Passe Murailles n° 35 : Rester debout au trou - Webnode

Passe Murailles n° 35 : Rester debout au trou - Webnode Passe Murailles n° 35 : Rester debout au trou - Webnode

files.anciens.genepi.webnode.fr
from files.anciens.genepi.webnode.fr More from this publisher
27.06.2013 Views

Passe-Murailles 35 MARS/AVRIL 2012 Directeur de publication : Manon Veaudor Responsable éditorial : Marie Classine Rédactrice en chef : Claire van den Bogaard Comité de rédaction : Manon Veaudor, Marie Classine, Claire van den Bogaard, Brice Husson, Camille Varin. Maquette : Estimprim. Mise en page : Claire van den Bogaard Couverture : Lore Marguiraut et Marie Classine. Remerciements : Tous nos remerciements aux personnes qui ont accepté de témoigner à l’occasion de ce numéro. N° ISSN : 1954-2356 - Dépôt légal à parution Pour contacter la rédaction : GENEPI - 12 rue Charles Fourier - 75013 Paris 01 45 88 37 00 publication@genepi.fr Avec le soutien de Sommaire Actualités [page 04] Dossier [page 21] Association [page 90] Culture [page 96] Le GENEPI rappelle que le PPaassssee--MMuurraaiilllleess se veut un espace de réflexion et de débat. À ce titre, les propos tenus dans cette revue n’engagent que leurs auteurs. LA CHARTE DU GENEPI La vocation du GENEPI est de participer au décloisonnement de la prison en établissant un lien entre les détenus et le monde extérieur. Le GENEPI est sans affiliation politique ni religieuse. Il est indépendant de toute institution quant à sa réflexion et ses prises de position. Le GENEPI, association citoyenne, attachée au respect des Droits de l’Homme, a le devoir de rendre compte de leurs violations éventuelles. Le GENEPI est constitué d’étudiants y exerçant leur citoyenneté. La Justice étant rendue notamment en leur nom, le GENEPI se réserve le droit de faire part de ses réflexions auprès des citoyens et de leurs représentants. Le GENEPI considère que toute peine doit nécessairement permettre la réinsertion dans la société. Le GENEPI est opposé à toute peine et tout traitement inhumains ou dégradants. Il est opposé à la peine de mort. Le GENEPI contribue à l’exercice du droit au savoir des personnes incarcérées. Dans toutes ses activités, le GENEPI est indifférent au passé pénal des personnes incarcérées. La qualité des interventions du GENEPI nécessite la plus grande concertation avec les différents partenaires concernés. Dans le cadre de l’information et de la sensibilisation du public, le GENEPI rappelle que son devoir de témoignage s’accompagne du souci de la plus grande honnêteté. La diversité de provenance des étudiants qui composent le GENEPI est un atout majeur de la qualité de son action. L’action du GENEPI nécessite la formation des membres de l’association. L’action au sein du GENEPI est indissociable d’une réflexion sur le système pénal et judiciaire. La réflexion sur l’action et la politique du GENEPI doit être permanente et menée par ses membres.

