Blanqui, Adolphe (1798-1854). Histoire de l'économie politique en ...

DE L'ECONOMIE POLTIQW. CHAP. XXXV. 135
à reconnaître enfin ce qu'il y avait d'outré dans leurs
prétentions respectives. Godnin était déjà beaucoup
plus modéré dans ses Recherches sur la populntion que
dans son traité De la justice politiqzle; et Malthus lui-
même, comme nous l'apons dit, s'était amendé en pré-
sence des juges comnpitenis, c'est-à-dire des événements
qui avaient modifié ses idées.
Sa doctrine, en effet, ne pouva,it soutenir un examen
sérieux dans les termes absolus où il l'avait exposée. Ces
arrkts de proscription lancés contre des enfants, contre
des vieillards et des infirmes, ne méritaient pas d'btre
sanctionnés par la conscience publique. Une voix inté-
rieure criait à chaque homme que les sentiments les
plus impérieux et les plus doux, celui de l'amour, celui
de'la paternité, ne lui avaient pas été donnés par le
Créateur comme une source d'amertume et de miseres.
Les vices et les crimes ne'devaient pas avoir la m&me
origine que les vertus. La plus simple analyse du travail
hnmain suffisait pour démbntrer, d'un autre côté, que
si la population, en s'accroissant, exigeait une plus forte
quantité de subsistances, elle possédait en elle-mkme les
moyens d'y pourvoir. On voyait tous les jours un seul
homme créer par son travail assez de produits pour
nourrir dix de scs semblables. On exploitait des teriains
noliveaux quand le besoin de vivre y assurait aux capi-
taux de l'agriculture des profits réguliers. Les lois en
faveur des pauvres, que Malthus avait signalées comme
si désastreuses ', ne devaient être considérées quecomme
une compensation aux aiimbnes répandues par les mo-
nastères, dont le protestantisme anglais avait confisqué
4 Malthus appelait ces lois (( un mal en comparaison duquel la
dette nationale, avec toute la terreur qu'elle inspire, n'est que de
peu d'importance. »