Blanqui, Adolphe (1798-1854). Histoire de l'économie politique en ...

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meurtrières dont le principal résultat était d'encourager la paresse et de multiplier le nombre des infortunb. Car rien ne multiplie comme la misère, disait-il, et les gens qui n'ont rien à perdre, se soucient fort peu de ce qui adviendra de leurs descendants. C'est ce que àion- tesquieu avait déjà dit en termes ironiques : u Les gens qui n'ont absolument rien, comme les mendiants, ont beaucoup d'enfants : car il n'en coûte rien au père pour donner son art à ses enfants, qui même sont en naissant des instruments de cet art '. » Nais ïilontesquieu n'avait rien conclu de cette disposition générale des prolétaires à l'insouciance; il s'était borné à la préciser, sans en rechercher la cause. Malthus crut avoir trouvé cette cause dans les encouragements offerts à la paresse par la bienfaisance, et portant ses regards dans les hospices, dans les maisons d'enfants-trouvks, il fit voir toutes les misères qu'avait engendrées l'abus de la cllarité publi- que. Il s'adressa d8s lors aux sentiments les plils fiers et les plus généreux de l'homme, et il chercha à démon- . trer la supériorité de la prévoyance sur. toutes les autres ressources oîfertes 5 la vieillesse ou aux infir- mités. Jamais peut-&tre, jusqu'alors, aiicun système ne s'était formulé en termes aussi absolus. Les économistes eux- mémes admettaient quelques modifications à leur théo- rie du produit net; mais nralthus ne connaissait pas de capitulation possible dans la lutte des hommes contre la nature : ces débats lamentables devaient toujours finir par des arrêts de mort. Il se mit donc à prêcher, sous le nom de contrainte morale, une doctrine peu favorable au mariage. 11 chercha a démontrer aux classes labo- 4 Esprit des Lois, livre XXIII, chap. XI.

DE L'BCONOMIE POLITIQUE. CHAP. XXXV. 127 rieuses qu'en multipliant le nombre des enfants, elles se créaient des concurrences qui amenaient la baisse des salaires, et que le plus sûr moyen de réduire les capi- talistes à transaction, c'était de ne pas leur fournir l'oc- casion permanente de choisir les travailleurs au rabais. La société elle-mSme était intéressée à opposer des obsta- cles salutaires aux unions irréfléchies, puisque la consé- quence inévitable de ces unions Ctait la multiplication des crimes et des misères de toute espèce. Malheureuse- ment Malthtis ne tarda point à s'apercevoir que le céli- bat n'empéchait pas les naissances; il les rendait seule- ment illégitimes et c'était un malheur de plus. Qae faire donc pour mettre un terme à l'accroissement de la po- pulation, puisqu'on ne pouvait désormais empkcher les enfants de naître? RIalthus vit cet obstacle et n'en fut point effrayé. Il s'arma d'un courage stoique et il crut devoir mettre les enfants hors la loi, méme avant qu'ils . fussent nés. Il proposa de rendre une loi déclarant (( yu'auctin enfant issu d'un mariage contracté aprh l'année qui suivrait la promulgation dc cette loi, et qu'aucun enfant illbgitime né deux ans après la meme époque, n'aurait droit à l'assistance de la pa- roisse. Ce serait, disait-il, tin avis clair, distinct et précis, sur le sens duquel nul ne saurait se méprendre. Personne ne serait trompé ni lésé, et par conséquent personne n'aurait le droit de se plaindre. » Ainsi les enîanls au bercean devenaient responsables be l'erreur qui leur avait donné le jour. Pourquoi frémissez- vous? disait Malthus, votre charité est plus cruelle que ma rigueur, et vos hospices d'enfants-trouvés ne sont que des catacombes. Il déroulait en méme temps les tables lugubres de la mortalité des enfants dans ces hos- pices, etTon était forcé de convenir qu'ils y mouraient

meurtrières dont le principal résultat était d'<strong>en</strong>courager<br />

la paresse et <strong>de</strong> multiplier le nombre <strong>de</strong>s infortunb.<br />

Car ri<strong>en</strong> ne multiplie comme la misère, disait-il, et les<br />

g<strong>en</strong>s qui n'ont ri<strong>en</strong> à perdre, se souci<strong>en</strong>t fort peu <strong>de</strong> ce<br />

qui advi<strong>en</strong>dra <strong>de</strong> leurs <strong>de</strong>sc<strong>en</strong>dants. C'est ce que àion-<br />

tesquieu avait déjà dit <strong>en</strong> termes ironiques : u Les g<strong>en</strong>s<br />

qui n'ont absolum<strong>en</strong>t ri<strong>en</strong>, comme les m<strong>en</strong>diants, ont<br />

beaucoup d'<strong>en</strong>fants : car il n'<strong>en</strong> coûte ri<strong>en</strong> au père pour<br />

donner son art à ses <strong>en</strong>fants, qui même sont <strong>en</strong> naissant<br />

<strong>de</strong>s instrum<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> cet art '. » Nais ïilontesquieu n'avait<br />

ri<strong>en</strong> conclu <strong>de</strong> cette disposition générale <strong>de</strong>s prolétaires<br />

à l'insouciance; il s'était borné à la préciser, sans <strong>en</strong><br />

rechercher la cause. Malthus crut avoir trouvé cette<br />

cause dans les <strong>en</strong>couragem<strong>en</strong>ts offerts à la paresse par<br />

la bi<strong>en</strong>faisance, et portant ses regards dans les hospices,<br />

dans les maisons d'<strong>en</strong>fants-trouvks, il fit voir toutes les<br />

misères qu'avait <strong>en</strong>g<strong>en</strong>drées l'abus <strong>de</strong> la cllarité publi-<br />

que. Il s'adressa d8s lors aux s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts les plils fiers<br />

et les plus généreux <strong>de</strong> l'homme, et il chercha à démon- .<br />

trer la supériorité <strong>de</strong> la prévoyance sur. toutes les<br />

autres ressources oîfertes 5 la vieillesse ou aux infir-<br />

mités.<br />

Jamais peut-&tre, jusqu'alors, aiicun système ne s'était<br />

formulé <strong>en</strong> termes aussi absolus. Les économistes eux-<br />

mémes admettai<strong>en</strong>t quelques modifications à leur théo-<br />

rie du produit net; mais nralthus ne connaissait pas <strong>de</strong><br />

capitulation possible dans la lutte <strong>de</strong>s hommes contre la<br />

nature : ces débats lam<strong>en</strong>tables <strong>de</strong>vai<strong>en</strong>t toujours finir<br />

par <strong>de</strong>s arrêts <strong>de</strong> mort. Il se mit donc à prêcher, sous le<br />

nom <strong>de</strong> contrainte morale, une doctrine peu favorable<br />

au mariage. 11 chercha a démontrer aux classes labo-<br />

4 Esprit <strong>de</strong>s Lois, livre XXIII, chap. XI.

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