Blanqui, Adolphe (1798-1854). Histoire de l'économie politique en ...

DE L'BCOWOMIE POLITIQUE. CHAP. XLIII. 253
les Saint-Simoniens organisent des temples, donnent le
mot de leur énigme dans des prédications éloquentes,
où leur parole attire les riches et les pauvres par une
espèce de fascination irrrésistible; en vain même ont-ils
l'art de recueillir des adhésions et de multiplier les prosélytes
: leur décadence approche et leurs théories les
plas rationnelles sont confondues avec les écarts de leur
imagination. Les insurrections qui éclatent de toutes
parts paisent pour ktre le fruit de leurs excitations, et,
en présence du sang qui coule, le rire fait place à la
colère. L'autorité fait fermer leurs salles de conférences,
et les tribunaux les poursiiivent comme perturbateurs
du repos public.
Quelle triste Gn pour des débuts qui paraissaient si
favorables ! Qui aurait pu croire que les savantes analyses
des procédés de l'industrie, publiées par le Producteur,
devaient avoir pour conclusion la femme libre
et la création d'un père suprême! Mais en dépit de ces
extravagances, une pensée profonde avait survécu à la
dispersion des Saint-simoniens, dégagée de l'alliage
impur des sensualités de la rue Monsigny '. Cette pensée
avait été formulée par l'un des principaux organes
de la secte : c La société, selon eux, ne se compose que
d'oisifs et de travailleurs. La politique doit avoir pour
but l'amélioration morale, physique et intellectuelle du
sort des travailleurs et la déchéance progressive des
oisifs. Les moyens sont, quant aux oisifs, la destruction
4 C'est dans cette rue que les SaintrSimoniens avaient élabli la
métropole de leur culte, quand ils se firent prbtres. Ils y don-
naient des soitees très-suivies et des conférences qui ne l'étaient
pas moins. On peut croire que l'ivresse de ces succès de salon n'a
pas peu contribue à la tendance vers I'épicurisnie qui a égaré ces
hommes remarquables.
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