1 - Notes du mont Royal

CHANT XVII. S4S
fol la nécessité qui les conduisit'; je possédais de nombreuj
[la,eSï et tous ces biens qui rendent Ja vie heureuse, qu i font
user ç»our opulent. Mais le fils de Saturne a tout détruit ; telle
été sa -volonté. 11 m'excita à me rendre en Egypte avec dos piîles
errants, et ce long voyage causa ma ruine. J'arrête mes na- •
ires dans le fleuve Égyptos; j'ordonne à mes compagnons de ne
oint s"*éloigner, de garder la flotte; j'envoie seulement à Ja de'ouverte;
de diligents éclaireurs que j'exhorte à revenir prompteuent.
Hélas! les téméraires, emportés par leur audace, confiants
lans.levir"s forces, ravagent les champs magnifiques des hommes
!'Égyp>t.e, entraînent les femmes, les tendres enfants, massacrent
es guerriers. Le tumulte parvient soudain jusqu'à la ville. Les
litoyens attirés par les cris accourent aux premières lueurs de
'aurore ; la plaine couverte de piétons, de chars, resplendit d'airain.
Jupiter, arbitre delà foudre, jette mes compagnons dans un
iésordi-e funeste. Ils n'osent affronter les assaillants; le trépas de
toutes parts les environne; le plus grand nombre tombe perce
par l'airain aigu ; le reste, pris vivant, est condamné à de durs
travaux. Les vainqueurs me donnent à un étranger que Je sort
amène sur le lieu du combat, à Dmêtor, fils d'Iasis, roi puissant
de Chypre. C'est de là que je viens dans votre île, après avoir
souffert des maux infinis. »
« Quelle divinité, répond Antinoos, a conduit ici cette peste, ce
fléau des festins? Reste debout au milieu de la salle, et éloignetoi
de ma table, si tu ne veux bientôt voir une Egypte, une Chypre
bien amères, aussi sûrement que tu es un mendiant effronté et
importun. Eh quoi ! lu oses traverser toute la salle, t'arrêter devant
chaque convive, et ils te donnent étou'rdiment sans songer
qu'ils disposent du bien d'autrui, car l'abondance règne autour
d'eux. »-
«Grands dieux! s'écrie Ulvsse en s'éloignant, il est donc vrai
que ton esprit ne se rapporte pas à ta beauté ; tu refuserais même
du sel à celui qui mendierait sur le seuil.de ta maison, toi qui,
maintenant à la table d'autrui, crains dé te séparer d'un débris
de pain pour me le donner quand l'abondance règne autour de
toi. »
A ces mots, Antinoos, le cœur gonflé de colère, lui jette un regard
indigné, et lui adresse ces paroles rapides :
« Quoi, tu oses nous outrager ! Non, certes,- tu ne t'éloigneras
pas de ce palais sans affront. »
^ A ces mots, il lance son escabelle, qui vule et atteint Ulysse à
l'extrémité de' l'épaule droite. Le héros, ferme comme un roc,
reste immobile ; le trait d'Anlinoos ne l'a point troublé. Mais, sans
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