Blanqui, Adolphe (1798-1854). Histoire de l'économie politique en ...

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par exemple, disait-il l, le gouvernement peut inter- dire l'usage des carrosses, il peut, à plus forte raison, , ' imposer une taxe sur les carrosses; moyen sage et utile d'en bldmer l'usage sans le faire cesser. Alors on peut regarder la taxe comme une espbce d'amende dont le produit dédommage de l'abus qu'elle punit. a Qui croi- rait qu'aprbs cette sortie, digne d'un vieux censeur romain des jours les plus austeres de la république, ' Rousseau ait pris la défense des gouvernements contre certains économistes qui veulent les exclure de toute participation aux affaires industrielles de l'État! a II faut rejeter de pareilles idées. Si, dans chaque nation, ceux à qui le souverain commet le gouvernement des peuples en étaient les ennemis par état, ce ne serait pas la peine de rechercher ce qu'ils doivent faire pour les rendre heureux 2. u Et il avait raison. Que conclure donc de cet amalgame incohérent de doctrines libérales jusqu'à l'anarchie et, comme on dit de nos jours, gou- vernementales jusqu'à l'arbitraire! Que les véritables principes de la physiologie sociale étaient encore peu connus, parce que les expériences décisives n'étaient pas encore faites, et que l'économie politique était en- core pour les plus beaux génies une science d'imagi- nation. Les excursions de Voltaire dans le domaine de l'éco- nomie politique, nous offrent une preuve nouvelle de cette vérité. En attaquant les théories des autres, il a eu occasion d'exposer la sienne sur ces graves matiéres, et j'ai regret de dire qu'il s'est borné à jeter le vernis de sa prose élégante sur les lieux communs les plus 4 De Z'dconomie politique, la fin de l'article. C'est la derniere phrase de son article E c ~ i politique e dans I'Emyclqédi~.

DE L'&CONOMIE POLITIQtJE. CHAP. XXXVI. 149 surannhs de son époque. Son Nomme aux quaranle écus 1, composé dans l'intention de ridiculiser les phy- siocrates et principalement leur plus habile interprète, Mercier de La Rivière, n'est qu'une reproduction spiri- tuelle de tous les préjugés en faveur de la balance du commerce et des prohibitions. Voltaire y soutient que les petits ne vivent que du luxe des grands, et il pense, comme Louis XIV, .que les princes font l'aumône en dépensant beaucoup. r Partout, dit-il 2, le riche fait vivre Ie pauvre. VoiIB I'unique source de i'industrie et du commerce. Plus la nation est industrieuse, plus elle gagne sur l'étranger. Si nous attrapions de l'étranger dix millions par an pour la balance di1 commerce, il y aurait dans vingt ans deux cents millions de plus dans l'État. Mais il n'cst pas sûr que la balance de notre commerce nous soit toujours favorable : il y a des temps où nous perdons. - J'ai entendu parler beaucoup de population. Si nous nousavisionsde faire le double d'en- fants de ce que nous en faisons; si nous avions quarante millions d'habitants au lieu de vingt, qu'arriverait-il? -11 arriverait que chacun n'aurait à dépenser que vingt écus, ou qu'il faudrait que la terre rendit le double de ce qu'elle rend, ou yu'il y aurait le double de pauvres, ou qu'il faudrait avoir le double d'industrie et gagner le double sur l'étranger, ou envoyer la moitié de la nation en AmBrique, ou que la moitié de la nation man- geât l'autre. 4 Les économistes avaient prétendu que, dans un Btat organise selonleurs doctrines, une somme. moyenne de cent vingt francs (qua~ante écus) devait suffire à i'existence de chaque citoyen. De là le titre que Voltajre crut devoir donner à la réfutation burlesque de leur système. 2 Voir l'Homme au% quarante écus, tome XIV, page 12,edilion de Dupont,

DE L'&CONOMIE POLITIQtJE. CHAP. XXXVI. 149<br />

surannhs <strong>de</strong> son époque. Son Nomme aux quaranle<br />

écus 1, composé dans l'int<strong>en</strong>tion <strong>de</strong> ridiculiser les phy-<br />

siocrates et principalem<strong>en</strong>t leur plus habile interprète,<br />

Mercier <strong>de</strong> La Rivière, n'est qu'une reproduction spiri-<br />

tuelle <strong>de</strong> tous les préjugés <strong>en</strong> faveur <strong>de</strong> la balance du<br />

commerce et <strong>de</strong>s prohibitions. Voltaire y souti<strong>en</strong>t que<br />

les petits ne viv<strong>en</strong>t que du luxe <strong>de</strong>s grands, et il p<strong>en</strong>se,<br />

comme Louis XIV, .que les princes font l'aumône <strong>en</strong><br />

dép<strong>en</strong>sant beaucoup. r Partout, dit-il 2, le riche fait<br />

vivre Ie pauvre. VoiIB I'unique source <strong>de</strong> i'industrie et<br />

du commerce. Plus la nation est industrieuse, plus elle<br />

gagne sur l'étranger. Si nous attrapions <strong>de</strong> l'étranger<br />

dix millions par an pour la balance di1 commerce, il y<br />

aurait dans vingt ans <strong>de</strong>ux c<strong>en</strong>ts millions <strong>de</strong> plus dans<br />

l'État. Mais il n'cst pas sûr que la balance <strong>de</strong> notre<br />

commerce nous soit toujours favorable : il y a <strong>de</strong>s temps<br />

où nous perdons. - J'ai <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du parler beaucoup <strong>de</strong><br />

population. Si nous nousavisions<strong>de</strong> faire le double d'<strong>en</strong>-<br />

fants <strong>de</strong> ce que nous <strong>en</strong> faisons; si nous avions quarante<br />

millions d'habitants au lieu <strong>de</strong> vingt, qu'arriverait-il?<br />

-11 arriverait que chacun n'aurait à dép<strong>en</strong>ser que vingt<br />

écus, ou qu'il faudrait que la terre r<strong>en</strong>dit le double <strong>de</strong><br />

ce qu'elle r<strong>en</strong>d, ou yu'il y aurait le double <strong>de</strong> pauvres,<br />

ou qu'il faudrait avoir le double d'industrie et gagner<br />

le double sur l'étranger, ou <strong>en</strong>voyer la moitié <strong>de</strong> la<br />

nation <strong>en</strong> AmBrique, ou que la moitié <strong>de</strong> la nation man-<br />

geât l'autre.<br />

4 Les économistes avai<strong>en</strong>t prét<strong>en</strong>du que, dans un Btat organise<br />

selonleurs doctrines, une somme. moy<strong>en</strong>ne <strong>de</strong> c<strong>en</strong>t vingt francs<br />

(qua~ante écus) <strong>de</strong>vait suffire à i'exist<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> chaque citoy<strong>en</strong>. De<br />

là le titre que Voltajre crut <strong>de</strong>voir donner à la réfutation burlesque<br />

<strong>de</strong> leur système.<br />

2 Voir l'Homme au% quarante écus, tome XIV, page 12,edilion<br />

<strong>de</strong> Dupont,

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