«Le GENEPI rappelle que son devoir de témoignage s’accompagne du souci de la plus grande honnêteté. » Ces mots, tous les Génépistes les ont lus et les ont signés lorsqu’ils ont adhéré à la charte du GENEPI. Mais dans notre pratique, qu’en faisons nous ? Témoignons-nous vraiment d’une réalité ? Et si oui, laquelle ? Celui qui prétend qu’il peut témoigner des conditions de détention parce qu’il a, une après-midi par semaine, animé un atelier en détention, celuilà se trompe. Nous ne pouvons dire ce que cela fait d’être enfermé, d’être privé de sa liberté d’aller et venir. Nous ne savons pas ce que cela signifie de se retrouver face à soi même dans 9m 2 , nous ne savons pas ce que cela fait de voir sa famille dans un parloir, de se retrouver nu devant un surveillant et ses gants de latex. De quoi pouvons-nous témoigner alors ? A minima, nous pouvons témoigner de leur existence, et rappeler à la société qu’ils sont là, que les murs ne les ont pas annihilés. Nous ne voulons pas parler à leur place, et remplacer des murs par des mots. Avec ce numéro, nous aurions aimé nous effacer pour laisser la parole à ceux qui portent réellement le poids de la prison sur leur humanité. Nous voulions questionner les répercussions sur l’intime et sur l’appréciation de soi causées par l’enfermement, parfois par la culpabilité, et il nous semblait inapproprié de parler de ce qui constitue l’identité d’un autre. Cette ambition a cependant été rapidement contrariée par des barrières administratives et pratiques. Le contrôle que l’administration pénitentiaire a sur les écrits qui sor- Derrière les murs, des hommes tent de détention empêchait une libre parole, outre les procédures d’autorisation pour publication. Cependant, renoncer à un sujet pour des raisons d’autorisations aurait été trahir ceux à qui nous voulions donner la parole. Plus, cela aurait été se soumettre à une forme de censure silencieuse pour se plier aux lois de l’administration pénitentiaire. Pour contourner ces difficultés, nous avons demandé à des anciens détenus de parler de leur vécu, et de ce qui pour eux avait porté atteinte à leur dignité, avait été vécu comme une honte ou une humiliation. À partir de là, comment choisir ? Comment déterminer ce qui touche à l’intégrité de la personne et ce qui est acceptable ? Nous ne sommes pas les premiers à nous poser la question. La convention de sauvegarde des droits de l’Homme et des libertés fondamentales, dont la France est signataire, précise dès l’article 3 que « Nul ne peut être soumis à la torture ni à des peines ou traitements inhumains ou dégradants ». Mais dans la pratique de la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH), il y a une tension entre ce droit accordé à tout homme et la punition infligée en cas de non-respect de la loi. Ainsi, « la Cour considère que toute punition contient un élément inhérent d’humiliation ; l’humiliation en soi ne suffit donc pas pour reconnaître une violation de l’article 3. Cependant, la Cour n’a jamais défini ce qu’est “l’humiliation normale” inhérente à toute punition. Il faut donc analyser au cas par cas la jurisprudence pour en déduire ce que la Cour considère comme une humiliation suffisamment grave pour constituer une vio- 03 édito Par Camille Varin, déléguée régionale du GENEPI-PACA-Corse lation de l’article 3 », rappelle Sonja Snacken dans Prisons en Europe. En réalité, il n’y a pas de définition possible qui satisfasse tout le monde. Laisser chacun définir ce qui l’a touché, choisir ses mots, c’est le choix qui a été fait dans ce numéro pour donner vie à l’intime. Laisser de la place pour des témoignages est cependant insuffisant pour donner corps à un concept. Honte, humiliation, dignité sont des réalités personnelles, des points de vue, des combats à mener avec soi-même. Chacun écrit pour lui-même, que ce soit pour se reconstruire, donner la preuve de sa réinsertion, se rassurer, pour dénoncer... Il s’agit d’essayer de faire comprendre une réalité qu’on pense mieux saisir dès lors qu’elle a été vécue. Pour autant, le vécu personnel ne permet pas de parler pour les autres et de se faire porte-parole de tous. Derrières les murs des prisons, il y a aussi une foule silencieuse qui va taire son histoire et son mal-être et qui, une fois dehors, ne voudra pas revenir sur ce passé. Nul ne peut parler pour eux et dire ce qu’ils ont ressenti, s’ils ont été humiliés, sans prendre le risque de les déshumaniser encore une fois en leur ôtant le droit de se taire. Le dossier de ce mois-ci regroupe des témoignages, accompagnés d’une littérature plus scientifique et plus froide du problème. Cette superposition des registres permet d’élargir le regard au maximum, sans avoir la prétention de tout dire. Les non-dits qui se dessinent en creux sont peut-être ceux qui sont le mieux à même de décrire la manière dont la machine carcérale peut briser un homme. ## 3355 MMAARRSS/AVVRRIILL 2201122

