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1 - Notes du mont Royal

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CHANT VI. 83<br />

pas d'affronter ma redoutable javeline. Malheur à ceux dont les<br />

fils osent me tenir tête ; mais si, l'un des immortels, tu descends<br />

<strong>du</strong> ciel, je ne veux point combattre les divinités célestes. Je le<br />

sais, il n'a pas vécu longtemps le fils de Dryas, le vaillant Lycurgue,<br />

après avoir fait la guerre aux dieux. Ce héros, jadis,<br />

poursuivit les nourrices <strong>du</strong> délirant Bacchus, sur le <strong>mont</strong> sacré<br />

de Nysa ; frappées par l'homicide Lycurgue, les Bacchantes laissent<br />

tomber leurs thyrses, le dieu effrayé se plonge dans les flots<br />

de la mer, et Thétis le reçoit tout tremblant dans son sein, tant<br />

la fureur d'un homme l'avait saisi d'épouvante. Mais les dieux<br />

s'indignèrent; le fils de Saturne priva Lycurgue de la vue, et sa<br />

vie ensuite fut de courte <strong>du</strong>rée, car il était haï de tous les immortels.<br />

Je ne veux donc point lutter contre les divinités bienheureuses.<br />

Mais si tu es l'un des humains qui se nourrissent des<br />

fruits de la terre, approche encore, et tu ne tarderas pas à franchir<br />

les limites <strong>du</strong> trépas. »<br />

L'illustre fils d'Hippoloque répond en ces termes : « Magnanime<br />

fils de Tydée, pourquoi me demander mon origine? Les<br />

générations des hommes sont comme celles des feuilles. Les vents<br />

jeïïênra*tërre les dépouilles de la forêt, mais elle germe toujours,<br />

erpfootnï'ïïhe ver<strong>du</strong>re nouvelle qui se développe au retour <strong>du</strong><br />

printemps: ainsi passent les races des hommes; l'une grandit<br />

lorsque l'autre s'efface. Cependant, s'il l'est agréable de connaître<br />

une famille illustre parmi les humains, écoute : Au fond de l'Argolide,<br />

fertile en coursiers, s'élève la ville d'Éphyre, où régna le<br />

fils d'Éole, Sisyphe, le plus rusé des mortels. Ce héros donna le<br />

jour à Glaucos, et Glaucos engendra l'irréprochable Bellerophon,<br />

que les dieux dotèrent de la beauté et <strong>du</strong> plus noble courage.<br />

Cependant Prœtos, en son âme, conçut contre lui de funestes<br />

desseins ; d'abord il l'exila de la ville où il exerçait la suprême<br />

puissance, car Jupiter avait soumis les Argiens à son sceptre.<br />

L'épouse de Prœtos, la divine Antée, éprise d'un amour insensé,<br />

désira de s'unir furtivement au héros Bellerophon. Mais, désespérée<br />

de ne pouvoir sé<strong>du</strong>ire son âme prudente, elle courut auprès<br />

<strong>du</strong> roi Prœtos, et l'irrita par ses affreux mensonges :<br />

« Prépare-toi à mourir, ô Prœtos, si tu ne veux faire périr<br />

Bellerophon, qui, malgré ma résistance, a voulu s'unir avec moi<br />

d'amour. »<br />

a A ces mots la colère s'empare <strong>du</strong> roi. Toutefois, une crainte<br />

religieuse lui défend d'immoler le héros ; mais il trace, dans une<br />

tablette pliée, des caractères de mort, lui remet ce signe funeste,<br />

l'envoie eu Lycie, et lui ordonne, afin qu'il périsse, de le <strong>mont</strong>rer<br />

au roi son beau-père. Le héros part, mais les. dieux veillent

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