Blanqui, Adolphe (1798-1854). Histoire de l'économie politique en ...

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264 HISTOIRE poussé trop loin d'esprit d'association. Il suppose que les capitalistes du phalanstère , intéressés à ménager leurs ouvriers, sans lesquels les capitaux demeureraient stériles, leur feront une part raisonnable, et que les travailleurs, convaincus de l'impossibilité de travailler sans capitaux, ménageront à leur tour les capitalistes dans la répartition des profits. Il y aura donc un lot pour le capital, un pour le travail, un pour le talent. Mais comment apprécier justement le travail, le talent? Selon leur utilité ; car Fourier donne la préférence aux arts utiles sur les arts agréables. Il reconnaît des tra- vaux de nécessité, de simple utilité et d'agrément. Les premiers seront les plus rbcompensés comme étant généralement les plus pénibles; les travaux agréables trouveront une partie de leur récompense dans leur agrément m&me. Les manœuvres seront mieux rétribués que les artistes. Fourier pensait ainsi relever les classes pauvres de l'état de miskre où elles sont tombées, et il s'irnaginaitfaire disparaître lescauses de haine ou d'envie qui les séparent, depuis l'origine du monde, des classes riches. Il n'y aurait plus de pauvres. La moindre dose de travail repoussant conduirait à un salaire Bevé, et l'hannolzz'e universelle ne tarderait pas à s'établir entre des castes trop longtemps ennemies. Le grand homme, dans les beaux-arts, dans les sciences, dans l'industrie, serait l'élu de toutes les phalanges, le pensionné de tous les travailleurs. Plus de procès, plus d'hôpitaux, plus de prisons, plus d'ingratitudes ou de rigueurs sociales ! J'oublie de dire aussi plus d'armées ! plus de guerres ! ou plut& quelles armées ! quelles guerres! des armées d'industriels d'dite, marchant à l'exécution des travaux les plus gigantesques sur toute la surface du globe, les

DE L'ÉCONOMIE POLITIQUE. CHAP. XLIV. 265 unes coupant l'isthme de Suez, d'autres l'isthme de Pa- nama; celles-ci, creusant le lit des fleuves, celles-là, faiqant communiquer les lacs, desséchant les marais ou épuisant les mines. On avu ce que seraient les villages : jugez ce que devront htre les villes ! Les sympathies qui unissent les phalanges, présideront aux relations d'un ordre plus élevé qui s'établiront entre les cités, et quand leurs forces individuelles n'y suffiront pas, les armées se mettront en marche, non plus dès lors pour détruire et piller comme aujourd'hui, mais pour édifier et em- bellir. Dans l'ordre politique, élection universelle, liberté absolue, égalité complète, absence de gouverne- ment cil un mot. A quoi bon songer aux tempêtes, quand on supprime ,tous les vents, excepté les zéphyrs? L'auteur pouvait du même point de vue proclamer le printemps perpétuel. On ne saurait, pourtant, parler avec ironie des rbves de Fourier. Un homme qui voue sa vie entière au culte d'une telle idée, qui veut faire concourir les passions au bien de l'humanité, qui entreprend d'associer les familles et les intérbts, et qui travaille avec une telle énergie à l'abolition des misères sociales, n'est point un utopiste vulgaire, quoique tous ses projets tiennent de l'utopie. Une utopie n'est souvent qu'une opinion avancée proclamée à la face d'une génération qui ne la comprend pas encore, et destinée à devenir un lieu commun pour la génération qui suit. Fourier a jeté les îondements d'une théoriequi conlmenceà porter ses fruits, car les hommes même qui ne l'ont pas étudiée, y obéis- sent par une sorte d'instinct, en s'associant sous toutes sortes de formes dans des intérêts matériels ou moraux. L'école sociétaire eût fait beaucoup plus de prosélytes en- core, si Fourier n'avait pas affecté un si profond dédain

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poussé trop loin d'esprit d'association. Il suppose que<br />

les capitalistes du phalanstère , intéressés à ménager<br />

leurs ouvriers, sans lesquels les capitaux <strong>de</strong>meurerai<strong>en</strong>t<br />

stériles, leur feront une part raisonnable, et que les<br />

travailleurs, convaincus <strong>de</strong> l'impossibilité <strong>de</strong> travailler<br />

sans capitaux, ménageront à leur tour les capitalistes<br />

dans la répartition <strong>de</strong>s profits. Il y aura donc un lot<br />

pour le capital, un pour le travail, un pour le tal<strong>en</strong>t.<br />

Mais comm<strong>en</strong>t apprécier justem<strong>en</strong>t le travail, le tal<strong>en</strong>t?<br />

Selon leur utilité ; car Fourier donne la préfér<strong>en</strong>ce aux<br />

arts utiles sur les arts agréables. Il reconnaît <strong>de</strong>s tra-<br />

vaux <strong>de</strong> nécessité, <strong>de</strong> simple utilité et d'agrém<strong>en</strong>t. Les<br />

premiers seront les plus rbcomp<strong>en</strong>sés comme étant<br />

généralem<strong>en</strong>t les plus pénibles; les travaux agréables<br />

trouveront une partie <strong>de</strong> leur récomp<strong>en</strong>se dans leur<br />

agrém<strong>en</strong>t m&me. Les manœuvres seront mieux rétribués<br />

que les artistes. Fourier p<strong>en</strong>sait ainsi relever les classes<br />

pauvres <strong>de</strong> l'état <strong>de</strong> miskre où elles sont tombées, et il<br />

s'irnaginaitfaire disparaître lescauses <strong>de</strong> haine ou d'<strong>en</strong>vie<br />

qui les sépar<strong>en</strong>t, <strong>de</strong>puis l'origine du mon<strong>de</strong>, <strong>de</strong>s classes<br />

riches. Il n'y aurait plus <strong>de</strong> pauvres. La moindre dose<br />

<strong>de</strong> travail repoussant conduirait à un salaire Bevé, et<br />

l'hannolzz'e universelle ne tar<strong>de</strong>rait pas à s'établir <strong>en</strong>tre<br />

<strong>de</strong>s castes trop longtemps <strong>en</strong>nemies. Le grand homme,<br />

dans les beaux-arts, dans les sci<strong>en</strong>ces, dans l'industrie,<br />

serait l'élu <strong>de</strong> toutes les phalanges, le p<strong>en</strong>sionné <strong>de</strong><br />

tous les travailleurs. Plus <strong>de</strong> procès, plus d'hôpitaux,<br />

plus <strong>de</strong> prisons, plus d'ingratitu<strong>de</strong>s ou <strong>de</strong> rigueurs<br />

sociales !<br />

J'oublie <strong>de</strong> dire aussi plus d'armées ! plus <strong>de</strong> guerres !<br />

ou plut& quelles armées ! quelles guerres! <strong>de</strong>s armées<br />

d'industriels d'dite, marchant à l'exécution <strong>de</strong>s travaux<br />

les plus gigantesques sur toute la surface du globe, les

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