettant sans cesse, avec la meme irréflexion et la m&me insouciance de l'avenir. Il y eut pourtant d'énormes bénéfices recueillis par suite de la refonte des monnaies, et pour peu que la compagnie des Indes eût fourni sa

DE L'ÉCONOMIE POLITIQUE. CHAP. XXXI. 61 part de dividendes, la banque royale aurait été assise sur des bases inébranlables. L'avidité. des gens de cour et la folie des spéculateurs en décidèrent autrement. Déjà les actions s'étaient élevées à un taux que ne justifiaient ni les garanties offertes par la compagnie, ni mbme les chances de profit les plus exagérées. Ce ne fut plus qu'un jen, dont l'histoire est trop connue pour qu'il soit nécessaire d'en donner les détails. 11 suffit de dire que la hausse des actions improvisa des fortunes vraiment fabuleuses, et amena, dans la propriété, des déplacements qui n'ont pas tous été sans avantage pour la prospérité générale du pays. L'aristocratie foncière, lasse de posséder des terres dont les revenus modestes ne ponvaient se comparer aux produits éblouissants de l'agiotage, échangea ses prés et ses bois contre des ac- tions; les salaires s'élevèrent à un tauxinconnu jusqu'a- lors, et les marchandises qui encombraient les maga- sins ne purent suffire à l'empressement des acheteurs. Law semblait parvenu au comble de ses vaux. Si quel- ques rivaux nial inspirés achetaient ses billets pour l'in- quiéter par de fortes demandes de remboursement en écus, il faisait rendre un édit qui réduisait la valeur des espices, et il déconcertait les coalitions par l'audace de son alliance avec le gouvernement. Jamais, il faut le dire, des expériences plus hardies ne furent faites avec une telle promptitude et sur une telle échelle; jamais des théorics plus aventureuses n'eurent à leur service un pouvoir plus absolu. Il ne restait plus qu'une dernière tentative, la plus dangereuse, il est vrai, mais la plas séduisante de toutes, le remboursement de la dette pu- blique. Celle-là devait rencontrer:moins qu'aucune autre des obstacles de la part du régent ; mais elle eut le dé- faut d'ètre exécutée sans précaution et d'une maniere Ie ÉDIT. T. II. 4

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In<strong>de</strong>s occi<strong>de</strong>ntales. Les actions <strong>de</strong> cette compagnie ayant<br />

baissé considérablem<strong>en</strong>t, Law, qui voulait les sout<strong>en</strong>ir,<br />

s'obligea à les acheter au-<strong>de</strong>ssus du pair à une époque<br />

donnée, s'<strong>en</strong>gageant à payer une prime égale à la dilfé-<br />

r<strong>en</strong>ce du piix <strong>de</strong> bourse avec le pair. Chacun voulut<br />

courir la chance du bénéfice qui <strong>en</strong> résultait , et les ac-<br />

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qpand Law, <strong>en</strong> possession <strong>de</strong> la faveur du rég<strong>en</strong>t, eut<br />

fait joindre au privilége <strong>de</strong> la compagnie <strong>de</strong>s In<strong>de</strong>s oc-<br />

ci<strong>de</strong>ntales le monopole <strong>de</strong>s In<strong>de</strong>s ori<strong>en</strong>tales, avec l'au-<br />

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suffire à la gran<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> cette association. Des combi-<br />

naisons habiles, parce qu'elles étai<strong>en</strong>t neuves, fir<strong>en</strong>t<br />

affluer les espèces dans les coffres du novateur écossais.<br />

II donnait du temps aux actionnaires pour acquitter le<br />

montant <strong>de</strong> leurs actions, sans songer que le temps lui<br />

manquerait A lui-même pour achever son œuvre, et<br />

qu'on lui reprocherait bi<strong>en</strong>tbt la nine du pays; mais<br />

<strong>en</strong>fin il donnait du temps, le temps dont les Américains<br />

<strong>de</strong> nos jours ont dit qu'il valait <strong>de</strong> l'arg<strong>en</strong>t , time is<br />

money. Les spéculateurs achetèr<strong>en</strong>t à la fois <strong>de</strong>s actions<br />

et <strong>de</strong>s espérances, et Law redoubla d'efforts pour donner<br />

<strong>de</strong> la valeur aux unes et aux autres. L'arg<strong>en</strong>t versé<br />

grands flots dans les caisses <strong>de</strong> l'État lui inspira l'idée<br />

d'une refonte <strong>de</strong>s monnaies : il s'<strong>en</strong> fit accor<strong>de</strong>r la fabri-<br />

cation exclusive par un édit, dont la faveur coûta cin-<br />

quante millions à la banque. Ainsi comm<strong>en</strong>cèr<strong>en</strong>t ces<br />

concessions réciproques <strong>en</strong>tre le gouvernem<strong>en</strong>t et le<br />

systdme, le premier accordant toujours et le second pro-<br />

mettant sans cesse, avec la meme irréflexion et la m&me<br />

insouciance <strong>de</strong> l'av<strong>en</strong>ir. Il y eut pourtant d'énormes<br />

bénéfices recueillis par suite <strong>de</strong> la refonte <strong>de</strong>s monnaies,<br />

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