Blanqui, Adolphe (1798-1854). Histoire de l'économie politique en ...

Blanqui, Adolphe (1798-1854). Histoire de l'économie politique en ... Blanqui, Adolphe (1798-1854). Histoire de l'économie politique en ...

catallaxia.free.fr
from catallaxia.free.fr More from this publisher
27.06.2013 Views

184 HISTOIRE grand que Montesquieu, Voltaire1, La Fontaine, nos plus beaux génies, ont professé l'erreur contraire. Le système restrictif ne saurait subsister plus Iong- temps en présence des argiiments accablants par lesquds J.-B. Say eu a provoqué la destruction. a On achète da- vantage, dit-il, toutes les fois qu'on recueille davantage. Une branche de commerce qui prospére fournit de quoi acheter et procure consdquemment des ventes à tous les autres commerces ; et par contre, quand une partie de manufactures ou certains genres de commerce languis- sent, la plupart des autres en souffrent ... Une nation, par rapport à la nation voisine, est dans le m&me cas qu'une province par rapport à une autre province, qu'une ville par rapport aux campagnes : elle est inté- ressée à les voir prospérer et assurée de profiter de leur opulence. C'est donc avec raison que les États-unis ont cherché à donner de l'industrie aux tribus sauvages dont ils sont entourés : ils ont voulu qu'elles eussent quelque chose à donner en échange, car on ne gagne rien avec des peuples qui n'ont rien à vous donner. u Que d'expé- riences n'avons-nous pas dû faire3avant d'arriver à ces conclusions généreuses ! Aussi, J.-B. Say s'écriait-il vers la fin de sa carrière : a Quarante années se sont écoulées depuis que j'étudie l'économie politique, et quelles an- nées ! Elles valent quatre siècles pour les réflexions - qu'elles ont fait naître. II Cet auteur a eu, sur tous ses prédécesseurs et sur la plupart de ses contemporains, l'avantage inappréciable 4 On lit dans le D~iclionnairepht'losophique, à l'article PATRIE : a Telle est la condition humaine, que souhaiter la grandeur de son » pays, c'est souhaiter du mal à ses voisins.. . IZ est clair qu'un » pays ne peut gagner sans qu'un autreperde. » Heureusement, tout cela n'est plus si clair aujourd'hui.

DE L'ECONO~~IE POLITIQUE. CHAP. XXXIX. 185 d'avoir suivi la marche des événements en observateur judicieux et d'avoir profité des nombreuses expériences dont ces événements lui offraient l'occasion. Aussi ne s'est-il pas borné àl'étude des phénomènes de la richesse, d'une manière purement théorique et abstraite : on re- connaît à chaque pas l'homme pratique, accoutumé à suivre les conséquences de ses doctrines et à subordon- ner celles-ci à l'utilité plus ou moins grande de lems applications. Lecaractère distinctif de ses écrits, la luci- dité, brille surtout dans- les questions qui avaient été embrouillées par les économistes de tous les temps et de tous les pays, et principalement dans celle des mon- naies. 11 en expose les éléments avec une netteté admi- rable, et il réduit au néant cette masse innombrable d'écrits qui ont pullulé en. Italie, en Espagne, en France et en Angleterre, à l'époque. oh les gouvernements fai- saient a tour de r61e de la fausse monnaie. S'il parle des diverses classes de travailleurs qui concourent à la production, on sent qu'il a vécu avec elles, qu'il connaît leurs besoins et qu'il a une idée exacte de leurs maux. C'est à lui que les savants doivent leur réhabilitation dans la hiérarchie industrielle, et quoique les produits ,invinaté~iels ne soient pas susceptibles d'accumulation, J.-B. Say a démontré leur salutaire influence sur lapros- périté des États. Les fonctionnaires publics seuls et les services qu'ils rendent à la société, ont trouvé moins de faveur auprès de cet illustre économiste ; l'indignation qu'il éprouvait à la vue de l'Angleterre surchargée d'im- p6ts, et sa haine contre le despotisme de l'empire, ne lui ont pas permis d'btre équitable envers l'empereur, ni de mesurer d'un œil juste la distance qui sépare l'n- sage de l'abus. J.-B. Say, malgré la supériorité de son esprit, n'était point inaccessible aux passions politiques,

184 HISTOIRE<br />

grand que Montesquieu, Voltaire1, La Fontaine, nos<br />

plus beaux génies, ont professé l'erreur contraire.<br />

Le système restrictif ne saurait subsister plus Iong-<br />

temps <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong>s argiim<strong>en</strong>ts accablants par lesquds<br />

J.-B. Say eu a provoqué la <strong>de</strong>struction. a On achète da-<br />

vantage, dit-il, toutes les fois qu'on recueille davantage.<br />

Une branche <strong>de</strong> commerce qui prospére fournit <strong>de</strong> quoi<br />

acheter et procure consdquemm<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s v<strong>en</strong>tes à tous les<br />

autres commerces ; et par contre, quand une partie <strong>de</strong><br />

manufactures ou certains g<strong>en</strong>res <strong>de</strong> commerce languis-<br />

s<strong>en</strong>t, la plupart <strong>de</strong>s autres <strong>en</strong> souffr<strong>en</strong>t ... Une nation,<br />

par rapport à la nation voisine, est dans le m&me cas<br />

qu'une province par rapport à une autre province,<br />

qu'une ville par rapport aux campagnes : elle est inté-<br />

ressée à les voir prospérer et assurée <strong>de</strong> profiter <strong>de</strong> leur<br />

opul<strong>en</strong>ce. C'est donc avec raison que les États-unis ont<br />

cherché à donner <strong>de</strong> l'industrie aux tribus sauvages dont<br />

ils sont <strong>en</strong>tourés : ils ont voulu qu'elles euss<strong>en</strong>t quelque<br />

chose à donner <strong>en</strong> échange, car on ne gagne ri<strong>en</strong> avec<br />

<strong>de</strong>s peuples qui n'ont ri<strong>en</strong> à vous donner. u Que d'expé-<br />

ri<strong>en</strong>ces n'avons-nous pas dû faire3avant d'arriver à ces<br />

conclusions généreuses ! Aussi, J.-B. Say s'écriait-il vers<br />

la fin <strong>de</strong> sa carrière : a Quarante années se sont écoulées<br />

<strong>de</strong>puis que j'étudie <strong>l'économie</strong> <strong>politique</strong>, et quelles an-<br />

nées ! Elles val<strong>en</strong>t quatre siècles pour les réflexions -<br />

qu'elles ont fait naître. II<br />

Cet auteur a eu, sur tous ses prédécesseurs et sur la<br />

plupart <strong>de</strong> ses contemporains, l'avantage inappréciable<br />

4 On lit dans le D~iclionnairepht'losophique, à l'article PATRIE :<br />

a Telle est la condition humaine, que souhaiter la gran<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> son<br />

» pays, c'est souhaiter du mal à ses voisins.. . IZ est clair qu'un<br />

» pays ne peut gagner sans qu'un autreper<strong>de</strong>. »<br />

Heureusem<strong>en</strong>t, tout cela n'est plus si clair aujourd'hui.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!