Passe Murailles n° 35 : Rester debout au trou - Webnode

« Selon moi, il vaut mieux dire la vérité aux enfants, qui
se rendent vite compte du mensonge que leurs parents
leur ont fait, notamment au contact des autres enfants
à l’école... »
« Mon arrestation a marqué mes enfants, qui ont dû être
suivis par un psychologue, et rencontrent aujourd’hui
des lacunes scolaires... Si je pouvais revenir en arrière, je
n’aurai pas fait d’enfants pour les faire souffrir ainsi. Je
me demande comment on peut faire des “enfants parloirs”
! C'est d’un tel égoïsme ! »
Mounir Diari, ancien détenu,
à l’origine de la création de l’association
« J’veux m’en sortir »
G / Comment conserver son image de parent-modèle et
son autorité suite au passage en prison ? Comment faire
en sorte que son enfant ne modifie pas par la suite son
rapport à la loi ? Ne banalise pas la délinquance ?
JF / L’incarcération d’un père ou d’une mère est un événement
qui ébranle fortement les représentations de l’enfant.
Celui-ci se trouve devant la contradiction d’avoir un
père ou une mère qui incarne la loi et qui en même temps
a été placé en prison pour l’avoir transgressée.
Ce parent est-il encore un parent responsable à ses propres
yeux et aux yeux des autres ? Comment permettre à
l’enfant de se sentir reconnu comme enfant de ce père-ou
de cette mère là ? Comment soutenir ces enfants dans
EExtraaitt du lliivrreett
AAvvooiirr uunn ppaarreenntt eenn pprriissoonn
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l’épreuve qu’ils traversent, dans leur sentiment d’incompréhension
de l’absence subite vécue comme
une disparition, dans le débordement émotionnel
des premières retrouvailles, dans leurs inquiétudes
et fantasmes concernant le lieu prison, dans leur
mise en question de leur lien de filiation avec un
père ou une mère qui a commis un délit, un délit
dont ils sont parfois eux-mêmes les victimes ?
C’est avec la volonté de soutenir le dialogue
nécessaire entre l’enfant et l’adulte que l'UFRAMA a
créé les carnets de l’enfant. Ces carnets qui comportent
un livret destiné à l’enfant inséré dans plusieurs
pages destinés aux parents, ont pour objectif de
favoriser le dialogue entre l’adulte et l’enfant. Ils se
proposent d’être un support à l’échange : support
pour l’adulte qui a besoin d’être épaulé dans sa
démarche et support pour l’enfant qui peut demander
des éclaircissements et exprimer ce qu’il peut ressentir.
Ces livrets sont remis gratuitement dans le cadre des
différentes maisons d’accueil des familles ainsi que par les
associations et organismes en lien avec les familles et les
enfants concernés :
• Tim et le mystère de la patte bleue, pour les enfants de
3 à 7 ans ayant un parent incarcéré ;
• Avoir un parent en prison, pour les enfants de 7 à 11 ans
ayant un parent incarcéré ;
• Tim et le bracelet mystérieux, pour les enfants ayant un
parent en placement sous surveillance électronique.
Selon le psychanalyste et criminologue Yann
Bogopolsky, « Ce qui est déstructurant pour un enfant,
c’est le non-dit. Les parents ont un effet structurant
lorsqu’il y a cohérence entre ce qu’ils disent ou ce qu’ils
font ou lorsqu’ils peuvent reconnaître leurs défaillances,
sinon les assumer. Aider un enfant à advenir dans son
humanité adulte, ce n’est donc pas opérer une bipartition
normative entre bon et mauvais mais l’aider à retrouver sa
vérité de sujet ».
C’est dans cette perspective que l’UFRAMA oriente son
action pour permettre à l’enfant, à travers les paroles prononcées,
la rencontre lorsqu’elle est possible, de reconnaître
son père ou sa mère dans sa fonction parentale audelà
de la situation d’incarcération.
NOTES
1. Union Nationale des Fédérations Régionales des Associations de Maisons
d'Accueil de Familles et proches de personnes
2. Uframag, n° 14, février 2011
3. Uframag, n° 12, juillet 2009
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