Blanqui, Adolphe (1798-1854). Histoire de l'économie politique en ...

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8 HISTOIRE constitutionnelle de cette race infortunée que l'Europe éclairée devait affranchir un jour. On ne sait ce qu'on doit le plus admirer, ou de l'en- semble de cette vaste législation économique ou de Ia netteté desconsidérations surlesquelles ses arréts étaient motivés. Colbert prenait soin de s'entourer de tous les hommes versés dans les matières où sa main vigoureuse allait porter la réforme ; il les interrogeait, écoutait leurs objections, modifiait très-souvent sa pensée d'après la leur. 11 faisait planter une pépinière dans le faubourg du Roule, et il établissait des coches d'eau sur la Seine. II créait la petite postei, et il perfectionnait la grande ; il creusait la rivière de Marne, et il faisait de Dunkerque un port franc. Des réglements, des édits, des déclara- tions, des lettres patentes, des ordonnances eurent pourvu dans moins de vingt années &la solntion de toutes les difficultés soulevées par le commerce des grains, du vin, du bois, du tabac, des métaux précieux. On eût dit que la France ne se connaissait *oint encore, et que le ministre de Louis XIV la révélait à elle-méme, tant elle vit surgir de son sein d'usines importantes et de flottes nombreuses appareiller de ses ports. Quoique le grand Colbert n'ait jamais eu l'occasion de formuler ses idées en systéme * et de publier ce que, de notre temps, on 4 Mai 1653. 2 Voici ce que dit à ce sujet Forbonnais, son meilleur histo- rien : (i Quoique la communication de ce qui reste des papiers de ce » grand homme m'ait 616 accordée par sa famille, on seraitsurpris . » du peu de secours que j'en ai tirB. Quelques projets d'Etat des » dernieres annees, àes apostilles trés-courtes et par observations, » ne pouvaient contenter qu'une partie de ma curiosité. C'est son » esprit que je voulais connaître, et le seul monument qui en reste >) est consacré en deux feuilles Bcrites à mi-page, en forme de B notes. Les edits, ordonnances el arrêts rendus sur les matières

DE L'ECONOMIE POLITIQUE. CHAP. XXVII. 9 appelle un programme, il est facile de reconnaître en lui un des novateurs les plus résolus dont l'histoire fasse mention. Né dans la classe laborieuse et parvenu par son - mérite seul au faite des honneurs, il ne cessa jamais de travailler l'amélioration du sort du plus grand nombre, et le témoignage des écrivains contemporairis fait foi des résistances qu'il eut le courage d'opposer aux prodig- lités de Louis XIV '. La France était devenue si ,belle, avant qiie ce prince eût dévoré toutes les ressources dont Colbert l'avait enrichie ! Jamais on n'avait plus claire- ment reconnu ce que peut le génie d'un grand peuple, quand il est gouverné par des hommes digues de le com- prendre et de le diriger. Aussi, m&me après les revers qui suivirent la vieillesse du roi, m&me après la révocation de l'édit de Nantes, la France ne descendit point sans retour du rang élevé qu'elle s'&tait acquis. Ce fut sansdoute un coup horrible pour elle que celui qui lui enleva cinq cent mille de ses enfants les plus industrieux, car cette perte cruelle n'a jamais bté réparée ; mais les habitudes d'ordre et de tra- » économiques ont été ma seule ressource. » (Considdrations sur Ces finances de France, tome 1, p. 271 .) ' Colbert s'en exprimait en termes vifs au roi lui-même, dans un m6nioire dont j'cxtrais ce passage : n A l'égardde la dépense, quoique cela ne me regarde en rien, » je supplie seulement votre Majesté de me permettre de lui dire » qu'en guerre et en paix elle n'a jamais consulte ses finances » pour résoudre ses depenses, ce qui est si extraordinaire, qu'as- » surément il n'y en a pas d'exemple ; et si elle voulait bien se » faire représenter et comparer les temps et les années passes, » depuis vingt-cinq ans que j'ai l'honneur de la servir, elle troù- » verait que quoique les recettes aient beaucoup augxenté, les J) depenses oot de beaucoup excéde les recettes; et peut-être que » cela convaincrait Votre Majeste à modérer et retrancher les ex- » cessives, et mettre par ce moyen un peu plus de proportion » entre les recettes et les dépenses.& 1.

