Blanqui, Adolphe (1798-1854). Histoire de l'économie politique en ...

DE L'BCONOMIE POLITIQUE. CHAP. XXX. 47
le crédit a opéré une profonde révolution dans les rela-
tions des peuples. Chaque instant nous révèle des ma-
tières noui.elles dont la production s'empare au moyen
du crédit, et que le crédit seul permet d'expédier aux
extrémités du monde. Les entreprises colossales dont
notre siècle ouvre la marche, l'esprit d'association qui
s'étend comme un réseau sur la surface de l'Europe, la
lutte qui s'établit partout entre la civilisation et les .
débris de 1s barbarie, tout est l'œuvre du crédit; tout
vient de cette idée si féconde et si simple, qui donna
naissance aux banques de circuIation et principalement
à la banque d'Angleterre. Tout homme a pu, dès lors,
porter'sa tkte haute avec la fierté que donne l'espoir
d'une indépendance honorable. La propriété foncière
a vu s'élever à côt6 de ses donjons les usines de l'indus-
trie; les mers se sont couvertes de navires et les rives
étrangères de colonies européennes. Tout a marché d'un
pas rapide et le monde a fait plus de chemin depuis deux
cents ans qu'il n'en avait fait dans les dix siècles anté-
rieurs. L'liistoire est là pour prouver que cette puissance
da crédit est celle qui doit décider désormais en dernier
ressort des grands débats de ce monde, témoin la Hol-
lande qui finit par humilier Louis XIY, et l'Angleterre
qui a envoyé Napoléon mourir à Sainte-Ilklène.
Les commeilcerilents de cette puissance ont néanmoins
été très-modestes, même en Angleterre, où la première
banque de circulation sembla d'abord se modeler sur
celles de Venise et de Gênes, et ne fut pendant long-
temps qu'un bureau de la trésorerie. En 2694, on la vit
tour A tonr prêter son capital entier au gouvernement .
ët exiger de lui des intérêts de 8 pour cent; puis dou-
bler ce m&mc capital en 1696 et le prêter encore, en
1708, après l'avoir doublé une seconde fois. En vain