<strong>Passe</strong>-<strong>Murailles</strong> <strong>n°</strong> <strong>35</strong><br />

MARS/AVRIL 2012<br />

Directeur de publication : Manon Ve<strong>au</strong>dor<br />

Responsable éditorial : Marie Classine<br />

Rédactrice en chef : Claire van den Bogaard<br />

Comité de rédaction : Manon Ve<strong>au</strong>dor, Marie Classine,<br />

Claire van den Bogaard, Brice Husson, Camille Varin.<br />

Maquette : Estimprim.<br />

Mise en page : Claire van den Bogaard<br />

Couverture : Lore Marguir<strong>au</strong>t et Marie Classine.<br />

Remerciements : Tous nos remerciements <strong>au</strong>x personnes<br />

qui ont accepté de témoigner à l’occasion de ce<br />

numéro.<br />

N° ISSN : 1954-2<strong>35</strong>6 - Dépôt légal à parution<br />

Pour contacter la rédaction :<br />

GENEPI - 12 rue Charles Fourier -<br />

75013 Paris<br />

01 45 88 37 00<br />

publication@genepi.fr<br />

Avec le soutien de<br />

Sommaire<br />

Actualités [page 04]<br />

Dossier [page 21]<br />

Association [page 90]<br />

Culture [page 96]<br />

Le GENEPI rappelle que le PPaassssee--MMuurraaiilllleess se veut un<br />

espace de réflexion et de débat. À ce titre, les propos<br />

tenus dans cette revue n’engagent que leurs <strong>au</strong>teurs.<br />

LA CHARTE DU GENEPI<br />

La vocation du GENEPI est de participer<br />

<strong>au</strong> décloisonnement de la prison<br />

en établissant un lien entre les détenus<br />

et le monde extérieur.<br />

Le GENEPI est sans affiliation politique ni religieuse. Il<br />

est indépendant de toute institution quant à sa<br />

réflexion et ses prises de position.<br />

Le GENEPI, association citoyenne, attachée <strong>au</strong> respect<br />

des Droits de l’Homme, a le devoir de rendre compte<br />

de leurs violations éventuelles.<br />

Le GENEPI est constitué d’étudiants y exerçant leur<br />

citoyenneté. La Justice étant rendue notamment en<br />

leur nom, le GENEPI se réserve le droit de faire part de<br />

ses réflexions <strong>au</strong>près des citoyens et de leurs représentants.<br />

Le GENEPI considère que toute peine doit nécessairement<br />

permettre la réinsertion dans la société.<br />

Le GENEPI est opposé à toute peine et tout traitement<br />

inhumains ou dégradants. Il est opposé à la peine de<br />

mort.<br />

Le GENEPI contribue à l’exercice du droit <strong>au</strong> savoir des<br />

personnes incarcérées.<br />

Dans toutes ses activités, le GENEPI est indifférent <strong>au</strong><br />

passé pénal des personnes incarcérées.<br />

La qualité des interventions du GENEPI nécessite la<br />

plus grande concertation avec les différents partenaires<br />

concernés.<br />

Dans le cadre de l’information et de la sensibilisation<br />

du public, le GENEPI rappelle que son devoir de témoignage<br />

s’accompagne du souci de la plus grande honnêteté.<br />

La diversité de provenance des étudiants qui composent<br />

le GENEPI est un atout majeur de la qualité de son<br />

action.<br />

L’action du GENEPI nécessite la formation des membres<br />

de l’association.<br />

L’action <strong>au</strong> sein du GENEPI est indissociable d’une<br />

réflexion sur le système pénal et judiciaire.<br />

La réflexion sur l’action et la politique du GENEPI doit<br />

être permanente et menée par ses membres.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!