Passe Murailles n° 35 : Rester debout au trou - Webnode

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# 35 MAARS//AAVRIL 2012 actualités De plus, le Parti socialiste préconise, pour garantir l’indépendance de la justice et de tous les magistrats, la nomination des parquetiers après un avis conforme – et non simple – du Conseil supérieur de la magistrature. Il n’est pas prévu, cependant, d’octroyer à cet organe un pouvoir de proposition en termes de nomination. Les juges d’instruction devraient, eux, être maintenus. Les interventions du gouvernement dans les dossiers individuels seront interdites. Il est aussi préconisé de supprimer la réforme introduisant des citoyens assesseurs en correctionnelle. Le budget de la justice devrait en effet « être consacré en priorité au recrutement de greffiers et d’assistants de justice afin de seconder les magistrats dans leur tâche ». Le candidat du PS propose de plus de créer une unique juridiction de première instance regroupant les actuels tribunaux d’instance et tribunaux de grande instance dans le cadre de « tribunaux de première instance » uniques pour toutes les affaires civiles et pénales (complété de deux juridictions d’exception spécialisées que sont les conseil de prud’hommes et le tribunal de commerce). Il s’agit ici, selon Julien Cheval, avocat, « d’une véritable réforme de l’organisation judiciaire et de la procédure civile de première instance » mais aussi d’ « une rationalisation bienvenue de notre système judiciaire rendue ainsi plus compréhensible et plus accessible pour le justiciable » 4 . Enfin, rétention de sûreté et peines plancher seraient enterrées. « Les peines plancher ne servent à rien en termes de réinsertion, seulement à empêcher l’individualisation des peines » 5 , rappelle la députée Christine Lazerges, co-auteur des propositions du candidat du Parti socialiste en matière de justice. Le candidat du Parti socialiste souhaite mettre en œuvre une nouvelle sécurité de proximité assurée par la police dans les quartiers et la gendarmerie dans les territoire ruraux. Il préconise d’instaurer des « zones de sécurité prioritaires où seront concentrés davantage de moyens ». Mais aussi de créer 1 000 postes supplémentaires, chaque année, pour la justice, la police et la gendarmerie. En matière de libertés individuelles, il est prévu que les avocats des personnes placées en garde à vue aient accès au dossier de leur client, ce à quoi s’opposent fermement les policiers. De plus, le candidat promet de lutter contre le « délit de faciès » dans les contrôles d’identité. 08 Sur les questions d’immigration, François Hollande veut accorder le droit de vote aux élections locales aux étrangers résidant légalement en France depuis cinq ans. De plus, il préconise de « sécuriser l’immigration légale » et de régulariser les sans-papiers, au cas par cas, sur la base de critères objectifs. EELV – Eva Joly 6 Dans le programme d’Europe-Ecologie-Les Verts, la question pénitentiaire est traitée ainsi : il est proposé d’améliorer les conditions de détention, notamment par l’instauration d’un numerus clausus par établissement pénitentiaire, forçant ainsi à respecter le droit à l’encellulement individuel. De plus, Eva Joly propose un moratoire sur la construction de nouvelles places de prison, qui se limitera au remplacement d’établissements vétustes et indignes. Notons qu’il sera mis fin aux Partenariats Publics-Privés dans l’administration pénitentiaire. Pour garantir les droits des personnes détenues, des bureaux de vote seront installés lors des élections dans les lieux de détention, et des parloirs intimes devront être construits dans chaque prison. Il sera possible pour les détenus de porter des revendications collectives. Un contrat de travail sera mis en place et précisera les droits des travailleurs détenus. Les personnes souffrant de maladies graves, notamment psychiques, ou trop âgées pour être maintenues en détention verront leurs peines aménagées. La réinsertion est présentée comme l’objectif principal de la peine : les services pénitentiaires d’insertion et de probation seront renforcés. La libération conditionnelle sera privilégiée. Toute peine de prison devra obligatoirement se faire en partie en milieu ouvert. Sur le programme de la justice proprement dit, la candidate propose d’augmenter le budget de la Justice. Mais aussi de supprimer la Cour de Justice de la République 7 , de mieux encadrer la comparution immédiate (notamment en restreignant son utilisation), d’abroger les peines plancher et la rétention de sûreté, de dépénaliser certains délits afin de désengorger les tribunaux et de développer la justice réparatrice, « qui a donné des résultats probants à l’étranger, en mettant en place des Conférences de justice réparatrice en marge des tribunaux ». De plus, il est question, « pour rendre la justice plus acces-

