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1 - Notes du mont Royal

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CHANT XIX. S63<br />

« 0 mon hôte! répond la prudente Pénélope, les dieux m'ont<br />

ravi mes attraits, ma beauté, mes grâces, <strong>du</strong> jour que les Grecs<br />

se sont embarqués pour Ilion et avec eux mon époux. Si ce héros<br />

revenait, si lui-même gouvernait nos biens, ma renommée en<br />

serait meilleure et plus éclatante. Maintenant je suis pénétrée de<br />

douleur, tant une divinité funeste a répan<strong>du</strong> sur moi d'infortunes.<br />

Les premiers des îles de Dulichios, de Samos et de Zacynthe,<br />

ombragée de forêts, ceux de la riante Ithaque même<br />

prétendent, malgré mes désirs, à mon hymen et détruisent ma<br />

maison. Aussi je ne prends plus soin des hôtes, des suppliants,<br />

ni des utiles hérauts ; mais, accablée <strong>du</strong> regret d'Ulysse, mon<br />

cœur fond en larmes. Les prétendants pressent le jour de l'hyménée,<br />

je le retarde par mes artifices. Un dieu d'abord m'inspira<br />

la. pensée de tisser dans mon palais une toile immense et délicate<br />

en leur disant : « 0 mes jeunes prétendants ! puisque le divin •<br />

Ulysse a cessé de vivre, attendez, pour presser mon nouvel hyménée,<br />

que ce voile soit achevé ; permettez que mon labeur ne<br />

soit pas per<strong>du</strong>. C'est le linceul <strong>du</strong> héros Laërte, quand enfin la<br />

Parque inexorable le plongera dans le long sommeil de la mort.<br />

"Vous ne voudriez pas que parmi le peuple l'une des Argiennes<br />

me reprochât de ne point ensevelir richement un roi qui a possédé<br />

tant de domaines. » Telles sont mes paroles, et leurs cœurs<br />

généreux se laissent persuader. Dès lors chaque jour je tisse l'immense<br />

toile, et la nuit, à la lueur des flambeaux, je défais mon<br />

ouvrage. Durant trois ans je sus cacher ma ruse et tromper les<br />

prétendants. Mais vint la quatrième année, les saisons recommencèrent<br />

leur cours ; les lunes furent consumées et les jours<br />

accomplis ; alors, au milieu de mes femmes, impudentes dont je<br />

ne m'étais pas méfiée, ils arrivent, me surprennent, m'accablent<br />

de reproches et, malgré mes désirs, me contraignent de terminer<br />

ce Umg travail. Maintenant je ne puis plus longtemps éviter cet<br />

hymen : je ne trouve plus de ruse qui le retarde, et mes parents<br />

m'exhortent à m'y déterminer. D'ailleurs mon fils supporte impatiemment<br />

la perte de ses biens qu'il apprécie ; car il est déjà un<br />

homme, tel que ceux qui prennent soin de leur maison et que<br />

Jupiter comble de gloire. O mon hôte ! fais-moi aussi connaître ta<br />

famille et ta patrie, car tu ne sors point <strong>du</strong> chêne ni <strong>du</strong> rocher<br />

dont parlent les anciens contes. »<br />

Le héros répond en ces termes : « O femme vénérable d'Ulysse,<br />

tu ne renonces point à me questionner sur mon origine,<br />

je dois te satisfaire : sans doute tu auras accru les douleurs qui<br />

m accablent, mais tel est le sort d'un infortuné qui, comme moi,<br />

longtemps éloigné de sa patrie, a erré dans les nombreuses cités

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