Blanqui, Adolphe (1798-1854). Histoire de l'économie politique en ...

DE L'ÉCONOMIE POLITIQUE. CNAP. XXX\'II. 163
ne peut htre le droit d'affamer ses concitoyens. Les fruits
de la terre, comme l'air, appartiennent à tous les hom-
mes '. u Marat avait été beaucoup plus loin, et nous
pourrions citer des exagérations semblables de cet éner-
gumène, si la postérité, qui a commencé pour lui, ne
l'avait déjà mis au rang des insensés.
Saint-Just fut l'expression la plus hardie et la plus
élevée de cette école de tribuns, renouvelés des Grac-
ques, et près de laquelle ces illustres factieux étaient
des hommes modérés. Les écrits qu'il a laissés renfer-
ment sa pensée économique tout entière, si énergique-
ment résumée par l'orateur de la Commune de Paris, et
si nettement formulée dans les décrets rcndus par la
Convention nationale pendant la domination des Nonta-
gnards. Il était réservé à Babeuf de renchérir sur ces
doctrines et de prhcher ouvertement la loi agraire, I'a-
bolition de la propriété et l'insurrection permanente des
pauvres contre les riches. Mais ces témérités n'ont ed
d'autre résultat que d'éloigner pour longtemps les meil-
leurs esprits de toute spéciilation sociale, tant ils ont
craint de se voir confondus avec la démagogues force-
nés de l'école anarchique. Une leçon sdrieuse est sortie,
en outre, de tous las essais hasardeux de la révolution
française : c'est que l'on ne réforme pas aussi facilement
les mœurs que les institutions, et que les plus belles
lois ne suffisent point pour assurer b chaque citoyen
une condition prospbre, s'il n'y concourt par son tra-
vail et sa moralité. Ces rdves séduisants sont désormais
évanouis. Tout ce que la philanthropie des législateurs
pouvait décréter de richesse et de félicité publique a 6té
décrété, et il a été reconnu que la richesse publique sui- '
4 Histoire parZemen6aire de la Adcolutiun, tome XXVI, p. 52.