sible », d’augmenter le budget de l’aide juridictionnelle et d’élaborer une nouvelle carte judiciaire « afin que toute personne puisse bénéficier d’une juridiction accessible à proximité ». Il est ensuite préconisé, afin de mieux lutter contre les délits environnementaux, de faire reconnaître les grands crimes environnementaux comme incrimination à la Cour pénale internationale. Enfin, le Conseil supérieur de la magistrature évoluera vers un « Conseil supérieur de la Justice », institution indépendante du pouvoir politique chargée du contrôle des nominations et affections des magistrats, avec un véritable pouvoir de véto sur les décisions du pouvoir exécutif. Un « Procureur général de l’État », élu par le Parlement, sera créé et se substituera au garde des Sceaux au sommet de la hiérarchie du Parquet. Il aura en charge la mise en œuvre de la politique pénale et judiciaire, élaborée conjointement par le Parlement et le ministre de la Justice. Concernant les questions de sécurité, il s’agira de réhabiliter les politiques de prévention, notamment avec la création d’un service de médiation, « moyen privilégié de résolution des conflits ». Pour que les conditions de garde à vue, d’accueil et de travail soient dignes, un grand plan d’investissements (locaux et matériels) sera lancé. De plus, les gendarmes disposeront du droit d’expression collective. Les contrôles d’identité seront restreints ; les flash-ball seront interdits et l’usage de l’ensemble des armes par les forces de sécurité sera revu. Les 70 fichiers de police seront « remis à plat ». Un moratoire national sera imposé sur la vidéosurveillance tandis que la CNIL sera dotée de pouvoirs accrus. Les citoyens pourront faire appel à une autorité administrative indépendante concernant l’action des forces de sécurité, sur le modèle du Contrôleur général des lieux de privation de liberté. Concernant les droits des immigrés, Eva Joly se déclare en faveur de la régularisation de la situation administrative des étrangers présents sur notre territoire. Elle insiste sur le respect des droits fondamentaux des étrangers, avec notamment l’encadrement des contrôles d’identité, la dépénalisation du séjour irrégulier, la fermeture « des prisons administratives que sont les centres de rétention et les zones d’attente » et l’abrogation du délit de solidarité. 09 Front national – Marine Le Pen 8 Selon l’Institut de l’entreprise, le projet du FN pour la sécurité coûterait de 7 à 8 milliards d’euros. Ce chiffrage se fonde sur les trois principales mesures annoncées par ‘extrême droite. La plus coûteuse est la création de 40 000 places de prison supplémentaires (parce que la surpopulation carcérale « ruine l’idée de réparation pour la victime et entrave l’espoir d'amélioration du prisonnier ») – soit plus de 20 000 de plus que ce que préconise le gouvernement (1,2 milliard par an en dépenses de fonctionnement et entre 4 et 6 milliards sur le quinquennat en dépenses d'investissement) 9 . La deuxième mesure consisterait à revaloriser de 25 % le budget de la justice 10 (soit un milliard d’euros supplémentaire). Enfin, le FN veut reconstituer en cinq ans les effectifs de police et de gendarmerie supprimés depuis 2005, soit recréer les 92 000 postes supprimés dans le cadre de la Révision générale des politiques publiques (RGPP) (soit 242 millions d'euros). La candidate du FN a exprimé son souhait de voir organiser un référendum « proposant le choix entre le rétablissement de la peine de mort et la mise en place de la réclusion criminelle à perpétuité réelle, sans possibilité de sortir un jour de prison », estimant urgent « d’écouter enfin le peuple sur un sujet qui le concerne au premier chef ». Elle fait de plus état de sa volonté de supprimer les remises automatiques de peine. Mais aussi de réformer la garde à vue : « la réforme Sarkozy de la garde à vue est un échec selon tous les acteurs du monde judiciaire : elle a entraîné un surcroît de formalisme et un recul de l’efficacité de l’enquête : le taux d’élucidation est en baisse ». Afin d’assurer le contrôle des gardes à vue, il sera créé un corps de contrôleurs des droits civiques, confié à des citoyens retraités, ayant servi dans les professions judiciaires. Afin de garantir l’indépendance et la neutralité de la magistrature, Marine Le Pen est pour la suppression du droit d’être syndiqué, de la possibilité de s’engager politiquement, d’écrire ou de témoigner au sujet d’une quelconque affaire ayant trait à leur fonction. Le programme fait état de la volonté de « réserver un traitement énergique et efficace à la délinquance des mineurs » : la majorité pénale sera abaissée de 18 à 15 ans, la responsabilité pénale sera accrue pour tous les mineurs de plus de 13 ans, et les aides sociales aux parents d’enfants récidivistes seront supprimées. De plus, il est question de « redonner une vraie place à la ## 3355 MMAARRS/AVRRIILL 2201122

# <strong>35</strong> MAARS//AAVRIL 2012<br />

actualités<br />

De plus, le Parti socialiste préconise, pour garantir l’indépendance<br />

de la justice et de tous les magistrats, la nomination<br />

des parquetiers après un avis conforme – et non simple<br />

– du Conseil supérieur de la magistrature. Il n’est pas<br />

prévu, cependant, d’octroyer à cet organe un pouvoir de<br />

proposition en termes de nomination. Les juges d’instruction<br />

devraient, eux, être maintenus. Les interventions du<br />

gouvernement dans les dossiers individuels seront interdites.<br />

Il est <strong>au</strong>ssi préconisé de supprimer la réforme introduisant<br />

des citoyens assesseurs en correctionnelle. Le budget de la<br />

justice devrait en effet « être consacré en priorité <strong>au</strong> recrutement<br />

