Blanqui, Adolphe (1798-1854). Histoire de l'économie politique en ...

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122 HISTOIRE reux? Et ce problème fut ,jeté un jour, par la main redoutable du peuple français, comme un déti à tous les gouvernements de l'Europe. Turgot, qui avait essayé de le résoudre, était mort à la peine, et la révolution française avait versé des torrents de sang pour en trouver la solution, sans être plus heureuse que Turgot. Le mal venait-il de la nature ou de la sociCté? ~tait- il sans remède, ou bien, avec l'aide du temps, parvien- drait-on à le guérir? Frappé de ce que peuvent les lois sur les mœurs et sur la condition des peuples, d'illustres écrivains avaient pensé que les misères de l'homme Ptaient son ouvrage, et qu'il dependait de lui d'y mettre un terme, bien moins en modifiant ses passions que les institutions politiques. On était en 1798 ; un essai mé- morable venait d'être tenen France, et l'on avait vu, en un petit nombre d'années, les réformes les plus har- dies, tour à tour appuyées par le raisonnement ou par la force, laisser l'espèce humaine en proie aiix mêmes inceptitndes et aux mêmes inégalités que par le passé. On avait substitué le morcellement parcellaire des pro- priétés à l'ancien systeme de concentration ; on avait remis le pouvoir aux masses les plus pauvres, qui ne s'étaient refusé ni le maximum, ni les emprunts forcés, ni la banqueroute, ni la suppression des impbts indi- rects; et il y avait toujours des pauvres, des hommes vêtus de haillons, des vieillards sans pain, des femmes sans secours, des enfants-trouvés, des malfaiteurs, des prostituées. Que rcstait-il à faire après ce qu'on avait fait ? Quelle monarchie tenterait ce que n'avaient pu faire réussir les hardiesses de 1793? Les philosophes et les éconornistcs, frappbs de stupeur, éprouvaient ce désappointement amer qui suit les révolutions politi- ques, quand tout à coup parurent, à peu de distance

DE L'BCONOMIE POLITIQUE. CHBP. XXXV. 123 l'un de l'autre, denx écrits de deux hommes diverse- ment célèbres, le livre de M. Godwin sur la Justice politique et celui de Blalthiis sur la Population. M. Godwin attribuait dans son ouvrage tout le mal social à l'imperîection des institutions politiques et aux vices des gouvernements. RIalthus était plus frappé des résistances que l'homme oppose au progrès social, par les passions inhérentes B sa nature et par son peu de disposition à les réprimer. La lecture d'un article de M. Godwin sw ta prodigal.ité et l'avarice l, le détermina à publier ses idées a ce sujet, et après quelques rema- niements faciles S concevoir dans un travail de cette importance, l'essai sur le Principe de population parut en Angleterre dans la dernière année du dix-huitième siècle, comme une espèce de résumé du désenchante- ment universel des esprits. Ce livre a fait grand bruit, parce qu'il repose sur une idée simple, facile à com- preiidre et à retenir; et. an en a cruellement abusé, parce qu'il semble favoriser plus d'me mauvaise dispo- sition de l'homme, l'égoisme , la dureté, l'indifférence aux maux de ses semblables. Les principes sur lesquels il repose ont obtcnu, néanmoins, la sanction de plu- sieurs gouvernements, et ils tendent si rapidement à pé- nétrer dans les institutions, qu'il n'y aura bientôt plus qu'à enregistrer leurs conquêtes, au lieu de discuter leur valeur. 11 faut dow les exposer ici dans toate leur nudité, avant d'en examiner les conséqnences, double tache qui réclame toute l'impartialité de l'historien. Cette doctrine se présente avec le cwacéère inflexible et absolu de la fatalité. L'auteur s'est dispende pré- cautions oratoires ; il étabkit , sans sourciller, comme InsdrB dans un numéro du journal C'Emrn.5.1p.ateur (the I~aqzai- rer).

DE L'BCONOMIE POLITIQUE. CHBP. XXXV. 123<br />

l'un <strong>de</strong> l'autre, <strong>de</strong>nx écrits <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux hommes diverse-<br />

m<strong>en</strong>t célèbres, le livre <strong>de</strong> M. Godwin sur la Justice<br />

<strong>politique</strong> et celui <strong>de</strong> Blalthiis sur la Population.<br />

M. Godwin attribuait dans son ouvrage tout le mal<br />

social à l'imperîection <strong>de</strong>s institutions <strong>politique</strong>s et aux<br />

vices <strong>de</strong>s gouvernem<strong>en</strong>ts. RIalthus était plus frappé <strong>de</strong>s<br />

résistances que l'homme oppose au progrès social, par<br />

les passions inhér<strong>en</strong>tes B sa nature et par son peu <strong>de</strong><br />

disposition à les réprimer. La lecture d'un article <strong>de</strong><br />

M. Godwin sw ta prodigal.ité et l'avarice l, le détermina<br />

à publier ses idées a ce sujet, et après quelques rema-<br />

niem<strong>en</strong>ts faciles S concevoir dans un travail <strong>de</strong> cette<br />

importance, l'essai sur le Principe <strong>de</strong> population parut<br />

<strong>en</strong> Angleterre dans la <strong>de</strong>rnière année du dix-huitième<br />

siècle, comme une espèce <strong>de</strong> résumé du dés<strong>en</strong>chante-<br />

m<strong>en</strong>t universel <strong>de</strong>s esprits. Ce livre a fait grand bruit,<br />

parce qu'il repose sur une idée simple, facile à com-<br />

preiidre et à ret<strong>en</strong>ir; et. an <strong>en</strong> a cruellem<strong>en</strong>t abusé,<br />

parce qu'il semble favoriser plus d'me mauvaise dispo-<br />

sition <strong>de</strong> l'homme, l'égoisme , la dureté, l'indiffér<strong>en</strong>ce<br />

aux maux <strong>de</strong> ses semblables. Les principes sur lesquels<br />

il repose ont obtcnu, néanmoins, la sanction <strong>de</strong> plu-<br />

sieurs gouvernem<strong>en</strong>ts, et ils t<strong>en</strong><strong>de</strong>nt si rapi<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t à pé-<br />

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qu'à <strong>en</strong>registrer leurs conquêtes, au lieu <strong>de</strong> discuter leur<br />

valeur. 11 faut dow les exposer ici dans toate leur<br />

nudité, avant d'<strong>en</strong> examiner les conséqn<strong>en</strong>ces, double<br />

tache qui réclame toute l'impartialité <strong>de</strong> l'histori<strong>en</strong>.<br />

Cette doctrine se prés<strong>en</strong>te avec le cwacéère inflexible<br />

et absolu <strong>de</strong> la fatalité. L'auteur s'est disp<strong>en</strong>sé <strong>de</strong> pré-<br />

cautions oratoires ; il étabkit , sans sourciller, comme<br />

InsdrB dans un numéro du journal C'Emrn.5.1p.ateur<br />

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