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El Watan Week-end<br />

Vendredi 24 mai 2013<br />

L’euphorie passée, les nouvelles<br />

chaînes de télévision se trouvent<br />

confrontées à la dure réalité<br />

économique. Certains professionnels<br />

prédisent l’extinction de certaines<br />

d’entre elles.<br />

sur le net<br />

www.facebook.com/ALATLASTV<br />

médias 17<br />

TÉLÉS Pas assez<br />

de pub pour faire vivre<br />

tout le monde<br />

Salim Mesbah<br />

salimesbah@elwatan.com<br />

Après une année d’existence, les trois<br />

chaînes de télévision, Echourrouk TV, El<br />

Djazaïria TV, Ennahar TV, sont<br />

confrontées à des difficultés de trésorerie.<br />

Si Echourrouk TV et Ennahar TV peuvent<br />

pour le moment continuer à fonctionner en<br />

s’appuyant essentiellement sur la manne<br />

publicitaire de leur quotidien, El Djazaïria<br />

TV connaît depuis quelque temps de<br />

sérieux problèmes financiers. Avec un<br />

budget de départ de 700 millions de dinars,<br />

la chaîne a été contrainte de faire des<br />

économies et de ne pas renouveler les<br />

contrats de certaines émissions, comme le<br />

programme «Maa Zahra». «C’est vrai que<br />

nous avons des problèmes, reconnaît Riad<br />

Redjdal, l’un des copropriétaires de la<br />

chaîne. Car les programmes de qualité<br />

coûtent cher. A la différence des autres<br />

chaînes qui abusent de programmes sans<br />

décor, El Djazaïra investit dans ses<br />

émissions et offre cinq heures de<br />

programmes frais à ses téléspectateurs.<br />

De plus, on savait depuis le début que<br />

nous ne pourrions<br />

équilibrer notre budget<br />

qu’à partir de 2016.»<br />

Cette situation pose le<br />

problème de la viabilité<br />

économique des<br />

nouvelles chaînes.<br />

Estimé à plus de 150<br />

millions d’euros, dont<br />

40% sont captés par la<br />

télévision, le marché<br />

publicitaire algérien est<br />

beaucoup moins<br />

important que celui du<br />

galou<br />

TAREK YAHIAOUI. Président de Atlas TV<br />

Atlas TV ne sera pas la chaîne<br />

de Ali Benflis<br />

Atlas TV, dont vous êtes le fondateur, sera-t-elle la<br />

chaîne du Parti patriotique libre (PPL) que vous présidez ?<br />

Absolument pas. Il s’agit d’une chaîne généraliste, basée à<br />

Londres, qui diffusera des programmes 24h/24, essentiellement<br />

en langue arabe dans un premier temps, puis en français, car<br />

nous projetons de nous installer sur Hotbird pour toucher les<br />

Algériens de l'étranger.<br />

Difficile de croire que Atlas TV ne sera pas utilisée à des<br />

fins partisanes…<br />

Les téléspectateurs jugeront de notre sincérité à ne pas faire<br />

de cette nouvelle chaîne le porte-voix de notre parti. Nous<br />

voulons au contraire permettre au plus grand nombre de pouvoir<br />

exposer ses idées politiques. En tant que patron de parti, j’ai été<br />

confronté à l’ostracisme qui règne dans les médias algériens pour<br />

ne pas à mon tour le faire subir aux autres formations politiques.<br />

Prenez l’exemple de la chaîne tunisienne Nessma TV, dont le<br />

principal bailleur de fonds est Tarek Ben Amar. Une personnalité<br />

active sur la scène politique dont l'activisme n’a en rien modifié<br />

l’image de Nessma, ni eu d'incidence sur son contenu éditorial.<br />

Quel sera votre rôle au sein de Atlas TV ?<br />

Je n’en serai pas le gestionnaire. Disons que j’en suis le<br />

parrain. Mon rôle : établir la ligne éditoriale.<br />

L’homme d’affaires Hichem Bouallouche est-il le<br />

principal bailleur de fonds de la chaîne ?<br />

Hichem Bouallouche est un ami et un militant du parti qui<br />

adhère aux idées que nous défendons. Il a accepté de financer le<br />

projet.<br />

Quand est prévu le lancement de Atlas TV ?<br />

Le lancement est prévu début juin.<br />

Comment Atlas TV va-t-elle se différencier des<br />

autres chaînes ?<br />

Il n'existe à mon avis qu’une seule chaîne généraliste,<br />

Echourrouk TV. Les autres sont des chaînes thématiques. Nous<br />

Maroc qui dépasse les 400 millions<br />

d’euros. Par ailleurs, ce marché<br />

publicitaire reste entièrement dépendant<br />

de deux gros annonceurs : la téléphonie et<br />

l’automobile qui n’investissent pas en<br />

masse, sauf pendant le mois de Ramadhan.<br />

«Il est clair que le marché actuel ne peut<br />

pas faire vivre trois chaînes de télévision,<br />

estime Karim Yamech, directeur général<br />

de l’agence Lotus Conseil. Le gâteau n’est<br />

pas assez grand pour supporter tout le<br />

monde. Une chaîne devra disparaître.»<br />

«On est dans une période d’attentisme où<br />

les annonceurs se surveillent et attendent<br />

de voir, analyse Karim Belazzoug,<br />

directeur général de l’agence Havas. Les<br />

annonceurs sont par nature prudents.»<br />

Par ailleurs, ces nouvelles chaînes sont<br />

pénalisées au départ, faute d’avoir obtenu<br />

un statut légal qui leur permette de<br />

démarcher la publicité publique et de<br />

traiter avec les banques algériennes. Cette<br />

