Blanqui, Adolphe (1798-1854). Histoire de l'économie politique en ...

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20 HISTOIRE leurs heureux possesseurs une suprématie enviée des autres peuples. C'est pour obtenir sa part de l'or ré- pandu en Europe que la Fcancc voulut avoir ses comptes soldés en espèces, malgré le cortége de vexations de tout genre dont cette résolution devait étre accom- pagnée. Jamais, il faut le dire, aucun paradoxe ne fut ac- cueilli avec plus d'enthousiasme que celui sur lequel reposait toute la théorie du systeme mercantile. En France, en Angleterre, en Allemagne, en Italie, en Es- pagne, tous les écrivains se montrèrent unanimes à vanter les merveilles de l'isolement industriel, sans considérer que ce système se détruisait en se générali- sant, et que l'espoir de vendre sans acheter serait perdu le jour où chaque peuple voudrait forcer ses voisins d'acheter sans vendre. Les plus savants économistes se firent les propagateurs de cette doctrine, et il y en eut un si grand nombre, que la seule nomenclature de leurs écrits occupera plusieurs pages de cet ouvrage 1. L'ad- ministration ne tarda point à s'associer à leurs idées, qui ont donné naissance à tous les obstacles réservés à la grande réforme commerciale dont nous entrevoyons l'aurore. Si de grands intéréts privés ont été créés sous l'empire de ce préjugé, ce n'est point un motif pour désespérer des améliorations impérieusement rkclamées par l'intérét général. (( Le licenciement d'une armée, dit Adam Smith, entraîne bien aussi quelqiies inconvé- nients : faut-il donc demeurer dans un état de guerre perpétuel, de peur de renvoyer quelques soldats? Le système mercantile n'a vécu si longtemps que parce qu'il fut, dès le principe, revétu d'une forme 4 Voir la Bibliographie raisonnée à la GD de ce volume.

- DE L'ÉCONOMIE POLITIQUE. CHAP. XXVIII. 21 dogmatique. La richesse, c'est, disaibon, l'argent; avec i'argent, on dispose du travail, et l'on fournit la subsis- - tance aux travailleurs. L'argent est le nerf de la guerre et la source de la puissance. Quiconque en possède commande à qui n'en a pas. Tous les efforts d'un bon gouvernement doivent donc avoir pour but d'en procurer le plus qossible à la nation ; et comme la quantité qui se trouve dans chaque Etat ne peut s'augmenter que par l'exploitation des mines ou les importations du dehors, il faut avoir des mines ou accaparer le numéraire étranger par le commerce d'exportation. Au point de vue de ce système, le commerce intérie'ur est presque sans importance, parce qu'il n'augmente pas la masse des espèces, et que le résultat des échanges ne donne aucune balance favorable en écus. Ce que l'un perd, l'autre le gagne, mais il n'y a pas accroissement de richesses. Le commerce étranger présente au contraire l'immense avantage de solder les transactions en argent, et c'est pourquoi il faut les régler de manière à exporter beaucoup et à importer fort peu. Le beau idéal serait de ne rien importer du tout, inais on s'est borné à exiger qu'une nation ne fît d'autres échanges que ceux qui procurent un solde en espèces, et l'on dit, dans ce cas, que la balance du commerce lui a été favorable. Les conséquences de ce système sont aisées à déduire : pour que l'étranger n'emporte pas notre or, il ne faut rien lui acheter qui se paye en écus, et il faut lui vendre tout ce que nous pourrons pour avoir son argent. Mais s'il lui prenait envie de fabriquer à son tour et de se passer de nous? En ce cas, nous avons 'a ressource de prohiber la sortie de nos matières premières, afin de l'empêcher de travailler et de le forcer

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DE L'ÉCONOMIE POLITIQUE. CHAP. XXVIII. 21<br />

dogmatique. La richesse, c'est, disaibon, l'arg<strong>en</strong>t; avec<br />

i'arg<strong>en</strong>t, on dispose du travail, et l'on fournit la subsis- -<br />

tance aux travailleurs. L'arg<strong>en</strong>t est le nerf <strong>de</strong> la guerre<br />

et la source <strong>de</strong> la puissance. Quiconque <strong>en</strong> possè<strong>de</strong><br />

comman<strong>de</strong> à qui n'<strong>en</strong> a pas. Tous les efforts d'un bon<br />

gouvernem<strong>en</strong>t doiv<strong>en</strong>t donc avoir pour but d'<strong>en</strong> procurer<br />

le plus qossible à la nation ; et comme la quantité<br />

qui se trouve dans chaque Etat ne peut s'augm<strong>en</strong>ter<br />

que par l'exploitation <strong>de</strong>s mines ou les importations du<br />

<strong>de</strong>hors, il faut avoir <strong>de</strong>s mines ou accaparer le numéraire<br />

étranger par le commerce d'exportation. Au point<br />

<strong>de</strong> vue <strong>de</strong> ce système, le commerce intérie'ur est presque<br />

sans importance, parce qu'il n'augm<strong>en</strong>te pas la masse<br />

<strong>de</strong>s espèces, et que le résultat <strong>de</strong>s échanges ne donne<br />

aucune balance favorable <strong>en</strong> écus. Ce que l'un perd,<br />

l'autre le gagne, mais il n'y a pas accroissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

richesses. Le commerce étranger prés<strong>en</strong>te au contraire<br />

l'imm<strong>en</strong>se avantage <strong>de</strong> sol<strong>de</strong>r les transactions <strong>en</strong> arg<strong>en</strong>t,<br />

et c'est pourquoi il faut les régler <strong>de</strong> manière à<br />

exporter beaucoup et à importer fort peu. Le beau idéal<br />

serait <strong>de</strong> ne ri<strong>en</strong> importer du tout, inais on s'est borné<br />

à exiger qu'une nation ne fît d'autres échanges que<br />

ceux qui procur<strong>en</strong>t un sol<strong>de</strong> <strong>en</strong> espèces, et l'on dit,<br />

dans ce cas, que la balance du commerce lui a été<br />

favorable.<br />

Les conséqu<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> ce système sont aisées à déduire :<br />

pour que l'étranger n'emporte pas notre or, il ne faut<br />

ri<strong>en</strong> lui acheter qui se paye <strong>en</strong> écus, et il faut lui<br />

v<strong>en</strong>dre tout ce que nous pourrons pour avoir son arg<strong>en</strong>t.<br />

Mais s'il lui pr<strong>en</strong>ait <strong>en</strong>vie <strong>de</strong> fabriquer à son tour<br />

et <strong>de</strong> se passer <strong>de</strong> nous? En ce cas, nous avons 'a<br />

ressource <strong>de</strong> prohiber la sortie <strong>de</strong> nos matières premières,<br />

afin <strong>de</strong> l'empêcher <strong>de</strong> travailler et <strong>de</strong> le forcer

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