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1 - Notes du mont Royal

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CHANT XXIV. 617<br />

son cœur s'il couvrira de baisers Laërte, et lui dévoilera sa présence<br />

au sein de leur vaste patrie, ou si d'abord il le questionnera<br />

Pour l'éprouver encore. Ce dernier parti lui semble préférable. Il<br />

se dirige vers lui au moment où, la tête baissée, il creuse une fosse<br />

au pied d'un arbre, et il lui adresse ces paroles irritantes :<br />

« 0 vieillard, tu n'es point inhabile à cultiver un enclos. Quels<br />

soins attentifs ! comme ces oliviers, ces figuiers, ces poiriers, ces<br />

v *6nes sont merveilleusement entretenus! le moindre carréde terre<br />

témoigne cle ta vigilance. Mais il faut te l'avouer, ma remarque<br />

va.-t-elle exciter ton courroux ? tu ne prends pas autant de souci de<br />

toi-même ; tu te laisses accabler à la fois par la triste vieillesse<br />

et par la misère, d'indignes vêtements te couvrent. Ce n'est point<br />

a cause «le ta paresse que ton maître t'a si fort négligé ; à te voir,<br />

tu n'as rien dans tes beaux traits, dans ta taille majestueuse, qui<br />

annonce la servitude, tu as plutôt l'apparence d'un roi. Oui, tu<br />

ressembles à ceux qui, au sortir <strong>du</strong> bain et d'un abondant repas,<br />

s étendent sur une couche moelleuse : car tel est le droit des vieillards.<br />

Dis—moi donc à qui tu appartiens, quel est le maître <strong>du</strong> verger<br />

que txi cultives? Réponds-moi sincèrement. Suis-je réellement<br />

en ^Ithacrue^ ainsi que me l'a dit, sur ma route, un passant insensé<br />

qui n a pas eu la patience de m'apprendre si mon hôte respire encore,<br />

ou s'ïla cessé de vivre. Jeté le déclare, sois attentif àcediscours<br />

: Je fêtai jadis en ma demeure, au sein de ma patrie, un<br />

tieros, le premier de ceux qui se sont assis à mon foyer; il se glorifiait<br />

d'être né en Ithaque, et de tenir le jour de Laërte, fils d'Aresios.<br />

Je le con<strong>du</strong>isis en ma demeure, où régnait l'abondance;<br />

t T" « ter *dresse pour lui, je lui offris une généreuse hospitalité,<br />

et lui fis de riches et dignes présents. 11 reçut sept talents d'or artistement<br />

travaillé, une grande urne ornée de fleure, douze manteaux<br />

s>ntij>ieSj autant de tapis, autant de vastes manteaux, autant<br />

de tuniqUes assorties- Enfin, don inouï, je lui permis de choisir<br />

parmi mes femmes, au gré de ses désirs, les quatre plus belles,<br />

les plus habiles aux travaux de leur sexe. »<br />

« Wrangerj répond Laërte en versant des pleurs, oui, tu es au<br />

sein de la. contrée sur laquelle tu m'interroges; mais des hommes<br />

JX* • S *'oppriment, et les dons nombreux que tu viens de me<br />

décrire ont. été per<strong>du</strong>s. Si tu trouvais en Ithaque ton hôte chéri,<br />

il ne te coxigédierait pas sans t'avoir noblement fêté, sans l'avoir<br />

ren<strong>du</strong> «le riches présents, dignes de ceux qu'il a reçus. Mais ap-<br />

Py CIM ^r*ïioi combien il y a d'années que tu accueillis cet hôte déplorable.<br />

Hélas! c'était mon fils, si le passé n'est un songe. L'infortuné<br />

! ^oin jg ses amis et de sa terre paternelle, les poissons<br />

Vont dévoré, ou il a été sur la terre la proie des oiseaux et de»<br />

52.

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