Blanqui, Adolphe (1798-1854). Histoire de l'économie politique en ...

56 HISTOIRE
gagnait mbme les ktrangers, et I'iisure cessait d'exercer
ses ravages. Le gouvernement ajouta sa sanction à celle
du public en recevant comme espèces les billets de la
banque de Law. C'était le premier essai qu'on faisait en
France de cette monnaie nouvelle, et l'on peut affirmer
hardiment que l'usage en serait devenu général, s'il
n'avait aussi promptement dégénéré en abus. En effet,
dés que le régent eut rendu l'édit du 10 avril 1717, qui
obligeait les 'fermiers et les receveurs des impôts d'ac-
quitter en espèces les billets de la banque, toutes les
fois qu'il leur en serait présenté, ces billets acquirent
une importance considérablo ; l'argent Cessa de voyager
et se réfugia dans les caisses des provinces ou dans
celles de la banque, pour y faire face aux rembourse-
ments, d'autant moins demandés que le papier était
campagnes; elle alla y tirer les uns et les autres de l'oppression
des deltes que l'indigence avail fait contracter ; elle réveilla i'in-
dusirie, elle rendit la valeur à tous les biens-fonds, qui avait été
suspendue par ces detles, elle mit le roi en etat de libBrer et de
remettre à ses sujets plus de cinquante-deux millions d'imposi-
tions des années antérieures à 1716, et pour plus de trente-cinq
millions de droits éteihts pendant la regence ; elle flt baisser l'in-
térêt des rentes,. elle écrasa l'usure, elle portailes terres au de-
nier 80 et 100, elle fit élever des Bdifices dans les villes et dans les
campagnes, rkparer les anciens qui tombaient en ruines, d6fricher
les terres, donner des valeurs à des matéfiaux tirés du sein de la
terre, qui n'en avaient point auparavant; elle rappela nos ci-
toyens que la misèreavait forcés d'aller ailleurs chercher à vivre;
enlin, cette abondance attira les richesses étrangères; les bijoux,
les pierres précieuses, et tout ce qui pouvait accompagner le luxe
et la magnificence, nous vinrent des pays étrangers. Que ces pro-
diges ou ces merveilles aient Blé produits par i'art, par la cm-
fiarice, par la crainte ou par des chimères, si on le veut, on n?
saurait s'empêcher de convenir que ce1 art, que cette confiance,
que cette crainte ou que ces chimères avaient opéré toutes ces
rkaliles, que l'ancienne administralion n'auraitjamais produites. w
(Répexions politiques sur les finances et sur le çom-
. naerce de France, tome 101.)