Blanqui, Adolphe (1798-1854). Histoire de l'économie politique en ...

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' contreux passagesL des écrivains économistes, qui avaient soutenu la nécessité d'on prix élevé pour le blé, afin d'augmenter le produit net de l'agriculture, et Turgot Btait accusé d'affamer le peuple pour faire réussir une absurde utopie. 11 ne pouvait triompher qu'b force de lits de justice de l'opposition du parlement. A Rouen, le commerce des blés était entre les mains d'une communauté de 112 marchands. Eux seuls pouvaient acheter et vendre des grains dans cette ville. Une confrérie de Y0 portefaix jouissait sous leur ordres du droit exclusif de transporter les sacs; une autre association avait le privilége de moudre pour laconsommation des habitants. Tout etait monopole, abus et tyrannie. C'est là que Turgot voulait porter la hache ; mais chaque coup qu'il essayait de frapper retombait sur lui-m&me. En lisant les longs préambules de tous les édits qu'il fit rendre, on ne sait de quoi s'étonner le plus ou de la patience des hommes qui supportèrent les exactions qui y sont signalées, ou de la folie de ceux qui voulaient empécher ce grand ministre d'y mettre un terme. Il rencontra les mbmes résistances lorsque, après avoir affranchi le commerce des blés, il tenta de réprimer les abus qui entravaient celui des vins. Accoutumés comme nous le sommes, depuis l'Assemblée constituante, ii l'égalité des citoyens et des départements devant la loi, nous avons peine à comprendre aujourd'hui ks cris de fureur qui accueillirent, surtout dans le Midi, la réforme des privilbges de localité, si nombreux en matière de vins. Que dirons-ïlous Quesnay avait dit : Qu'on ne croie pas que le bon marché des denrees est profitable au menu peuple : disette et cher16 est misère, abondance et cherté est opulence. )) (Mmirnes gdndrarales du gouvernement dconomique, XIX, XX.) Mais comment concilier la ~herté et I'ationdance?

DE L~ECONOMIE POLITIQUE. CHAP. XXXIII. 95 donc de la lutte qui s'ouvrit, au sujet de la suppression des corvées, entre le garde des sceaux Miromesnil et Turgot ? Il faut voir dans la collection des œuyres de ce dernier avec quelle verve de style et de raison il faisait ressortir la rigueur d'un système qui imposait la classe la plus malheureuse et la plus pauvre le fardeau de la construction et de l'entretien des routes1. Et combien n'avait-il pas déjà dû combattre pour obtenir ces routes elles-m&mes? Nous ignorons trop en France que c'est au système économiste, au système agricole, que nous devons l'idée des premières grandes communications dont le pays ait été doté 2, et a Turgot leur exécution. Quand il - fut question d'en répartir les eharges entre les diverses classes de citoyens, Turgot, fidèle à sa devise, prit la défense des plus pauvres : M. de Miromesnil s'attendrit sur le sort des plus riches. Voici un échantillon de leur dialogue, écrit par le premier sous formes d'observations, par le second sous le titre de réponses. Nous regrettons de n'en citer que ce fragment; mais ce fragment appar- tient 5 l'histoire de la science. Le Garde des sceaux. a Les propriétaires qui parais- sent au premier coup d'œil former la portion des sujets du roi la plus heureuse et la plus opulente, sont aussi ceux qui supportent les plus fortes charges, et qui, par la nécessité où ils sont d'employer les hommes qui n'ont 9 TomeVIlIde l'kdition de Dupont du Nemours, pages 178-262. 2 « Que l'on facilite les débouches et les transports des produc- tions et des marchandises de main-d'œuvre, par Ea réparation des dexins, et par la navigation des canaux, des rivières et de la mer ; car plils on épargne sur les frais du commerce, plus on ac- croît le revenu du territoire. » (Maximes générales du gouvernement économique, XVII.)

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contreux passagesL <strong>de</strong>s écrivains économistes, qui avai<strong>en</strong>t<br />

sout<strong>en</strong>u la nécessité d'on prix élevé pour le blé, afin<br />

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Btait accusé d'affamer le peuple pour faire réussir une<br />

absur<strong>de</strong> utopie. 11 ne pouvait triompher qu'b force <strong>de</strong><br />

lits <strong>de</strong> justice <strong>de</strong> l'opposition du parlem<strong>en</strong>t. A Rou<strong>en</strong>, le<br />

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<strong>de</strong> 112 marchands. Eux seuls pouvai<strong>en</strong>t acheter<br />

et v<strong>en</strong>dre <strong>de</strong>s grains dans cette ville. Une confrérie <strong>de</strong><br />

Y0 portefaix jouissait sous leur ordres du droit exclusif<br />

<strong>de</strong> transporter les sacs; une autre association avait le<br />

privilége <strong>de</strong> moudre pour laconsommation <strong>de</strong>s habitants.<br />

Tout etait monopole, abus et tyrannie. C'est là que Turgot<br />

voulait porter la hache ; mais chaque coup qu'il essayait<br />

<strong>de</strong> frapper retombait sur lui-m&me. En lisant les<br />

longs préambules <strong>de</strong> tous les édits qu'il fit r<strong>en</strong>dre, on ne<br />

sait <strong>de</strong> quoi s'étonner le plus ou <strong>de</strong> la pati<strong>en</strong>ce <strong>de</strong>s hommes<br />

qui supportèr<strong>en</strong>t les exactions qui y sont signalées,<br />

ou <strong>de</strong> la folie <strong>de</strong> ceux qui voulai<strong>en</strong>t empécher ce grand<br />

ministre d'y mettre un terme. Il r<strong>en</strong>contra les mbmes<br />

résistances lorsque, après avoir affranchi le commerce<br />

<strong>de</strong>s blés, il t<strong>en</strong>ta <strong>de</strong> réprimer les abus qui <strong>en</strong>travai<strong>en</strong>t<br />

celui <strong>de</strong>s vins. Accoutumés comme nous le sommes, <strong>de</strong>puis<br />

l'Assemblée constituante, ii l'égalité <strong>de</strong>s citoy<strong>en</strong>s et<br />

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aujourd'hui ks cris <strong>de</strong> fureur qui accueillir<strong>en</strong>t,<br />

surtout dans le Midi, la réforme <strong>de</strong>s privilbges <strong>de</strong> localité,<br />

si nombreux <strong>en</strong> matière <strong>de</strong> vins. Que dirons-ïlous<br />

Quesnay avait dit : Qu'on ne croie pas que le bon marché<br />

<strong>de</strong>s <strong>de</strong>nrees est profitable au m<strong>en</strong>u peuple : disette et cher16 est<br />

misère, abondance et cherté est opul<strong>en</strong>ce. )) (Mmirnes gdndrarales<br />

du gouvernem<strong>en</strong>t dconomique, XIX, XX.)<br />

Mais comm<strong>en</strong>t concilier la ~herté et I'ationdance?

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