Blanqui, Adolphe (1798-1854). Histoire de l'économie politique en ...

256 , HISTOIRE
eux-mbmes, en se retirant sur les hauteurs du village
de Ménilmontant, dans l'intention d'y gloriiier le travail.
Ce fut un d4plorable spectacle de voir des chimistes ha-
biles, des ingénieurs distingués, des penseurs originaux
et profonds, ravalés au dernier rang des manœuvres, et
réduits par une aberration de leur propre volonté aux
travaux les plus vulgaires de la vie domestique. Eu
agissant ainsi, ils dégradaient l'intelligence et mécon-
naissaient les premières régles de la division du travail.
Qu'auraient-ils dit, eux si sérieusement hiérarchiques
siles classes laborieiises, quittant le soc de la charrue
ou le marteau de l'industrie, s'étaient emparées des
domaines de l'intelligence pendant que les chefs de la
religion industrielle se livraient humblement h des tra-
vaux manuels'? Quelle cchtradiction dans les actions et
dans les paroles ! Et ce n'était pas la seule : on est sur-
pris, en étudiant leurs doctrines, de vindépendance des
principes et de l'absolutisme des prescriptions; on a de
la peine à associer ces projets d'émancipation des tra-
vailleurs avec les règles sévères qui leur étaient impo-
sées. Les Saint-simoniens on? un point de ressemblance
avec les physiocrates, auxquels ils semblent aussi avoir
emprunté le dogme de l'obéissance passive et d'un res-
pect idolatre pour l'autorité. Cette erreur pourtant a 6th
moins nuisible qu'utile. On s'était trop habitué en
France sous la Restauration, et malheureusement avec
quelques motifs, à fronder le pouvoir : on l'observait
avec défiance; on lui obéissait avec humeur. Une hosti-
lité systématique accueillait la plupart de ses mesures
ou en paralysait les effets; de sorte que la puissance
publique allait s'affaiblissant chaque jour, au grand
détriment de la prospérité et de la dignité du pays. Les
Saint-simoniens, envers lesquels le pouvoir s'est montré