Blanqui, Adolphe (1798-1854). Histoire de l'économie politique en ...

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138 HISTOIRE ques ou morales, au-dessous du niveau fixé par les produils du sol ; sans quoi nous aurions vu des disettes permanentes, ou des épidémies périodiques, tandis que ces fléaux n'ont généralement éclaté qu'aux époques où les différentes nations étaient infiniment moins peupIées qu'elles ne le-sont à présent. Le choix que Xalthus a fait de l'Amérique, où la popiilation double tous les vingtcinq ans, n'est pas plus concluant que celui de la Suède, où, selon M. Godwin, elle ne doiibie que tous les cent ans. Les sociktés ne procèdent point ainsi par périodes régulieres, comme les astres et les saiions, nous l'avons dit; et les institutions politiques exercent, avec les mœurs, une influence qui modifie profondément la tendance naturelle de l'homme, arithmétique ou géométrique, à se multiplier. ~lalthus a donc vainement déclaré la guerre aux affections domestiques, ik la charité publique et pri~-ke, à l'enfance, à la vieillesse, dans l'intérêt mal entendu de i'humanité. Le ciel n'a pas voulu que la richesse eût le monopole de toutes les jouissances, y compris celles de l'amour et du mariage, ni qu'une partie de l'espèce humaine fîit sacrifiée en holocauste à l'autre; en un mot, la société ne doit pas plus être un couvent qu'une garenne. Toutefois en exagérant les dangers de Ia population, Malthus a, du moins, prémuni les gouvernements contre les abus des institutions de bienfaisance, et il a fait sentir à chaque homme que la loi sociale lui imposait des devoirs sacrés de prévoyance et de conservation pour lui et pour ses enfants. L'Angleterre a commencé, dès lors, la réforme de ses lois sur les pauvres, et les autres pays se sont mis en garde contre le danger de leur imitation. La charité, désormais, ne sera pas moins vive, mais elle sera plus éclairée. Elle se croira soumise à des

DE L'ÉCONOMIE POLITIQUE. CHAP. XXXV. 1% règles, comnîe toutes les autres vertus, et déjà ces règles Iui ont été tracées, en France, dans un ouvraget qui participe tout à la fois de la sévère prudence de Mallhus et de la philanthropie généreuse de Godwin. On dirait meme que cette transaction a paru insuffisante aux esprits religieux, pour qui la bienfaisance est le plus saint des devoirs. Un de nos magistratsles plus honorables a publié sous le titre d'Économie politique chrétienn~, un manifeste souvent éloquent et toujours sincère contre les doctrines de Malthus. Il les attaque, sans doute, heaucoup plus en apdtre qu'en économiste et en homme d'Etat ; mais il a signalé très-bien leur impuissance à moraliser les populations et à prévenir l'invasion des miséres dont l'humanité est affligée. Déjà plusieurs années avant l'apparition de son livre, une protestation qui a eu du retentissement en Europe, avait signalé à Padnimadversion publique la doctrine du travail illimité des ouvriers et le droit d'abandon exercé à leur égard par les maîtres. BI. de Sismondi n'avait pas craint de proposer une loi en vertu de laquelle les entrepreneurs d'industrie seraient tenus de pourvoir d tous les besoins de leurs ouvriers, en santé, en maladie, à tous les âges de la uie, à condition que ceux-ci ne pourraient se marier qu'avec I'autorisation des premiers. Il rétrogradait ainsi j~~squ'aux jurandes et aux maîtrises, et il demandait aux classes ouvriè res leu^ liberté en échange de leur pain; tant la question est grave et difficile, tant elle est effrayante, quand on se souvient desessais de 1593 et des souffrances de 1830; des Luddistes de Manchester et des insurgés de Lyon ! Tous les gouvernements de l'Europe n'ont cessé, depuis ce moment, de lutter contre le principe de désor- De la Charité, par M. Ducbâtel, in-Sa. ' 2 b1. de Villeneuve-Bargemont, ancien pr6fet.

DE L'ÉCONOMIE POLITIQUE. CHAP. XXXV. 1%<br />

règles, comnîe toutes les autres vertus, et déjà ces règles<br />

Iui ont été tracées, <strong>en</strong> France, dans un ouvraget qui<br />

participe tout à la fois <strong>de</strong> la sévère pru<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> Mallhus et<br />

<strong>de</strong> la philanthropie généreuse <strong>de</strong> Godwin. On dirait meme<br />

que cette transaction a paru insuffisante aux esprits religieux,<br />

pour qui la bi<strong>en</strong>faisance est le plus saint <strong>de</strong>s <strong>de</strong>voirs.<br />

Un <strong>de</strong> nos magistratsles plus honorables a publié<br />

sous le titre d'Économie <strong>politique</strong> chréti<strong>en</strong>n~, un manifeste<br />

souv<strong>en</strong>t éloqu<strong>en</strong>t et toujours sincère contre les<br />

doctrines <strong>de</strong> Malthus. Il les attaque, sans doute, heaucoup<br />

plus <strong>en</strong> apdtre qu'<strong>en</strong> économiste et <strong>en</strong> homme<br />

d'Etat ; mais il a signalé très-bi<strong>en</strong> leur impuissance à moraliser<br />

les populations et à prév<strong>en</strong>ir l'invasion <strong>de</strong>s miséres<br />

dont l'humanité est affligée. Déjà plusieurs années avant<br />

l'apparition <strong>de</strong> son livre, une protestation qui a eu du<br />

ret<strong>en</strong>tissem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> Europe, avait signalé à Padnimadversion<br />

publique la doctrine du travail illimité <strong>de</strong>s ouvriers<br />

et le droit d'abandon exercé à leur égard par les maîtres.<br />

BI. <strong>de</strong> Sismondi n'avait pas craint <strong>de</strong> proposer une loi<br />

<strong>en</strong> vertu <strong>de</strong> laquelle les <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eurs d'industrie serai<strong>en</strong>t<br />

t<strong>en</strong>us <strong>de</strong> pourvoir d tous les besoins <strong>de</strong> leurs ouvriers, <strong>en</strong><br />

santé, <strong>en</strong> maladie, à tous les âges <strong>de</strong> la uie, à condition<br />

que ceux-ci ne pourrai<strong>en</strong>t se marier qu'avec I'autorisation<br />

<strong>de</strong>s premiers. Il rétrogradait ainsi j~~squ'aux juran<strong>de</strong>s<br />

et aux maîtrises, et il <strong>de</strong>mandait aux classes ouvriè<br />

res leu^ liberté <strong>en</strong> échange <strong>de</strong> leur pain; tant la question<br />

est grave et difficile, tant elle est effrayante, quand on<br />

se souvi<strong>en</strong>t <strong>de</strong>sessais <strong>de</strong> 1593 et <strong>de</strong>s souffrances <strong>de</strong> 1830;<br />

<strong>de</strong>s Luddistes <strong>de</strong> Manchester et <strong>de</strong>s insurgés <strong>de</strong> Lyon !<br />

Tous les gouvernem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> l'Europe n'ont cessé,<br />

<strong>de</strong>puis ce mom<strong>en</strong>t, <strong>de</strong> lutter contre le principe <strong>de</strong> désor-<br />

De la Charité, par M. Ducbâtel, in-Sa.<br />

' 2 b1. <strong>de</strong> Vill<strong>en</strong>euve-Bargemont, anci<strong>en</strong> pr6fet.

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