situation pousse les annonceurs à préférer<br />

confier leurs publicités à la télévision<br />

publique, l’ENTV, qui apparaît comme un<br />

refuge en cette période de doute où l’Etat<br />

peut à tout moment siffler la fin de<br />

l’aventure. «De nombreux annonceurs du<br />

Pendant ce temps à l’ENTV…<br />

La direction de l’ENTV avait décidé de mettre en place une<br />

nouvelle grille de programmes avec trois nouvelles<br />

émissions de l’information : «Forum» de Soraya Bouamama,<br />

«El Hadeth», et des capsules d’une quinzaine de minutes qui<br />

devaient apporter un éclairage sur la Constitution et faire<br />

œuvre pédagogique auprès des téléspectateurs. Mais à la<br />

dernière minute, il fut décidé de tout annuler. Sans que les<br />

journalistes ne connaissent la raison de cette décision.<br />

secteur public ne peuvent pas aller sur les<br />

nouvelles chaînes, explique l’un des<br />

fondateurs de l’agence Lotus Conseil. Car<br />

celles-ci n’ont pas encore de statut légal.<br />

Cette situation est d’autant plus<br />

pénalisante, que parmi les gros<br />

annonceurs du marché de la téléphonie, il<br />

y a l’opérateur public de téléphonie<br />

Mobilis.» Mais pour les professionnels, le<br />

marché publicitaire n’explique pas à lui<br />

seul les difficultés rencontrées par ces<br />

chaînes. Certains pointent du doigt leur<br />

manque de professionnalisme. Lancées<br />

dans la précipitation pour être les<br />

premières à l’antenne, les chaînes ont dû<br />

faire face à la dure réalité du<br />

fonctionnement d’une télévision, à<br />

l’élaboration d’une grille de programmes<br />

et au manque de personnel qualifié. «La<br />

télévision est un métier, explique Karim<br />

Yamech. Malheureusement, les<br />

programmes qui sont mis à l’antenne sont<br />

souvent de piètre qualité. Les chaînes ont,<br />

enfin, un positionnement qui n’est pas<br />

clair. Cette situation pousse certains<br />

annonceurs à préférer acheter de l’espace<br />

publicitaire auprès des chaînes du Moyen<br />

-Orient, comme MBC qui bénéficie de<br />

l’attractivité des séries turques très<br />

regardées par les Algériennes.» La bonne<br />

nouvelle, c'est que les chaînes pourront<br />

compter sur l'ouverture du capital qui sera<br />

rendue obligatoire avec la nouvelle loi sur<br />

l'audiovisuel. Cette dernière prévoit de<br />

limiter à 30% les parts de chaque<br />

actionnaire. El Djazaïria a déjà entamé ses<br />

négociations. La mauvaise ? Bientôt deux<br />

nouvelles chaînes, celle de Haddad et<br />

Atlas TV (voir ci-dessous), s'inviteront à la<br />

table pour avoir aussi une part du gâteau<br />

publicitaire... déjà trop petit pour trois. ■<br />

proposerons une grille cohérente, avec des productions<br />

nationales axées essentiellement autour de débats politiques et<br />

d'émissions spécialisées. Il y aura aussi des talk-shows et des<br />

divertissements. Par ailleurs, nous avons acquis des séries sur le<br />

marché international.<br />

Avec un marché publicitaire que certains évaluent à<br />

150 millions d'euros, ne craignez-vous pas que certaines<br />

chaînes de télé soient condamnées à disparaître ?<br />

Je pense surtout que les chaînes n’ont pas pu, pour le moment,<br />

capter cette manne financière. En raison du statut des télés et du<br />

vide juridique qui entoure leur existence légale en Algérie, les<br />

chaînes de télévision doivent affronter la frilosité des annonceurs<br />

qui préfèrent attendre. Je reste convaincu que le marché<br />

publicitaire va se développer et s’accroître en Algérie dès que<br />

l’incertitude qui règne actuellement autour de ces chaînes sera<br />

levée par l’Etat. Par ailleurs, il est essentiel de régler l’épineux<br />

problème de la publicité publique, entre les mains de l’ANEP. Il<br />

faut que ce monopole soit revu, car il pénalise certaines chaînes<br />

et en favorise d’autres. Nous voulons faire entendre un autre son<br />

de cloche sur Atlas TV. Ouvrir l’antenne à des débatteurs qu’on<br />

n'a pas l’habitude d’inviter sur les plateaux de télé ni de lire dans<br />

les journaux. En Algérie, d’autres hommes politiques ont des<br />

idées, il n’y a pas que Louisa Hanoune qui a des choses à dire.<br />

Votre proximité avec l’ancien candidat à la<br />

présidentielle, Ali Benflis, fait dire à certains que Atlas TV<br />

soutiendra sa candidature en 2014…<br />

Ce rapprochement entre l’ancien Premier ministre et candidat<br />

à la présidentielle de 2004 et la chaîne Atlas TV est dénué de tout<br />

fondement. Les gens font l’amalgame entre mes relations<br />

personnelles et ma position au sein de la chaîne de télévision. J’ai<br />

soutenu sa candidature et je n’hésiterai jamais à être à ses côtés, à<br />

tout moment. Mais pour autant, Atlas TV ne sera pas la chaîne de<br />

Ali Benflis ni d’aucune autre personnalité politique. Car nous<br />

voulons bâtir une chaîne de télévision sur des valeurs de<br />

professionnalisme et de respectabilité.

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