DE L'ECONOMIE POLITIQUE. CHAP. XXVII. 9<br />

appelle un programme, il est facile <strong>de</strong> reconnaître <strong>en</strong> lui<br />

un <strong>de</strong>s novateurs les plus résolus dont l'histoire fasse<br />

m<strong>en</strong>tion. Né dans la classe laborieuse et parv<strong>en</strong>u par son<br />

- mérite seul au faite <strong>de</strong>s honneurs, il ne cessa jamais <strong>de</strong><br />

travailler l'amélioration du sort du plus grand nombre,<br />

et le témoignage <strong>de</strong>s écrivains contemporairis fait foi <strong>de</strong>s<br />

résistances qu'il eut le courage d'opposer aux prodig-<br />

lités <strong>de</strong> Louis XIV '. La France était <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ue si ,belle,<br />

avant qiie ce prince eût dévoré toutes les ressources dont<br />

Colbert l'avait <strong>en</strong>richie ! Jamais on n'avait plus claire-<br />

m<strong>en</strong>t reconnu ce que peut le génie d'un grand peuple,<br />

quand il est gouverné par <strong>de</strong>s hommes digues <strong>de</strong> le com-<br />

pr<strong>en</strong>dre et <strong>de</strong> le diriger.<br />

Aussi, m&me après les revers qui suivir<strong>en</strong>t la vieillesse<br />

du roi, m&me après la révocation <strong>de</strong> l'édit <strong>de</strong> Nantes, la<br />

France ne <strong>de</strong>sc<strong>en</strong>dit point sans retour du rang élevé<br />

qu'elle s'&tait acquis. Ce fut sansdoute un coup horrible<br />

pour elle que celui qui lui <strong>en</strong>leva cinq c<strong>en</strong>t mille <strong>de</strong> ses<br />

<strong>en</strong>fants les plus industrieux, car cette perte cruelle n'a<br />

jamais bté réparée ; mais les habitu<strong>de</strong>s d'ordre et <strong>de</strong> tra-<br />

» économiques ont été ma seule ressource. » (Considdrations sur<br />

Ces finances <strong>de</strong> France, tome 1, p. 271 .)<br />

' Colbert s'<strong>en</strong> exprimait <strong>en</strong> termes vifs au roi lui-même, dans<br />

un m6nioire dont j'cxtrais ce passage :<br />

n A l'égard<strong>de</strong> la dép<strong>en</strong>se, quoique cela ne me regar<strong>de</strong> <strong>en</strong> ri<strong>en</strong>,<br />

» je supplie seulem<strong>en</strong>t votre Majesté <strong>de</strong> me permettre <strong>de</strong> lui dire<br />

» qu'<strong>en</strong> guerre et <strong>en</strong> paix elle n'a jamais consulte ses finances<br />

» pour résoudre ses <strong>de</strong>p<strong>en</strong>ses, ce qui est si extraordinaire, qu'as-<br />

» surém<strong>en</strong>t il n'y <strong>en</strong> a pas d'exemple ; et si elle voulait bi<strong>en</strong> se<br />

» faire représ<strong>en</strong>ter et comparer les temps et les années passes,<br />

» <strong>de</strong>puis vingt-cinq ans que j'ai l'honneur <strong>de</strong> la servir, elle troù-<br />

» verait que quoique les recettes ai<strong>en</strong>t beaucoup augx<strong>en</strong>té, les<br />

J) <strong>de</strong>p<strong>en</strong>ses oot <strong>de</strong> beaucoup excé<strong>de</strong> les recettes; et peut-être que<br />

» cela convaincrait Votre Majeste à modérer et retrancher les ex-<br />

» cessives, et mettre par ce moy<strong>en</strong> un peu plus <strong>de</strong> proportion<br />

» <strong>en</strong>tre les recettes et les dép<strong>en</strong>ses.&<br />

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