Multidimensional Pain Inventory (MPI) - Institut de Mathématiques ...

Quantifier la douleur : définition, recueil
et analyse d’une donnée subjective
Christine Brefel-Courbon
Service de Pharmacologie, Pôle Santé Société
Service de Neurologie, Pôle Neurosciences,
CHU Toulouse
Groupe de Recherche Clinique du CLUD

Pourquoi quantifier la douleur?
Prévalence de la douleur chronique dans la
population générale
2 à 50% selon les études (Verhaak et al, 1998;
Elliot et al, 1999; Rustoen et al, 2004)
2 études récentes : prévalence de 20% en France
(Bouhassira et al, 2008, Brefel-Courbon et al, 2009)
Retentissement :
Altération de la Qualité de vie
(Meyer-Rosberg et al, 2001)

La douleur diminue la productivité
Mc Dermott et al, 2006
Sévérité de la douleur est
corrélée avec le statut
professionnel
Sévérité de la douleur est
corrélée avec le nombre de
consultations médicales

La douleur diminue la productivité
Exemple de la douleur neuropathique
-Absentéisme moyen : 5.5 jours/mois chez 602 patients
(mcdermott et al, 2006)
- Diminution de productivité chez 35% patients
diabétiques avec DN (Tolle et al, 2006) :
réduction du temps de travail (15%)
invalidité (12%)
retraite anticipée ou perte d’emploi (8%)

La douleur augmente les coûts
55 686 patients (USA) avec douleur neuropathique
x 3
Berger et al, 2004
Problème de santé publique !!!

Pourquoi quantifier la douleur?
International Association of Study of Pain (1986) a défini
« la douleur comme une expérience sensorielle et
émotionnelle désagréable associée à une lésion tissulaire,
réelle ou potentielle »
La douleur est une expérience subjective
multidimensionnelle
Elle se définit comme un vécu, un phénomène perceptif.
• Composante sensorielle : détection et localisation de la
douleur, intensité
• Composante émotionnelle : tonalité affective désagréable,
pénible, difficilement supportable

Une expérience subjective est difficile à mesurer
Mesures objectives de la douleur :
- Réponses neurovégétatives : variations de la FC, PSA,
diamètre pupillaire…
mesure indirecte d’une réponse d’un individu à la douleur
- Réponses électrophysiologiques : Réflexe nociceptif de
flexion (RIII)
• Stimulation: nerf sural à la cheville
• Enregistrement de la réponse réflexe
RIII : biceps fémoral homolatéral (électrodes de
surface)
Réflexe apparaît lorsque la sensation évoquée par stimulation
électrique est ressentie comme douloureuse
Mesures unidimensionnelles ne reflétant pas la perception
du patient?

Comment prendre en compte la nature
perceptive et émotionnelle de la douleur ?
Echelles unidimensionnelles évaluant l’intensité
perçue de la douleur
Echelle verbale simple (EVS) :
?
• Nombre limité de catégories : choix forcés
• Intervalles égaux ???
Echelle numérique (EN) :
0 = pas de douleur
10 = douleur max
Risque de mémorisation

Comment prendre en compte la nature
perceptive et émotionnelle de la douleur ?
Echelles unidimensionnelles évaluant l’intensité
perçue de la douleur
Echelle Analogique Visuelle (EVA) :
Composante sensorielle et affective
Signification de 30 ou de 40???
Très utilisée

Comparaison des Echelles unidimensionnelles
évaluant l’intensité perçue de la douleur
Sensibilité : EVA>EVS, EN
Compréhension : EVA

Soulagement (0
à 10)
Analyse des scores des échelles
unidimensionnelles
Variabilité +++ de la douleur au cours du temps
Séries de mesure à plusieurs moments de la journée
SUMVAS : somme des scores d’EVA pendant un temps donné
Evaluation de médicaments antalgiques :
• à chaque temps : PID (pain intensity difference)/valeur basale
AUC SPID : somme des différences d’intensité entre 2 Temps
• à chaque temps : PAR (Pain relief) : soulagement. TOTPAR (Total
pain relief) est calculé avec AUC sur une période de temps

Modèles de Rash
Limitations des échelles classiques :
• Caractère ordinal
Un score de 2 = 2 fois + intense que un score de 1 ???
• Dépendance entre le score de douleur du sujet et les items
sélectionnés pour évaluer la douleur
« se frapper le pouce avec un marteau » ≠ « être piqué par un
moustique »
La localisation du sujet sur l’axe de la variable douleur va
dépendre de l’intensité de la douleur inhérente aux items posés.

