Blanqui, Adolphe (1798-1854). Histoire de l'économie politique en ...

. DE L'ECONOMIE POLITIQUE. CHAP. XXXI. 55
vaste et sûr de Law avait compris de prime abord la
nécessité de fournir à bon marché des capitaux au tra-
vail. Il avait remarqué que le crédit individuel, c'est-à-
dire celui des banquiers et des marchands d'argent,
était souvent funeste à l'industrie, à cause du despo-
tisme exercé par les prkteurs sur les travailleurs ; et il
voulait substituer à la commandite du crédit individuel
la commandite du crédit de l'État. a N'oubliez pas,
disait-il au régent, que l'introduction du crédit a plus
apporté de changement entre les puissances de l'Europe
que la dhcouverte des Indes ; que c'est ail souverain à
le donner, non à le recevoir. a
Toutes ses idées se tournèrent.donc, dès le principe,
vers les moyens d'assurer au gouvernement la direction
du crédit public, en mettant entre ses mains l'adminis-
tration d'une banque générale chargée de percevoir
tous les xevenus de I'lhat et d'exploiter tous les mono-
poles dont il serait investi. Mais, soit que les tlléories de
finances fussent alors comprises de peu de monde, soit
que la nouveavté du projet eût effrayé les esprits, Law
n'obtint que le droit d'établir une banque privée, par-
faitement semblable, à beaucoup d'égards, à ce qu'est,
de nos jours, la banqùe de France, et dont le fonds
social fut de six millions, divisés en douze cents actions
de cinq mille francs chacune. Cette banque était auto-
risée à escompter les lettres de change, à se charger
des comptes des négociants et à émettre des billets
payables au porteur, en écus du poids et du titre de
l'écu du jour. A peine cette banque était-elle fondée que
le crédit reparaissait de toutes parts ', la confiance
'4 Dulot d6cr.it ainsi, en les exagerant, les avantages produits
par la banque de Law :
« L'abondance se rkpandit bient8t dans les villes.et dans les