Blanqui, Adolphe (1798-1854). Histoire de l'économie politique en ...

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118 HISTOIRE ter des fruits amers ; eHe a créé des richesses immenses, à côté d'une aîfreuse pauvreté; elle a enrichi la nation, en traitant souvent bien crueliement une partie de ses citoyens. Est-ce là le but sociaI de I'accroissement des richesses, ou plutût n'est-ce pas une déviation malheu- reuse de la voie sociale? Peut-on véritablement appeler richesse cette exagération de profits prélevés, selon M. de Sismondi, sur la part des pauvres. et, selon nous, par le capital sur le travail? Ainsi naquit la concurrence universelle de la liberté illimitée de i'industrie, et de cette concurrence s'est dé- verse sur le mon& un torrent de richesses qui fertilise bien des provinces, mais qui a laissé dans plus d'une contrée des traces funestes de son passage, semblable à un char brillant et mystérieux, dont les voyageurs qu'il emporte ne peuvent pas m&me voir et plaindre les pas- sants qu'il écrase. La question en est venue au point qu'on se demande s'il falit s'applaudir ou s'inquiéter des progrès d'une richesse qui traine à sa suite tant de miséres et qui multiplie les hôpitaux et les prisons autant que les palais. Voilà le grand problème du dix-neu- vième siécle, celui qu'Adam Smith n'avait pas prévu et ne pouvait pas prévoir, à une époque où la machine à vapeur et ka machine à filer, ces deux colosses de l'in- dustrie anglaise, ne laisaient que de naître, comme son livre! Nous sommes obligés aujourd'hui de chercher un régulateur et de mettre un frein à ces instruments gi- gantesques de la production, qui nourrissent et affa- ment les hommes, qui les vêtissent et qui les dépouil- lent, qui les soulagent et qui les broient. Il ne s'agit plus exclusivement, comme du temps de Smith, d'accélérer . la production; il la faut désormais gouverner et con- tenir dans de sages limites. Il n'est plus question de

DE L'~CONOPIE POLITIQüE. CHAP. XXXIV. 1 19 richesse absolue, mais de rirhesse relative; l'humanité ' commande qu'on cesse de sacritier aux progrès de I'o- piilence publique des masses d'hommes qui n'en profite- ront point. Ainsi le veulent les lois éternelles de la jus- tice et de la morale, trop longtemps méconnues dans la répartition sociale des profits et des peines, et nous ne consentirons plus à donner le nom de richesse qu'à la somnie du produit bational équitablement distribuée entre tous les producteurs. Telle est l'économie poli- tique française à laquelle nous faisons profession d'ap- partenir, et celle-la fera le tour du monde. Telle qu'elle apparut néanmoins, la doctrine d'Adam Smith opéra une révolution complète dans la niarche de l'économie politique. Ses opinions sur les colonies ac- quirent un grand poids des événements qui se passaient en Amhique, et ses analyses des banques prhparèrent le réveil de l'Europe en matière de crédit public. L'indus- trie lui dut la suppression de presque toutes ses entra- ves, et le commerce un commencement de réduction de tous les tarifs. Restaient les questions d'agriculture et. de population que ce grand économiste n'avait fait qu'effleurer et dont la solution regarde nos enfants; mais les préjugés les plus dangereux avaient disparu devant son argumentation puissante, et leur règne est fini pour jamais. Balance du commerce, système rcs- trictif, système agricole, tout a été précipité dans le gouffre des réveries ; dam Smith a tout démonétisé par sa logique sévère et par son impartiale observation des faits. Une seule incertitude survit à ses doctrines; quel rapport y a-t-il entre la population et les subsis- tances? Pourquoi la misère privée s'accroit-elle dans nos sociétés, en même temps que Ia richesse publique? I'oiir- quoi le soleil de l'industrie ne luit-il pas pour tout le

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richesse absolue, mais <strong>de</strong> rirhesse relative; l'humanité '<br />

comman<strong>de</strong> qu'on cesse <strong>de</strong> sacritier aux progrès <strong>de</strong> I'o-<br />

piil<strong>en</strong>ce publique <strong>de</strong>s masses d'hommes qui n'<strong>en</strong> profite-<br />

ront point. Ainsi le veul<strong>en</strong>t les lois éternelles <strong>de</strong> la jus-<br />

tice et <strong>de</strong> la morale, trop longtemps méconnues dans la<br />

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cons<strong>en</strong>tirons plus à donner le nom <strong>de</strong> richesse qu'à la<br />

somnie du produit bational équitablem<strong>en</strong>t distribuée<br />

<strong>en</strong>tre tous les producteurs. Telle est <strong>l'économie</strong> poli-<br />

tique française à laquelle nous faisons profession d'ap-<br />

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Telle qu'elle apparut néanmoins, la doctrine d'Adam<br />

Smith opéra une révolution complète dans la niarche <strong>de</strong><br />

<strong>l'économie</strong> <strong>politique</strong>. Ses opinions sur les colonies ac-<br />

quir<strong>en</strong>t un grand poids <strong>de</strong>s événem<strong>en</strong>ts qui se passai<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong> Amhique, et ses analyses <strong>de</strong>s banques prhparèr<strong>en</strong>t le<br />

réveil <strong>de</strong> l'Europe <strong>en</strong> matière <strong>de</strong> crédit public. L'indus-<br />

trie lui dut la suppression <strong>de</strong> presque toutes ses <strong>en</strong>tra-<br />

ves, et le commerce un comm<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong><br />

tous les tarifs. Restai<strong>en</strong>t les questions d'agriculture et.<br />

<strong>de</strong> population que ce grand économiste n'avait fait<br />

qu'effleurer et dont la solution regar<strong>de</strong> nos <strong>en</strong>fants;<br />

mais les préjugés les plus dangereux avai<strong>en</strong>t disparu<br />

<strong>de</strong>vant son argum<strong>en</strong>tation puissante, et leur règne est<br />

fini pour jamais. Balance du commerce, système rcs-<br />

trictif, système agricole, tout a été précipité dans le<br />

gouffre <strong>de</strong>s réveries ; dam Smith a tout démonétisé<br />

par sa logique sévère et par son impartiale observation<br />

<strong>de</strong>s faits. Une seule incertitu<strong>de</strong> survit à ses doctrines;<br />

quel rapport y a-t-il <strong>en</strong>tre la population et les subsis-<br />

tances? Pourquoi la misère privée s'accroit-elle dans nos<br />

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