Modèles de Rash
La méthodologie de Rash : procédures mathématiques
transformant des réponses sur une échelle ordinale en
mesures de perception de douleur sur une échelle avec des
intervalles égaux connus.

Modèles de Rash
Modèle probabiliste : il formule la probabilité d’une
réponse donnée en fonction du niveau de douleur de
la personne et de la douleur inhérente à l’item.
Un sujet qui a un niveau
de douleur élevé a une
probabilité + importante
(/sujet avec niveau de
douleur faible) d’obtenir
un score élevé quelque
soit l’item considéré

Modèles de Rash
Il permet d’investiguer le nombre optimal de niveaux
de réponses que les échelles doivent comporter.
Limite supérieure de niveaux ?
Au-delà l’ajout de catégories de réponse diminue la
précision de l’information et la validité de la mesure.

Comment prendre en compte la nature
perceptive et émotionnelle de la douleur ?
Echelles multidimensionnelles : qualitatives
et quantitatives.
Elles évaluent les aspects douloureux sensoriels et
affectifs
Mc Gill Pain Questionnaire et sa version française :
QDSA (Questionnaire douleur de Saint Antoine)
61 qualificatifs répartis en sous classes :
• 9 sensorielles
• 7 affectives
Pondérées par un score quantitatif (de 0 à 4)
Il apprécie à la fois l’intensité douloureuse et le vécu de
cette douleur+++

1 : score sensoriel (A-I)
2 : score affectif (J-P )
TOTAL : 1 + 2
Variable quantitative

QDSA (Questionnaire douleur de Saint Antoine)
Avantages : multidimensionnel
• Coefficient de corrélation de 0.34 entre score global et
EVA
• Coefficient de corrélation de 0.52 entre score affectif
et échelle de dépression (Beck)
• Coefficient de corrélation de 0.48 entre score affectif
et échelle d’anxiété
Limites : repose sur le langage
• Dépend du degré d’aptitude verbale des sujets
• Niveau socioculturel bas : difficultés +++

Autres échelles multidimensionnelles
• Brief pain Inventory (BPI), questionnaire concis de la douleur
• Multidimensional Pain Inventory (MPI)
• Dallas Pain Questionnaire (DPQ)
BPI explore les principales dimensions de la douleur :
Intensité, soulagement, incapacité fonctionnelle,
retentissement social, vie de relation, détresse
psychologique

Autres échelles multidimensionnelles
• Brief pain Inventory (BPI), questionnaire concis de la douleur
• Multidimensional Pain Inventory (MPI)
• Dallas Pain Questionnaire (DPQ)
Valeurs exploratoires et descriptives+++
Utilisées dans le suivi
Peu utilisées dans les essais cliniques

Evaluer le retentissement de la
douleur sur la vie quotidienne
Les échelles de qualité de vie
Echelles génériques de qualité de vie
• Sickness Impact Profile (SIP) : 136 items,
travail, loisirs, emotion, affect, vie maison, sommeil, repos, alimentation,
déambulation, mobilité, communication, interaction sociale, énergie
• Nottingham Health Profile ( NHP) : 38 items,
Douleur, emotion, sommeil, mobilité physique, isolement social, énergie
• SF-36, 36 items
Douleur, émotion, santé mentale, problèmes physiques, fonctionnement
physique, fonctionnement social, santé générale, vitalité
Echelles spécifiques de qualité de vie
Variable quantitative (score global et sous scores/dimensions)

SF- Echelle SF-36

NHP
Score pour
chaque
dimension
compris entre 0
et 100

Hétéroévaluation de la douleur
Un observateur évalue le retentissement de la
douleur sur le comportement
Quand le rapport verbal est difficile (réveil post op, déficience
intellectuelle…)
Corrélation avec EVA chez douloureux : 0.68

Hétéroévaluation de la douleur
Bonnel et Bourreau, 1983

Hétéroévaluation de la douleur
Chez des patients cancéreux et hospitalisés
Bourrhis et al, 1970

Consommation d’antalgiques : reflet
de la douleur ?
Mesure indirecte de
l’importance d’une douleur
Intègre à la fois intensité et perception émotionnelle
Mais ???
Dose d’antalgiques /jour ou /semaine
Fréquence de prise /jour ou /semaine

Conclusion
Quantifier la douleur : expérience subjective
Autoévaluation
• Echelles unidimensionnelles (intensité)
EVS, EN, EVA
Modèles de Rash?
• Echelles multidimensionnelles
(Qualitative et quantitative)
QSDA, BPI, MPI, DPQ
• Echelles de qualité de vie
NHP, SF36
Hétéroévaluation
• Echelles comportementales
• Consommation d’antalgiques
Quel est le meilleur
choix ???