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1 - Notes du mont Royal

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CHANT III. 45<br />

ce qu'il te prenne pour épouse ou pour esclave; pour moi, je refuse<br />

de te suivre, ce serait une faiblesse indigne ; non, je ne veux<br />

plus honorer sa couche ; toutes les Troyennes à l'avenir me couvriraient<br />

de honte, et mon âme en<strong>du</strong>rerait d'intolérables douleurs.<br />

»<br />

i Ces refus courroucent Vénus, qui s'écrie : « Crains de m'irriter,<br />

malheureuse ! crains que je ne t'abandonne ; que je ne te poursuive<br />

de ma haine autant que je t'ai aimée. Je saurai bien exciter<br />

la discorde entre les Grecs et les Troyens, et tu périras victime<br />

d'une destinée terrible. »<br />

Elle dit : la petite-fille de Jupiter tremble ; et, s'enveloppant<br />

de son voile éclatant de blancheur, elle suit la déesse en silence.<br />

Vénus la con<strong>du</strong>it et la rend invisible aux Troyennes.<br />

Elles arrivent au palais magnifique d'Alexandre. Les suivantes<br />

se hâtent de retourner à leurs travaux, et la plus belle des femmes<br />

<strong>mont</strong>e à sa chambre nuptiale. Là, Vénus, mère des sourires, lui<br />

présente un siège en face de son époux. Hélène, rejeton <strong>du</strong> dieu<br />

qui porte l'égide, s'assied ; et, détournant les yeux, elle adresse<br />

ces paroles à Paris :<br />

«Tu reviens <strong>du</strong> combat, hélas ! que n'as-tu succombé sous les<br />

coups d'un héros vaillant qui fut mon premier époux ! tu te glorifiais<br />

de surpasser le belliqueux fils d'Atrée par la force de ton<br />

bras, par ton adresse à lancer le javelot; eh bien, que ne retournes-tu<br />

le provoquer encore ? mais crois-moi, ne te hasarde plus<br />

à lutter contre le blond Ménélas, à le combattre follement, de<br />

peur que bientôt sa javeline ne t'ait dompté.<br />

« Chère épouse, répond Paris, ne toiture point mon âme par<br />

des paroles amères. Ménélas maintenant vient de me vaincre par<br />

le secours de Minerve. A mon tour, je le vaincrai; car des divinités<br />

aussi me protègent. Mais viens, unissons-nous d'amour. Jamais<br />

de tels transports n'ont troublé mes sens, lors même que,<br />

pour la première fois, au sortir de la riante Lacédémone, après<br />

avoir sillonné les flots, je te possédais dans l'île de Cranaé. Aujourd'hui<br />

je me suis onivré de désirs plus vifs encore.<br />

Il dit, et prend place sur sa couche ; son épouse le suit, et<br />

bientôt tous les deux s'abandonnent au sommeil.<br />

Atride cependant court de tous côtés, comme une bête fauve,<br />

cherchant Paris dans la foule ; mais ni Troyens ni auxiliaires ne<br />

peuvent lui indiquer ses traces ; personne ne l'a vu, et personne<br />

n'est disposé à le cacher par amitié pour lui; car tous le haïssent<br />

à l'égal de la mort. Alors le roi des guerriers, Agamemnon, leur<br />

adresse ce discours :<br />

o Écoutez-moi, Troyens, Dardaniens et auxiliaires, la victoire

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