de greffiers et d’assistants de justice afin de seconder<br />

les magistrats dans leur tâche ».<br />

Le candidat du PS propose de plus de créer une unique<br />

juridiction de première instance regroupant les actuels tribun<strong>au</strong>x<br />

d’instance et tribun<strong>au</strong>x de grande instance dans le<br />

cadre de « tribun<strong>au</strong>x de première instance » uniques pour<br />

toutes les affaires civiles et pénales (complété de deux juridictions<br />

d’exception spécialisées que sont les conseil de<br />

prud’hommes et le tribunal de commerce). Il s’agit ici,<br />

selon Julien Cheval, avocat, « d’une véritable réforme de<br />

l’organisation judiciaire et de la procédure civile de première<br />

instance » mais <strong>au</strong>ssi d’ « une rationalisation bienvenue<br />

de notre système judiciaire rendue ainsi plus compréhensible<br />

et plus accessible pour le justiciable » 4 .<br />

Enfin, rétention de sûreté et peines plancher seraient<br />

enterrées. « Les peines plancher ne servent à rien en termes<br />

de réinsertion, seulement à empêcher l’individualisation<br />

des peines » 5 , rappelle la députée Christine Lazerges,<br />

co-<strong>au</strong>teur des propositions du candidat du Parti socialiste<br />

en matière de justice.<br />

Le candidat du Parti socialiste souhaite mettre en<br />

œuvre une nouvelle sécurité de proximité assurée par la<br />

police dans les quartiers et la gendarmerie dans les territoire<br />

rur<strong>au</strong>x. Il préconise d’inst<strong>au</strong>rer des « zones de sécurité<br />

prioritaires où seront concentrés davantage de<br />

moyens ». Mais <strong>au</strong>ssi de créer 1 000 postes supplémentaires,<br />

chaque année, pour la justice, la police et la gendarmerie.<br />

En matière de libertés individuelles, il est prévu que les<br />

avocats des personnes placées en garde à vue aient accès<br />

<strong>au</strong> dossier de leur client, ce à quoi s’opposent fermement<br />

les policiers. De plus, le candidat promet de lutter contre le<br />

« délit de faciès » dans les contrôles d’identité.<br />

08<br />

Sur les questions d’immigration, François Hollande<br />

veut accorder le droit de vote <strong>au</strong>x élections locales <strong>au</strong>x<br />

étrangers résidant légalement en France depuis cinq ans.<br />

De plus, il préconise de « sécuriser l’immigration légale » et<br />

de régulariser les sans-papiers, <strong>au</strong> cas par cas, sur la base<br />

de critères objectifs.<br />

EELV – Eva Joly 6<br />

Dans le programme d’Europe-Ecologie-Les Verts,<br />

la question pénitentiaire est traitée ainsi : il est proposé<br />

d’améliorer les conditions de détention, notamment par<br />

l’inst<strong>au</strong>ration d’un numerus cl<strong>au</strong>sus par établissement<br />

pénitentiaire, forçant ainsi à respecter le droit à l’encellulement<br />

individuel.<br />

De plus, Eva Joly propose un moratoire sur la construction<br />

de nouvelles places de prison, qui se limitera <strong>au</strong> remplacement<br />

d’établissements vétustes et indignes. Notons qu’il<br />

sera mis fin <strong>au</strong>x Partenariats Publics-Privés dans l’administration<br />

pénitentiaire.<br />

Pour garantir les droits des personnes détenues, des<br />

bure<strong>au</strong>x de vote seront installés lors des élections dans les<br />

lieux de détention, et des parloirs intimes devront être<br />

construits dans chaque prison. Il sera possible pour les<br />

détenus de porter des revendications collectives. Un<br />

contrat de travail sera mis en place et précisera les droits<br />

des travailleurs détenus. Les personnes souffrant de maladies<br />

graves, notamment psychiques, ou trop âgées pour<br />

être maintenues en détention verront leurs peines aménagées.<br />

La réinsertion est présentée comme l’objectif principal de<br />

la peine : les services pénitentiaires d’insertion et de probation<br />

seront renforcés. La libération conditionnelle sera<br />

privilégiée. Toute peine de prison devra obligatoirement<br />

se faire en partie en milieu ouvert.<br />

Sur le programme de la justice proprement dit, la<br />

candidate propose d’<strong>au</strong>gmenter le budget de la Justice.<br />

Mais <strong>au</strong>ssi de supprimer la Cour de Justice de la<br />

République 7 , de mieux encadrer la comparution immédiate<br />

(notamment en restreignant son utilisation), d’abroger<br />

les peines plancher et la rétention de sûreté, de dépénaliser<br />

certains délits afin de désengorger les tribun<strong>au</strong>x et<br />

de développer la justice réparatrice, « qui a donné des<br />

résultats probants à l’étranger, en mettant en place des<br />

Conférences de justice réparatrice en marge des tribun<strong>au</strong>x<br />

».<br />

De plus, il est question, « pour rendre la justice plus acces-

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