Blanqui, Adolphe (1798-1854). Histoire de l'économie politique en ...
Blanqui, Adolphe (1798-1854). Histoire de l'économie politique en ... Blanqui, Adolphe (1798-1854). Histoire de l'économie politique en ...
188 HISTOIRE seule objectioii sais réponse, et l'utilité de ses ouvrages consiste-t-elle bien plus dans les erreurs qu'il a dissipées, que dans les vérités qu'il a découvertes. J.-B. Say a tracé le premier programme complet de l'économie poli- tique, et les écrivains m&mes qui ne partagent pas ses principes se sont accordés à reconnaître l'excellence de sa méthode et la justesse rigoureuse de ses déductions. Grâce à cette méthode, on s'explique aisément les crises commerciales qui ont désolé la France et l'Angleterre à diverses époques, et l'on peut en prévenir le retour ou en atténuer les effets par des mesures efficaces. L'influence de J.-B. Say a contribué, plus que celle d'aucun écrivain contemporain, à répandre le goût de l'économie politique en France et en Europe. Ses théo- ries, si naturellement applicables aux questions politi- ques, furent étudiées avec ardeur sous la Restauration comme un instrument d'opposition et de guerre, et peut- étre doivent-etles une partie de leur succes aux services qu'elles rendirent dans les discussions parlementaires de l'époque. Les publicistes y cherchaient des arguments décisifs contre l'énormité des charges imposées à la na- tion, et ils s'accoutumaient à ces,analyses minutieuses du budget, qui ont dégénéré plus tard en disputes de chiffres ou en querelles de portefeuilles. J.-B. Say ne voulait pas que les gouvernements se fissent entrepre- neurs de travaux publics, et il blâmait sévérement leor intervention dans les affaires industrielles du pays. La plupart des impbts lui semblaient des fléaux comme la gr&le, les incendies et les invasions, et quoique sa philan- thropie fût sincére et profonde, il se montrait plus hos- tile au pouvoir gue favorable aux masses laborieuses. d travaillait pour elles avec persévérance, sans rechercher leur faveur ni craindre leur disgrâce. Il disait des vérités .
DE L'ÉCONOMIE POLITIQUE. CHAP. XXXIX. 189 austères auxpeuples et aux rois, avec l'impartialité dédai- . gneuse et stoïque d'un philosophe uniquement occupé des intérêts de la science et de l'humanité. Toute la Presse française se pénétrait de ses doctrines, sans en connaître l'auteur qui vivait à l'écart, entouré de sa famille et d'un petit cercle d'amis, tandis que ses ouvra- ges, traduits dans toiites les langues, obtenaient, en moins de vingt ans, cinq éditions successives tirées à un nombre considérable d'exemplaires. C'est, en effet, à la voix de J.-B. Say que les premières attaques furent dirigées en France contrelesystème éco- nomique de 1aRestauration. La réaction de 1 81 5 voulait reconstituer le droit d'aînesse: les substitutions, les cor- porations, lespriviléges; plus tard, battue sur ce terrain, . elle essayait de refaire une aristocratie foncière, moitié 'féodale, moitié industrielle, en élevant le tarif des fers qui augmentait le prix des bois et le revenu des psoprié- taires de forets. Puis vinrent les lois céréales, la taxe sur les bestiaux étrangers, l'emprunt des émigrés, les droits différentieIs sur les sucres coIoniaux; et chacune de ces mesures était flétrie à l'avance dans des chapitres di1 Traité d'économie politiqfte, empreints de la plus haute raison, et qui n'avaient pas été faits dans ce but ni pour la circonstance. L'Europe entière profitait de ces rudes leçons qui semblaient destinées à la France, puisqu'elles étaient publiées dans un livre français; et plus d'une fois, l'auteur se trouva engagé dans une lutte vive avec les plus savants économistes de son temps. IIIalthus, Ri- cardo, M. de Sismondi, M. Storch, soutinrent contre J.-B. Say des thèses mémorables sur quelques points de doctrine ; mais tous s'accordèrent à reconnaître en lui le plus infatigable athlète de la science, et son plus illustre propagateur, après Adam Smith. 11.
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austères auxpeuples et aux rois, avec l'impartialité dédai-<br />
. gneuse et stoïque d'un philosophe uniquem<strong>en</strong>t occupé<br />
<strong>de</strong>s intérêts <strong>de</strong> la sci<strong>en</strong>ce et <strong>de</strong> l'humanité. Toute la<br />
Presse française se pénétrait <strong>de</strong> ses doctrines, sans <strong>en</strong><br />
connaître l'auteur qui vivait à l'écart, <strong>en</strong>touré <strong>de</strong> sa<br />
famille et d'un petit cercle d'amis, tandis que ses ouvra-<br />
ges, traduits dans toiites les langues, obt<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t, <strong>en</strong><br />
moins <strong>de</strong> vingt ans, cinq éditions successives tirées à un<br />
nombre considérable d'exemplaires.<br />
C'est, <strong>en</strong> effet, à la voix <strong>de</strong> J.-B. Say que les premières<br />
attaques fur<strong>en</strong>t dirigées <strong>en</strong> France contrelesystème éco-<br />
nomique <strong>de</strong> 1aRestauration. La réaction <strong>de</strong> 1 81 5 voulait<br />
reconstituer le droit d'aînesse: les substitutions, les cor-<br />
porations, lespriviléges; plus tard, battue sur ce terrain, .<br />
elle essayait <strong>de</strong> refaire une aristocratie foncière, moitié<br />
'féodale, moitié industrielle, <strong>en</strong> élevant le tarif <strong>de</strong>s fers<br />
qui augm<strong>en</strong>tait le prix <strong>de</strong>s bois et le rev<strong>en</strong>u <strong>de</strong>s psoprié-<br />
taires <strong>de</strong> forets. Puis vinr<strong>en</strong>t les lois céréales, la taxe sur<br />
les bestiaux étrangers, l'emprunt <strong>de</strong>s émigrés, les droits<br />
différ<strong>en</strong>tieIs sur les sucres coIoniaux; et chacune <strong>de</strong> ces<br />
mesures était flétrie à l'avance dans <strong>de</strong>s chapitres di1<br />
Traité d'économie politiqfte, empreints <strong>de</strong> la plus haute<br />
raison, et qui n'avai<strong>en</strong>t pas été faits dans ce but ni pour<br />
la circonstance. L'Europe <strong>en</strong>tière profitait <strong>de</strong> ces ru<strong>de</strong>s<br />
leçons qui semblai<strong>en</strong>t <strong>de</strong>stinées à la France, puisqu'elles<br />
étai<strong>en</strong>t publiées dans un livre français; et plus d'une<br />
fois, l'auteur se trouva <strong>en</strong>gagé dans une lutte vive avec<br />
les plus savants économistes <strong>de</strong> son temps. IIIalthus, Ri-<br />
cardo, M. <strong>de</strong> Sismondi, M. Storch, soutinr<strong>en</strong>t contre<br />
J.-B. Say <strong>de</strong>s thèses mémorables sur quelques points <strong>de</strong><br />
doctrine ; mais tous s'accordèr<strong>en</strong>t à reconnaître <strong>en</strong> lui le<br />
plus infatigable athlète <strong>de</strong> la sci<strong>en</strong>ce, et son plus illustre<br />
propagateur, après Adam Smith.<br />
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